Retour vers le classique: “The Real Slim Shady” de Eminem

CLASSIQUE RAP US

Mine de rien, on commence à visualiser pas mal d’artisans dans le rap, qui nous ont livré plus d’un morceau (voir album) d’une qualité incomparable. Mais rassurez-vous, on est bien loin d’avoir encore tout fait ! Et pour commencer cette nouvelle semaine, il nous fallait vous apporter du lourd, du très très lourd ! On l’avait tout juste évoqué dans le Retour vers le classique consacré à “What’s The Différence”, il est temps de vous présenter Eminem en solo avec le cultissime “The Real Slim Shady” !

Il ets difficile, voir impossible, de parler d’Eminem sans évoquer son alter ego maléfique Slim Shady. L’un ne va pas sans l’autre et l’artiste a su nous le présenter immédiatement dès ses premières lignes dans le morceau qui l’aura fait percer aux yeux du monde: “My Name Is”. On rempile donc avec “The Real Slim Shady” qui, plus qu’un concept, définit à lui seul tout un pan de la musique de Marshall Mathers.

Le son sort en l’an 2000, se positionnant comme le tout premier single d’un album qui deviendra culte par la suite: “The Marshall Mathers LP”. Le son est un tel classique qu’on pourra le retrouver 5 ans plus tard sur la compilation “Curtain Call: The Hits”. Tout premier single d’Eminem à se classer premier dans les charts, 11ème le plus vendu aux Etats-Unis sur l’année (et 4ème au Billboard Hot 100), c’est une entrée fracassante pour le blondinet. C’est également le début des récompenses pour le rappeur, avec le MTV Video Music Awards du meilleur clip ainsi que le Grammy Awards de la meilleure performance solo de rap. Et pourtant, on est ici en présence de l’une des chansons les plus polémiques du MC.

A l’origine, “The Real Slim Shady” ne devait même pas figurer sur l’album (et “Who Knew” aurait dû être le single de promotion. Cependant, Interscope Records (le label californien) souhaitait rebondir sur le succès précédent de “My Name Is”. Aussi Marshall n’écrit le son que quelques heures avant que la dernière copie de l’album ne soit terminée. Et on peut dire qu’il n’a pas eu la langue dans sa poche ! L’entame du premier couplet est direct (“Y’all act like you never seen a white person before”) enchaînant immédiatement sur les problèmes conjugaux rencontrés par Pamela Anderson et Tommy Lee (“Jaws all on the floor like Pam/Like Tommy just burts in the door”). Revenant également sur les problèmes qu’il a pu rencontrer de par sa célébrité, il en profite pour faire écho aux associations féministes s’étant acharnées sur lui (“Feminist women love Eminem”) et grossir le délire ambiant du son pour partir dans toutes les directions tout en conservant cette arrogance qui le caractérise (“My bum is on your lips, my bum is on your lips/And if I’m lucky, you might just give it a little kiss). Tout en n’oubliant pas de laisser ça et là quelques phases qui justifieront à elles seules d’énièmes polémiques… (“But if we can hump dead animals and antelopes/Then there’s no reason that a man and another man can’t elope”).

Pour autant, comme souvent avec Eminem, impossible de le prendre au sérieux tant il manie le second degré, allant jusqu’à affirmé avoir tué Dr.Dre himself ! (“And Dr. Dre said… nothing you idiots !/Dr. Dre’s dead, he’s locked in my basement !”). C’est également le début d’un name dropping dénonciateur, car au lieu de se comparer à d’autres, Slim Shady va aligner ses cibles pour mieux les descendre une à une: Will Smith (“Will Smith don’t gotta cuss in his raps to sell his records/Well I do, so fuck him, and fuck you too !”), Christina Aguilera (“And hear ’em argue over who she gave head to first”) et d’autres… Cependant, il ne se laisse pas seul dans cette position et au contraire, prône le fait de ne pas être si différent puisque copié par tous (“And there’s a million of us just like me/Who cuss like me, who just don’t give a fuck like me/Who dress like me, walk, talk and act like me”).  Simplement, il ose dire et assumer ses paroles (“The only difference is I got the balls to say it/In front of y’all and I don’t gotta be false or sugarcoated at all”) tout en appuyant sur le fait que chacun à sa part d’ombre tout comme lui-même (“And every single person is a Slim Shady lurkin”) renvoyant à l’idée du titre et du refrain: qui est le vrai Slim Shady ?

Plus qu’un son qui aura marqué un album et la carrière de Eminem, c’est surtout la quintessence même de son style que l’on retrouvera tant par la suite. Adulé par les uns (preuve en est le succès incroyable du son), décrié par les autres, le positionnement du rappeur est égale aux propos du titre. Désordonné, impossible à classer d’un côté ou de l’autre, insaisissable. Grossier, vulgaire, mais à la fois diaboliquement drôle, les couplets de “The Real Slim Shady” sont à apprécier comme un court épisode de South Park. Mais après tout, n’avons-nous pas nous même un Slim Shady qui se cache en nous… ?

 

image album The Marshall Mathers LP de Eminem

Tracklist de l’album “The Marshall Mathers LP”:

01. Public Service Announcement 2000

02. Kill You

03. Stan (feat. Dido)

04. Paul (skit)

05. Who Knew

06. Steve Berman (skit)

07. The Way I Am

08. The Real Slim Shady

09. Remember Me ? (feat. RBX & Sticky Fingaz)

10. I’m Back

11. Marshall Mathers

12. Ken Kaniff (skit)

13. Drug Ballad (feat. Dina Rae)

14. Amityville (feat. Bizarre)

15. Bitch Please II (feat. Dr. Dre, Snoop Dogg, Xzibit & Nate Dogg)

16. Kim

17. Under The Influence (feat. D12)

18. Criminal

Rabeat
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