Jusqu’ici tout va bien, « La Haine » fête ses 25 ans

Le film culte La Haine de Matthieu Kassovitz et sa B.O fêtent leurs 25 ans. Retour sur une œuvre qui a bousculé la Croisette et le rap français.

Il y a désormais 25 ans que La Haine, prix de la mise en scène au festival de Cannes 1995, est sorti en salles. Afin de célébrer cet anniversaire, le British Film Institute avait prévu de ressortir le film en salles, dans une version remarsterisée en 4K. Celui-ci devait s’accompagner d’une sortie en Blu-Ray. Seulement voilà, le coronavirus est passé par là et ces plans ont été mis en stand by. Pour autant, il est toujours possible de rendre hommage à ce brûlot.

Pour rappel, le film de Matthieu Kassovitz montre trois copains d’une banlieue parisienne qui traînent leur ennui avec eux. L’histoire commence après une nuit d’émeutes opposant des jeunes de la cité de Chanteloup-les-Vignes à des policiers.

Ces émeutes sont la conséquence de la grave blessure d’un habitant de la cité par un inspecteur de police. Le trio va alors vivre la journée la plus importante de sa vie. Le film suit leurs allées et venues dans leur cité, puis à l’occasion d’une virée nocturne à Paris. Jusqu’ici tout va bien.

L’important c’est pas la chute…

Dans un noir et blanc sec, on suit les aventures de Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui. Sous les traits de Vinz, Hubert et Saïd, les trois lascars vont dépeindre le climat social des banlieues ainsi que les inégalités sociales.

Si La Haine a 25 ans, le film fait écho à des événement passés mais aussi au présent. Effectivement, Kassovitz s’est inspiré de l’affaire Makomé M’Bowolé. Une bavure policière qui avait entraînée trois jours d’émeutes parisiennes en 1993.

Aussi, en pleine période de coronavirus, l’impunité policière s’est accrue dans les quartiers les plus populaires et les bavures se multiplient. Le constat de La Haine n’a donc jamais été aussi lointain et proche de nous à la fois. Ainsi, le film est tristement d’actualité.

Pour rappel, le succès critique et public fut massif. Outre le prix de la mise en scène obtenu à Cannes en 1995, il a récolté le César du meilleur film la même année. De plus, La Haine a réuni 2 millions de français au box-office.

25 ans plus tard, des scènes de La Haine sont toujours imprimées dans les rétines. On pense forcément à l’imitation de Robert de Niro dans Taxi Driver par Vincent Cassel : c’est à moi que tu parles ? Mais aussi l’affrontement avec les skinheads dans Paris et la référence au Ministère A.M.E.R : tu cours pas plus vite que les balles hein ? Enfin, la scène finale, une formidable montée en pression qui reste dans toutes les mémoires.

La Haine Film BO 25 Ans 2
© CanalPlus.

Une B.O mythique du rap français

Comme vous le savez, on ne fête pas seulement les 25 ans du seul film La Haine, mais aussi le quart de siècle de la bande originale inspirée du film. Cette compilation n’est pas la B.O officielle du film, mais un projet qui visait à « transformer le spectre visuel du film et amplifier la vision de La Haine ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, cette compilation demeure une des plus légendaires du rap français. En plus d’accompagner le film d’une manière réaliste et ancrée dans son environnement, la B.O a permis de lancer les carrières de plusieurs artistes.

On ne peut pas évoquer cette bande originale, sans souligner tout de suite le célèbre titre du Ministère A.M.E.R. « Sacrifice de poulets », va entraîner par sa radicalité un des premiers scandales du rap français. De plus, AKH délivre ses talents de lyriciste sur le titre en featuring avec Daddy Nuttea, « La 25ème heure ». Les techniciens parisiens se succèdent avec La Cliqua, les Sages Poètes de la Rue, mais toujours dans une ambiance de révolte. Et qui de mieux pour illustrer la révolte que Rockin’ Squat et Assassin avec le titre « L’État assassine » ?

Beaucoup des rappeurs présents sur la compilation sont venus défendre le film à Cannes en 1995. Et le décalage entre la cinéphilie chic et ces rappeurs brut de décoffrage s’est vite fait ressentir sur la Croisette. Entre AKH et Shurik’n qui refusent de monter les marches en costume ou une soirée barbecue improvisée sur le parking de l’hôtel du Palm Beach, la bande fout le bordel, non sans un certain plaisir.

25 ans plus tard, La Haine est donc encore dans toutes les têtes. L’écho et le succès du film de Ladj Ly Les Misérables, montrent malheureusement à l’écran, que la situation des banlieues ne s’est toujours pas améliorée depuis.

Airquentin
Airquentin

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