Il était grand et bourré de talent, il était génial, il était numéro 10, il était passionné, il était excessif, c’était Diego Armando Maradona. (1960 – 2020).
La nouvelle a eu l’effet d’un coup de massue dans le monde du football et au-delà. Ce mercredi 25 novembre, à 17h heure française les médias argentins annoncent la terrible vérité. L’icône mondiale, la légende Diego Armando Maradona s’est éteint à l’âge de 60 ans. Il est mort dans sa résidence du quartier privé de San Andrés, à Tigre, où il avait emménagé quelques jours après une opération à la tête pour enlever un œdème cérébral. Selon les membres de sa famille, il est parti paisiblement dans son sommeil, après une vie erratique et intense.
Tous bon passionné de football qui se respecte se doit de connaître Diego Armando Maradona et son héritage. Actif sur les terrains de 1976 à 1997, l’Argentin a laissé une trace indélébile et unique à son sport. « Diego, c’était plus qu’un footballeur, c’était un sentiment », comme l’expliquaient les Argentins. Par sa légende, il dépassait les cadres du ballon rond.
Et, chose rare pour un footballeur, il rassemblait et fédérait les supporters de toutes origines, toutes les nationalités. Diego était proche des gens, Diego était le peuple. Il était El Pibe de Oro, un gamin en or.
Un parcours vers la déification
Né à Lanus, province de Buenos Aires en 1960, Diego Maradona a grandi dans les bidonvilles de la capitale fédérale. Dans cet environnement précaire, il découvre le foot sur les potreros, ces terrains vagues très appréciés des gamins argentins où l’on apprend le dribble, la malice. Son talent précoce dépasse très vite les frontières de son bidonville. Le club Argentinos Juniors le recrute alors qu’il est à peine adolescent.
A 11 ans, il se fait connaître de tous les Argentins, grâce à une interview diffusée à la télévision. Durant cet entretien, il parle de ses deux rêves : « jouer la coupe du monde et la remporter ». Dix jours avant ses 16 ans, Maradona démarre avec l’équipe professionnelle. Trois mois après ses débuts, le 27 février 1977, il honore sa première sélection avec l’Argentine contre la Hongrie.
Avec Argentinos Juniors, il ne gagne aucun titre, mais grâce à lui, l’équipe devient une référence du championnat argentin. Fort de ses 115 buts en 166 matchs, il devient alors une star que tous les clubs du pays s’arrachent. Boca Junior remporte finalement la mise en 1981. Maradona a à peine 20 ans, qu’il est déjà l’idole de tout un peuple, celui de la Bombonera, le stade des Xeneize.
En 1982, il part pour le Vieux Continent à Barcelone. Mais c’est à Naples qu’il écrit sa légende. En 1984, Diego rejoint ce petit club, du sud de l’Italie, alors plus grand championnat d’Europe. En sept ans, il permet au Napoli d’exister face aux grands clubs du Nord (la Juventus, l’Inter, la Roma, le Milan AC). Il fait gagner son équipe avec des titres nationaux (2 Scudettis en 1987 et 90, une coupe d’Italie en 87) et européen (la coupe de l’UEFA en 89), il place le club sur la carte du foot mondial. Diego Maradona devient carrément un dieu de Naples.
Sacre mondial, amour du peuple et aura mythique
Son séjour napolitain résume sa vie tant il a tout connu là-bas : la passion, l’amour, le jeu ainsi que les excès, la trahison et la chute. Près de trente ans après son départ du club, dans l’anonymat, Diego Maradona demeure dans le cœur de tous les Napolitains, au travers des souvenirs et des fresques murales.
La ville avait connu son lot de malheur, mais Diego a su redonner de la dignité à ce peuple. A l’annonce de son décès, les Napolitains lui ont rendu un magnifique hommage. Le président actuel du club, Aurelio de Laurentiis a même annoncé qu’il rebaptiserait le stade San Paolo en son honneur. Un geste fort, à la hauteur de ce qu’il a apporté à Napoli.
De son parcours de joueur, on peut retenir son chef d’œuvre, la coupe du monde 1986. Au Mexique, Diego rayonne de par ses performances sportives (5 buts, 5 passes décisives) et par son aura qui guide l’Argentine sur le toit du monde.
Contre l’Angleterre, en quart de finale, il excelle et montre toute la complexité de l’homme. Son génie se résume parfaitement avec « le but du siècle », cette chevauchée incroyable connue de tous, et sa part d’ombre avec « la main de Dieu ». C’est à travers cette compétition, que l’homme dépasse le cadre du foot.
Quatre ans après la guerre des Malouines, Diego mêle la politique au football. Avec la victoire argentine contre l’Angleterre, Maradona a « vengé » son pays, au détriment même des règles du sport avec son but de la main. Par ce geste, il devient une figure héroïque pour les Argentins, mais aussi pour les peuples opprimés. Être la figure d’un homme en lutte contre l’oppresseur a permis à Diego d’atteindre un niveau de postérité inégalée à travers le monde. N’oublions pas non plus qu’il est aussi rempli de paradoxes et de contradictions.
Diego Maradona : une figure rebelle remplie de paradoxe
Capable aussi bien d’insulter les Etats-Unis, que de fréquenter le dictateur Fidel Castro qu’il désigne comme « un deuxième père » et tourner des publicités capitalistes, Maradona est rempli de paradoxes et reste un symbole d’excès. A travers son addiction à la cocaïne, ses problèmes avec la justice, ses nombreuses frasques, l’homme a souvent dépassé les bornes et plongé. Mais Diego est ce qu’il est : à chaque obstacle, il s’accroche et renaît.
Preuve de la fascination dont il fait l’objet, le footballeur a inspiré de nombreuses œuvres culturels : livres, films, chansons. En 2008, Emir Kusturica livre sa vision de Maradona et dernièrement, Netflix, lui a consacré une série documentaire sur son parcours d’entraîneur au Mexique.
A l’annonce de son décès, l’Argentine a décrété trois jours de deuil national. A titre de comparaison, la France avait célébré un jour de deuil après le décès de l’ancien président de la République, Jacques Chirac. L’émotion vive et retentissante de sa disparition montre que Diego Maradona incarnait le football mieux que personne.
Mais aujourd’hui, Diego Maradona est parti. A défaut d’être inconsolables, ses supporters du monde entier n’espèrent plus qu’une chose : retourner au stade pour lui rendre un dernier hommage, dans ce lieu où Diego se sentait vivant et immortel.