Staten Island : le berceau du Wu-Tang Clan merite-t-il son statut de “Forgotten Borough” ?

Alors que le Bronx avait fait naître la culture Hip Hop, et que le Queens avait su reprendre le flambeau avec des artistes comme Run-DM.C. ou le jeune Nas, il était difficile de croire que la petite île de Staten Island aurait pu donnée naissance au groupe de plus emblématique de New-York : Wu-Tang Clan. En tout point, rien ne laisse penser que cette partie de New-York avait quelconques place dans l’histoire du XXIe sièlce, ne rivalisant pas avec l’économie grandissante de Manhattan et n’ayant une population au minimum trois fois moins importante que n’importe lequel de ces borough. Si, dernièrement, le Wu-Tang aura réussit à détenir une rue portant leur nom, rien ne semble embellir le quartier, apparaissant comme « l’arrondissement inconnu » aux yeux du grand public.

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 Staten Island en ce siècle

Longeant la baie du New jersey et se situant au Sud de New-York, l’île apparait comme une erreur, si loin de toute l’agitation et la frénésie qu’incarne la ville. Pas de buildings à l’horizon et des rues où il y règne une certaine linéarité. Autour d’elle, on ne distingue que la banlieue pavillonnaire de Constable Hook et les côtes sauvages de la Bay Ridge. Pour être connecté au nouveau monde, quatre grands axes servent de passerelle : Bayonne Bridge, Goethals Bridge, Outer Bridge et Verrazzano-Narrows Bridge. Une solution indispensable pour traverser Athur Kill et Kill Van Kull, les marées que séparent l’île. Car ici, pas de métro, seulement un ferry venu faire la jonction entre les bords. Une situation qui éloigne inéluctablement le lieu de toutes activités professionnelles et culturelles, menant alors à une gentrification involontaire. Malgré cela, elle dispose d’un vaste terrain pour se développer avec une superficie de  152 Km², faisant d’elle le plus grand quartier de NY.

Il faut dire que l’urbanisation n’a opérée principalement qu’au Nord, dans North Shore brassant un multiculturalisme important. Avec des commerces s’implantant majoritairement entre ses murs et une activité tourisme bien plus présente que sur le reste de l’île dû à l’embarcadère du ferry , cela n’a rien d’étonnant. Pour autant, on trouve tout un environnement remplit de végétation au Sud, avec des parcs tels que Freshkills ou Latourette permettant de laisser place à des espaces plus sauvages munis d’un panel d’animaux détonant. La municipalité tient à conserver cet aspect avec la Greenbelt, cette ceinture verdâtre définissant un paysage propre à Staten. Concernant les voies maritimes, elles n’auront été actives que dans le quartier de Maritime Habor pour la pêche qui aura été interrompu dès le XXe siècle dû à une pollution bien trop étouffante.   

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Lorsque l’on prend un large angle de vue sur Staten Island, nous avons affaire à un coin paisible, reclus de toute nuisance sonore, permettant aux habitants de résider dans un apaisement général et avoir une routine digne d’un provincial. Mais des éléments manquent à l’intrigue, comme si toutes les pièces manquantes du puzzle étaient enfouies sous un tas d’informations dédiés aux touristes lambda venus profiter avec naïveté des bienfaits de l’île.

La face cachée

Fort de constater que Staten Island aura été d’un fort soutient envers l’armée Britannique lors des guerres civiles, lui octroyant un statut certain auprès de la couronne anglaise. En 1898, New-york chapeautera l’ile avec un conseil des maires à échelle locale, prenant les décisions en ce qui concerne la construction des établissements publiques comme les écoles et les bibliothèques, mais aussi la mise en place de la sécurité publique ou l’eau courante. Par la suite, la ville financera une majeure partie des coûts de construction pour les ponts et installera sa base navale et son fort militaire répondant au nom de Wadsworth. Une collaboration efficace qui saura redynamiser l’île en doublant la population passant de 221 000 habitants en 1960 à 443 000 à l’aube des années 2000.

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Ce nombre aurait pu nous illusionner, nous faire croire que Staten allait se porter à merveille et ainsi devenir un pôle économique digne de ce nom. Mais les années le prouvent, rien n’a réellement changé. A la fois, on y trouve cette vie paisible pour la classe moyenne résidant dans les rares maisons encadrées par un pâté d’herbe et d’un garage au portail électrique, construites dans les années 60, mais surtout de nombreux résidents étant victime de la propagation de l’héroïne. En effet, durant l’année 2016, 32 habitants sur 1000 en sont victimes. Pour utiliser un ordre de comparaison, les chiffres sont presque deux fois moins élevés dans le Queens. Un phénomène difficile à expliquer, qui résultera au programme Heroin overdose Prevention and  Education (HOPE). Les arrestations effectuées par le NYPD (au nombre restreint au sein de Staten) sur les personnes étant atteints par l’héroïne seront envoyées directement au centre. Là-bas, on y distribue des kits de Naloxone entrainant un processus de décroissance grâce à des injections contrôlées et encadrées par un coach.

A côté de cette problématique, le Citizen’s Committee for Children of New York (CCC), qui est un organisme indépendant, prend le relais pour réaliser des études et mettre en place des infrastructures afin d’améliorer la vie des enfants du quartier. Durant le dernier rapport, le groupe s’est penché sur les familles infortunées en proposant des graphiques venus apporter des preuves à leurs actions sociales. Entouré de la grande ville et ses prix élevés, les familles se voient être obligées de s’enterrer dans une périphérie restreinte. Aussi belle que dévastatrice, la partie obscure de New-York n’a pas eu l’attention qu’elle méritait. Ne se résumant pas qu’à des banlieues pavillonnaires et des réserves naturelles, une réalité bien moins reluisante se dissimile aux quatre côtes de Staten. Mais ceux pouvant raconter à la perfection l’histoire de Shaolin Island reste encore le Wu-Tang et tous leurs membres tels que RZA, Ghostface Killa et autre Method Man.

Axel
Axel
Adepte de métaphores farfelues, j’aime exposer les artistes tels des entités répondant à nos questions existentielles. Toujours à la recherche du bon et du mauvais goût, je suis ici pour vous fournir la deuxième lecture insoupçonnée du Hip-Hop.

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