Quand Lunatic tentait de s’écarter du “Mauvais Oeil”

Quand on parle d’albums colossaux ayant fait date dans l’univers du rap français au fil des ans on ne peut pas renoncer à l’évocation du “Mauvais Oeil” du groupe Lunatic sorti en septembre 2000, premier du groupe malgré leur activisme dans le milieu depuis le classique “Le crime paie” sorti 5 ans plus tôt, titre qui a fait naître la légende.

L’album sera régulièrement comparé à “Hell on Earth” de Mobb Deep de par le choix des prods et les thèmes abordés. De plus la dualité persistante entre un Booba toujours cru et explicite et un Ali plus spirituel, au verbe réfléchi et mesuré, faisait définitivement de ce duo un ovni dans le paysage rap dès son apparition.

Il nous sera difficile au vue de l’aspect hautement qualitatif du disque de sortir une sélection des “meilleurs morceaux”, aucun n’est à jeter et c’est ce qui fait en partie la force de l’album, sa cohérence et son aboutissement. Nous allons néanmoins orienter la loupe sur les titres qui nous ont le plus marqués … C’est parti !

Pas l’temps pour les regrets

“… les erreurs n’appartiennent qu’à nous mêmes, né pour ram’ner ma part de progrès” au rayon des refrains mythiques il serait légitime de réserver un étage entier à celui-ci non ?

Entre le fatalisme hardcore de B2O et la positivité d’Ali le track reste déconcertant, soulignons le.

Le deuxième morceau mythique de cet album est sans conteste “La lettre” qui retrace l’histoire d’un détenu qui s’est fait balancé par “un ancien pote avec qui on aurait rappé“, un peu avant le morceau Booba vient de purger 18 mois pour une histoire de taxi basket, la correspondance se fait donc entre Ali du bon côté du mur et Élie écroué. Le couplet du “18 août 98 dans cette putain d’maison d’arrêt …” reste l’un des plus éloquents sur le quotidien carcéral, entre yoyos et gamberge, pompes, carences et rage.

Encore un gros son pour faire des pompes que le duo nous livrait, spécialement dédicacés aux “Têtes Brûlées“, les concernés s’y reconnaitront, les autres apprécieront sûrement la prod mélodieuse et les fazes chocs qui parsèment le morceau … “Tous fatigués d’racailler” !

Une prod simpliste redoutablement efficace, une intro d’Ali magistrale, un couplet de son complice qui ne l’est pas moins, confiant notamment avoir appris peu de choses au fil du temps perdu “sauf que les porcs sont à pendre“, ce track accueillait également Jockey qui rejoint le duo lunatique sur ce thème (in)temporel.

Le dernier morceau que nous vous proposons est certainement l’un des plus pêchus du skeud, c’est “HLM 3” alors ça ne pouvait évidemment pas être mielleux, et en effet ça ne l’est pas, mais alors pas du tout … Vous en doutez ? Booba nous lâchait quelques unes de ses plus grosses fazes de la galette que ce soit quand il trouvait ça “surprenant comme un hindou qui deale“, quand il rentrait dans un constat vis à vis de ses fréquentations féminines “J’aime les tasses mais j’veux pas dire à mes gosses que … elles aiment les grosses voitures et les grosses queues !”  ou quand il lançait des lines de kamikaze comme “Si ma haine diminue c’est que les porcs sont morts et qu’il me reste plus qu’dix minutes“…

N’hésitez pas à vous procurer ce puissant projet du tandem, sachez qui plus est qu’il a fait l’objet d’une réédition avec DVD et contenus exclusifs en 2011, deux morceaux se sont donc apposés au contenu de base, à savoir “Civilisé” et “B.O (Banlieue Ouest)“. Et si tu kiffes pas …

Golem
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