Après avoir été Furieux il y a deux ans, Fadah est de retour avec un nouvel album intitulé CHAUDAR. Nouvelles mélodies et textes soignés le rappeur toulousain n’a rien laissé au hasard.
Fadah est un rappeur originaire de l’Essonne. Il évolue depuis des années dans la scène alternative toulousaine qui regorge de talents bruts comme Furax Barbarossa, Omerta Muzik ou Al Tarba. C’est dans cet environnement que Fahda a fort sa meilleure arme : sa plume. Artiste complet, il allie le texte et la forme mais aussi les images avec des clips travaillés et réfléchis. Avec deux albums et un ep au compteur depuis 2013, le rappeur de la ville rose a accumulé de l’expérience, affuté son style et expérimenté de nouvelles sonorités. De retour avec un nouvel album intitulé CHAUDAR, comme un clair obscur musical, Fadah expose ses vieux démons sur des instrus souvent douces et mélodieuses. Son évolution, ses inspiration, son processus créatif, l’artiste nous a donné un aperçu de sa vision de ce nouveau projet.
Dis-nous ce que signifie Chaudard?
“CHAUDAR C’est un gimmick, un mot que j’utilise très souvent pour exprimer ma motivation ou un kiff ressenti. C’est un état d’esprit global sur ce projet. Et paradoxalement, dans ce cas précis ça décrit aussi une certaine forme d’apaisement pour moi. J’assume mieux mes choix, artistiques et autres et je suis plus confiant. Le morceau du même titre exprime bien ça je trouve.”
Sur cet album tu explores de nombreux styles pourquoi autant de versatilité? Tu voulais prouver ta polyvalence?
Je n’ai pas eu de réflexion particulière à ce niveau, comme à mon habitude j’ai choisis les prods que l’on m’a envoyées selon mes humeurs, mes envies, mes émotions.
Et encore plus sur ce projet qui a été créé pendant le premier confinement, de manière très spontanée, quasiment irréfléchie (à la base). Niveau polyvalence, je pense l’avoir assez prouvée sur FURIEUX, là je me suis fait plaisir sans calculer. Je venais de m’acheter du nouveau matériel pour m’enregistrer, il me fallait une raison de le rôder..
Malgré les sonorités plus légères, tes textes font ressentir une certaine tristesse, une nostalgie, c’est un contrepied que tu apprécies? Quel était ton état d’esprit lors de l’écriture?
Le point central de mon écriture c’est ma vie.
Que les histoires soient vécues directement ou par procuration. Dans ce sens mon écriture est restée la même ou presque, à quelques années de maturation près.. Après effectivement j’aime de plus en plus créer des contrepieds et amener une lecture différente de mes morceaux. Je joue beaucoup plus sur la musicalité actuellement tandis qu’avant je partais essentiellement du texte. C’est juste une question de processus et surtout de plaisir. Enfin, concernant mon état d’esprit sur ce projet, j’avais besoin d’une énergie nouvelle après FURIEUX et la philosophie sur CHAUDAR c’était un peu « tout brûler pour mieux reconstruire »… mais dans un feu de joie, de résilience.
Sur Flash il y a comme une énergie “marseillaise” c’est voulu? C’est une inspiration pour toi?
Encore une fois c’est sans aucun calcul que je choisi cette prod. Lorsque RAKMA me l’envoie elle est déjà quasiment finie. Je mange donc une grosse tarte dès la première écoute et toute mon équipe est d’accord avec moi pour dire qu’elle s’impose sur le projet. Après je ne peux pas nier les influences marseillaises sur ce morceau et même de manière générale. Depuis le début également, si tu te réfères juste à mon blase.. Moi ça m’a directement fait penser à FILLES, FLICS, DESCENTES de la FF et j’adore ce morceau, d’où la citation dans le texte. Là c’est un peu ma version 2.0.
Disons pour finir que cette chanson a été créée au bon moment.
Pourquoi pas de featuring sur le projet?
Et pourquoi pas ? Haha. Plus sérieusement, je me suis très peu mélangé ces dernières années parce que je sortais d’une longue période de travail en groupe et en collectifs en tous genres.. J’avais besoin avant tout de redéfinir mon propre univers. Mais.. sur CHAUDAR j’ai quand même ressenti le besoin de croiser le fer à nouveau. Tout ce que je peux dire pour le moment c’est que cette sortie du 2 mai n’est qu’une première salve et que vous allez bientôt pouvoir comprendre l’histoire dans sa totalité, avec de nouveaux personnages qui se rajoutent à la trame..
EN.VIE détonne sur l’album avec une sonorité trap, un clin d’oeil à Furieux ?
Content que vous releviez ce morceau. EN.VIE exprime, pour moi, parfaitement ce moment sur le projet ou j’ai décidé de lâcher les chiens. Il y a un côté revanchard sur celui ci donc, oui, il peut faire référence à FURIEUX dans un certain sens. Mais je n’avais encore jamais construit de morceau de cette manière auparavant et ça ne sera pas la dernière fois.
L’introspection est une source d’inspiration pour toi?
C’est ma seule source d’inspiration. La vie que je mène et celle des gens qui sont à mon contact me font me poser toutes sortes de questionnements. Et c’est en me retrouvant seul à penser avec moi-même que j’y trouve des axes de réponse. Pendant l’écriture de ce nouveau volet j’ai vécu beaucoup de choses.. rupture après une très longue relation, déménagement, changement de label, l’arrêt des concerts juste après la sortie de FURIEUX, retour à l’usine pour remplir le frigo. Malgré tout, je ne me suis jamais senti aussi bien au charbon.
Pourquoi cette évolution vers la mélodie et des sons plus lumineux?
C’est une évolution logique.
Si tu écoutes mes tous premiers morceaux, ce goût pour la mélodie et les refrains chantants est déjà présent. Il m’a fallu du temps pour le travailler et ainsi mieux l’assumer complètement. Aujourd’hui je peux me permettre d’aller plus loin dans mes idées parce que l’entrainement me l’a permis. Mais j’ai toujours voulu chanter et je le ferais toujours. La lumière elle a toujours été là, elle passe juste un peu mieux parce que les fêlures sont plus nombreuses.
Avec cet album as-tu voulu rendre ton rap plus accessible ?
Mon rap non. Si demain je veux faire un 200 DEMI MESURES, sans refrain et sur une prod qui vient des ténèbres je le fais. Parce que, qu’on ne s’y trompe pas, je suis bien un rappeur et c’est bien du rap que je fais même si la forme tend à évoluer. Je ne fais pas partie de ceux qui s’en servent pour finir par le laisser sur le bord de la route en prétendant être « plus que ça »… Je sais d’où je viens.
Mon discours par contre oui.
Mais je pense que c’est comme le reste, c’est avant tout la vie qui veut ça. Tu prends de l’âge et tu comprends qu’il y a des manières plus subtiles de faire passer certaines idées.
Ton son dont tu es le plus fier sur l’album ?
Il dure 36mn et il s’intitule CHAUDAR.
CHAUDAR, un album très réussi, sort aujourd’hui sur les plateformes et on le recommande chaudement. Certains clips sont déjà disponibles sur Youtube.