Kamnouze, l’interview : “Pour moi, il faut montrer tous les états d’un homme”

INTERVIEW

On a discuté longuement avec Kamnouze à propos de ses débuts, de son rapport à la musique et de son projet “OSNS” sorti en 2016.

Comment as tu découvert le hip hop ?
A Bagneux, J’allais à la MJC pour regarder les grands rapper et quand je rentrais chez moi j’avais envie de faire pareil. J’enregistrais les émissions de Radio Nova et quand j’allais à l’école le matin je prenais l’enregistrement de la nuit et je mettais ça sur la route.

Mon cousin était Dj d’un groupe nommé “Radikal possee” et le rappeur du crew me donnait des conseils sur comment structurer un morceau. Mon but c’était d’essayer de faire partie de cette équipe et le jour où ils m’ont pris, mes parents m’ont annoncé que je déménageais à Cholet.. Du coup j’étais dégoûté, et je me suis dis que le rap c’était mort pour moi (rires). Cette clique a évolué, changer de style et est devenue Reciprok. Donc ce gars, en fait c’était Kayse.

“Le jour où je suis enfin entré dans le groupe, mes parents m’ont annoncé que je déménageais”

Mon cousin me taillait parce que je partais en province. Mais du coup sa mère a trouvé que c’était une tellement bonne idée d’aller la-bas qu’elle l’a suivie (rires). Donc on a créé le groupe D.O.C ensemble. Dans l’Ouest on avait Soul Choc qui représentait Angers, S.A.T à Nantes et D.O.C pour Cholet. On a eu l’idée de monter un label pour former une grosse clique nommée Bastion.

En 1999, tu sors “la technique du globule noir” ?
J’avais vraiment envie d’aller loin dans la musique, et aussi d’exprimer beaucoup de choses donc je me suis lancé en solo. Le concept « globule noire » c’est pour dire “le gars est tellement passionné que c’est plus du sang mais de l’encre qui coule dans ses veines”

Ensuite, il y a « Entends les images » en 2003, qui contient “J’accuse ces mots”.
J’accuse ces mots, c’est le morceau qui va vraiment me faire connaître. C’est un morceau que j’avais écris en 2000 et qui m’a fais signé chez Nouvel Donne.


Puis “Sensation suprême” en 2008.
C’est une époque où j’écoutais beaucoup de soul, et on ressent bien cette influence dans cet album. Il y a d’ailleurs un feat avec Ben l’oncle Soul et un autre avec Peeda « j’écris » qui est un de mes morceaux préférés. C’est un album que j’aime beaucoup, il a un truc particulier je trouve.

L’album OSNS, en 2016, ça marque ton retour ?
Oui, j’avais arrêté. La fin s’était mal passée. J’avais fais un album acoustique qui n’est jamais sorti. Ça devait sortir en indépendant et des grosses majors m’ont proposé de le signer. Au final je me suis retrouver bloqué. La manière dont il s’y sont pris avec moi ça m’a dégouté.

Pourquoi ce retour maintenant ?
Déjà, ce sont les gens qui étaient autour de moi qui m’ont boosté, en me disant que j’avais encore des choses à exprimer.

Ils voulaient aussi te voir comme tu es sur scène ?
Oui, la plupart de mes albums sont relativement calmes, mais le fait d’avoir arrêté pendant un temps, j’étais plus dans l’esprit kickeur, et de rapper pour le plaisir.

“Le fait d’avoir arrêté pendant un temps, j’étais plus dans l’esprit kickeur”

Quel est le concept old school new school ?
Je suis pas resté bloqué à l’époque. Autant je peux reprocher aux gens qui se disent passionnés de la culture hip hop de pas connaître l’histoire un minimum. Mais dans l’autre sens je n’aime pas les anciens qui restent bloqués à l’époque et qui sont aigris de la nouvelle génération. Ne ressemble pas aux gens que tu dénigrais quand tu étais jeune, quand toi t’écoutais du rap et que eux disaient que ce n’était pas de la musique.

Aujourd’hui il y des lacunes dans le lyricisme, à l’époque tu ne pouvais pas te permettre d’avoir de mauvais textes ?
C’est clair. Mais le paradoxe c’est que moi j’ai plus de mal à écouter quelqu’un qui sait bien écrire mais pas rapper plutôt que quelqu’un qui sait pas écrire mais bien rapper. Un mec qui sait rapper, ça va m’animer et je vais faire abstraction de son texte.

Plus philosophie Nas ou Jay ?
J’ai eu une période pour les deux. Mais ce que j’aime chez Jay-z, c’est qu’il traverse les générations, en gardant son identité. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire avec OSNS. Je ne suis pas anti trap, mais tout le monde rappe pareil et dit qu’il prend un “flow trap”. Ça n’existe pas ! Tu peux apporter ta propre identité sur un beat trap.

Tu reformes Facteur X (Jango Jack,Ol Kainry) sur Intouchable, ça annonce un retour du groupe ?
(rires) En fait quand on n’a plus entendu parler de facteur X, c’est parce qu’il y a eu un troisième album « Partis de rien » qui n’a jamais vu le jour. On était pas en accord avec la maison de disque donc on a préféré casser le contrat. Le but de Facteur X, c’était de nous réunir pour impulser un truc et pouvoir évoluer après en solo, donc ensuite on est parti chacun dans nos projets respectifs. Mais on est resté en contact, parce que c’est mes frangins.
Quand je suis revenu avec ce nouveau projet, j’avais envie de travailler avec ceux avec qui on m’a tout le temps entendu. On a vu que malgré les années c’est toujours comme si on s’était vu la semaine d’avant, donc ça nous a redonné goût. Je pense que ça va continuer.

Un son comme « Question de survie » ça te permet de soulager des épreuves difficiles ?
Le rap c’est un exutoire, on se fait du bien à extérioriser des choses en nous. Généralement, les auditeurs aiment bien les gens vrais car ils se retrouvent dans les histoires des autres, parce qu’on se ressemble tous quelque part. Après, il y a des gens pudiques par rapport à ça, c’est propre à chacun. Pour moi, il faut montrer tous les états d’un homme.

Maintenant que tu es reparti avec un nouvel album, tu vas pas t’arrêter ?
Non, je travaille déjà sur un nouveau projet, qui n’a rien à voir avec OSNS. J’en ai toujours fait qu’à ma tête (rires), dès que j’aime j’y vais. J’aime autant kicker sur une prod sale et découper l’instru que kiffer un son zouk.

Ce nouveau projet sera dans quelle veine du coup ?
Cloud. Parce que j’écoute beaucoup ça en ce moment donc c’est ce que j’ai envie de faire. J’écoute Safe, 6Lack, Tory Lanez et Drake aussi qui m’a amené à ces délires.

C’est un style que tu n’avais pourtant jamais abordé ?
Non. Mais quand vous aller entendre le projet, vous aller voir que c’est cohérent avec ce que j’ai fait avant.

 

 

Propos recueillis par Mickael Sinixta & Simon Virot

Sim
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