Hip-Hopers : La fracture générationnelle qui divise le hip-hop, illustrée en BD

Hip-Hop Corner vous propose un nouveau concept : Hip-Hopers. L’idée ? Illustrer en dessin, des scènes du quotidien des amoureux de hip-hop.

Grâce aux talents au crayon de Zed Swagg, Hip-Hop Corner lance aujourd’hui un nouveau format : Hip-Hopers. Dans la lignée de ce qu’à pu faire Ed Piskor et sa bande-dessinée sur l’Histoire du hip-hop, l’objectif ici est de vous présenter chaque semaine, une planche de BD, qui illustrera la vie quotidienne des fans de culture hip-hop.

Que vous soyez rappeur, danseur, graffeur, DJ, ou de simples kiffeurs passionnés, vous vous reconnaîtrez forcément dans les scènes d’aventures de ces personnages dessinés. Pour le premier volet de Hip-Hopers, il est question de mettre en scène le conflit générationnel qui gangrène le hip-hop depuis bien trop longtemps maintenant : l’incompréhension absurde qui règne entre les old-timers et les new-timers.

Hip-Hopers : le conflit old-school Vs. New School qui divise le hip-hop illustré en BD
Hip-Hopers : le conflit old-school Vs. New School qui divise le hip-hop illustré en BD

Old-School Vs. New-School, un dialogue de sourds

Entre ceux qui ne jurent que par “le rap, c’était mieux avant”, et les plus jeunes qui pour la plupart, se fichent éperdument de l’héritage des pionniers de cette culture, il est difficile pour la culture d’avancer.

Malgré tout, ce clivage a la vie dur et ne semble pas prêt de disparaître. On se souvient tous de Koba LaD qui affichait sa méconnaissance des classiques en lâchant le fameux “C’est qui IAM ?” Tout comme Lil Xan aux US. Il avait créé un scandale et avait carrément reçu des menaces de mort après avoir déclaré qu’il ne connaissait pas 2Pac.

https://www.youtube.com/watch?v=1G13bR0B0-8

De l’autre côté, nombreux sont les artistes vétérans à déplorer le mauvais état du rap actuel, et ce autant en France qu’au Etats-Unis. Chez nous, on peut citer par exemple Kery James, Joey Starr, IAM, Seth Gueko ou tout récemment, Médine.

Aux US, des légendes comme Eminem, DMC, Dr. Dre ou encore Bizzy Bone ont eux aussi déploré la médiocrité du genre musical pourtant devenu le plus écouté au monde. D’autres grands comme Kendrick Lamar se réjouissent au contraire, de l’évolution du rap contemporain.

Verdict ?

Mais alors lequel de ces deux camps a raison ? Les deux dans un sens et aucun dans l’autre. En effet, et n’en déplaise aux puristes : jouer les passéistes blasés n’aidera pas plus à faire avancer la culture hip-hop, que d’en ignorer les fondements. Tout comme il est normal de défendre le mouvement d’où l’on vient, contre des artiste incultes et une industrie musicale avide de fric qui la tire vers le bas.

Néanmoins, il faut aussi comprendre qu’il est normal que des jeunes qui ont découvert le hip-hop dans les années 2010 ne connaissent pas forcément les classiques des années 90. Dans le flot de sorties hebdomadaire qui nous est servi aujourd’hui, il peut être difficile pour certains de regarder en arrière. D’ailleurs, combien parmi les fervents défenseurs de la golden era connaissent sur le bout des doigts, les balbutiements de l’histoire du rap dans les années 70-80 ?

C’est pourquoi il serait peut-être temps de que tout les hip-hopers s’entendent, en admettant que le rap n’a jamais été aussi vivant et diversifié qu’aujourd’hui. Quand on cherche, on trouve, et il y en a pour tous les goûts. N’est-ce pas au final ce qui rend le rap et le hip-hop magnifiques ? Pour les convaincus, terminons à l’unisson par l’intro de ce morceau “Gosse Beau” du rappeur Kacem Wapalek qui en dit long :

Non mais, t’sais, j’ai essayé, moi, de… d’écouter un peu les retours des gens, leur avis, tout ça…
Non, mais parce qu’aujourd’hui le public, si tu l’écoutes, tu vas pas loin, hein
Tu ferais même plutôt marche arrière. Non c’est vrai, il est pas clair
Il veut une chose et son contraire, t’sais
Il veut un album qui déchire mais que personne connaît
Un album pas connu mais qui déchire
Un truc introuvable mais que lui il a trouvé
Ils font tout pour t’faire connaître et une fois qu’t’es connu, ils t’aiment plus
Bon en même temps les artistes c’est pas mieux hein
Tous là à courir après leurs petits albums, leurs promo’, leurs distrib’
À tous gratter tout c’qu’ils peuvent sur l’mouvement alors qu’ils le ralentissent lentement
Jusqu’au jour où y’aura plus rien, fini l’mouvement
Parce que eux, franchement, personnellement, qu’est-ce qu’ils apportent au mouvement ?
En disant que le rap c’était mieux avant. Avant quoi déjà ? Hein ?
Si tu dis pas ça c’est comme si t’avais rien dit, alors te fatigue pas, dis-le pas
C’est comme si j’disais : “Quelle est la différence entre un hamburger ?”
Tu vois bien qu’y’a un problème
En plus de dire, j’sais pas : “LE rap”, pourquoi pas, assume-toi, dis “MON rap”, “MA vision”, “MA définition”
Et le mec en face il pourrait te dire “Bah putain, moi c’est tout l’contraire”
Et y’aurait deux fois plus de rap de qualité sur Terre
Au lieu d’ça on fait tous notre petit chocolat
En oubliant qu’y’aura toujours un gars pour préférer
La vanille dégueulasse du mec d’en face, on en est là
Dans l’rap aujourd’hui, on est trop peu en amont, mais beaucoup en aval
Et j’tiens à dire que j’trouve pas ça normal, non, j’trouve pas ça normal
En espérant qu’ce morceau reste dans les annales

Jérémie Leger
Jérémie Leger

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