Les liens sacrés entre hip-hop et poker

Jusqu’à il y a une vingtaine d’années de cela, le poker était considéré comme une discipline cantonnée aux saloons puis aux casinos, avant de se démocratiser complètement à l’aube du 21ème siècle. Soudainement, tout le monde s’est mis à jouer au poker : étudiants, ouvriers, cols blancs, footballeurs, artistes, en ligne devant son écran ou entre amis dans la salle à manger. Jeu de stratégie mêlant argent, passion, sang-froid et un brin de provoc’ : forcément, il ne pouvait pas laisser les rappeurs indifférents.

Le poker comme expression du style de vie hip-hop

Il ne fait aucun doute qu’une certaine fraction du hip-hop actuel, quelle que soit son origine, prend soin de cultiver un style de vie mêlant fringues extravagantes, bagues et chaînes en or, grosses voitures et belles femmes. À l’opposé de la frange du rap qui se revendique de la rue, et dont les chansons décrivent la dureté de l’existence, certains rappeurs ont trouvé dans le poker un terrain de jeu parfait pour exhiber une certaine appétence pour le luxe et l’argent dans leurs vidéos.

Bande son des World Series of Poker 2008, “All in” par Raw ft. Pro Hoe Zak & Alexander, était ainsi un succulent condensé de clichés du genre, sur fond de tapis de jeu de Las Vegas, mais aussi il faut le dire, un sacré bon morceau ! Plus sobrement, on n’a pas oublié non plus le fameux “I cheat” de Kevin Christopher, qui rappait avec humour sur les aléas d’une partie.

Quand les rappeurs s’invitent aux tables

Mais le poker est bien plus qu’un alibi marketing pour rappeurs, loin de là. Certains d’entre eux ont même délaissé le micro et la scène pour se concentrer pleinement au poker. Aux États-Unis, Young Thug considérait jouer au poker comme “aussi important que la musique”. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Jay-Z lui-même a longtemps écumé les plus grands casinos où il a montré toujours montré de belles aptitudes pour le jeu.

En France, l’incontournable duo de NTM Kool Shen et Joey Starr fait également partie du lot des célébrités qui jouent au poker, sans aucun doute pour l’amour du jeu plus que pour celui du gain. Il faut dire que poker dégage un attrait, une mythologie presque, qui a fasciné des générations entières et qui continue de le faire. Ses symboles et sa terminologie sont profondément ancrés dans notre culture à tel point que nous utilisons quotidiennement des métaphores liées au poker dans notre langage de tous les jours.

Les joueurs de poker aiment aussi le hip-hop

C’est peut-être moins médiatique, mais de leur côté, les joueurs de poker professionnels ont aussi besoin de bon son pour se détendre entre deux sessions. Chacun a sa musique de prédilection, et ce n’est pas forcément de la country comme on le voit dans les westerns.

Légende: Comme au hip-hop, improvisation et prise de risque sont des caractéristiques marquantes du poker
Photo par moderncolors, CC0

Jazz, électro, métal, classique ou reggae, il y en a forcément pour tous les goûts et styles. Tout est bon pour faire redescendre la tension après une partie acharnée, mais chez les pros du bluff, on écoute aussi du rap plutôt pour la décharge d’adrénaline et l’agressivité positive qu’il procure avant un tournoi. Quoi qu’on en dise, disputer une main de poker, c’est un peu comme un round de boxe, -ou mieux encore- un battle de rap.

Risque et improvisation

Dans un battle comme aux tables de jeu, l’intensité est à son comble, mais bien souvent au milieu du flot d’émotions, c’est bel et bien la maîtrise de soi qui fait la différence. En y regardant de près, c’est presque un lien sacré qui lie hip-hop et poker.

Les deux ont tellement en commun : le sentiment d’urgence, l’improvisation, la prise de risque et la menace de tout perdre ou tout gagner à n’importe quel moment. Mais au hip-hop comme au poker une chose est sûre : le talent paye toujours à la fin.

HHC
HHC

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