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Orelsan

Biographie de Orelsan

De son vrai nom Aurélien Cotentin, Orelsan naît à Alençon dans le département de l’Orne (Normandie) le 1er août 1982. Il grandit en écoutant d’abord du rock et du métal. Ce n’est que sur les conseils de ses amis d’enfance que le Français découvre l’univers du rap. Séduit par les références du genre musical de l’époque (IAM, NTM, etc.), Orelsan décide de se mettre à rapper.

Il se fait d’abord connaître sur Internet, notamment sur le site Myspace, via la chanson « Saint-Valentin » puis perce en 2008 avec le titre « Changement ». Son premier album, « Perdu d’avance », est publié en 2009 et reçoit des avis positifs malgré quelques polémiques autour de la chanson « Sale Pute », accusée d’inciter à la violence envers les femmes. Depuis lors, celui qu’on surnomme Orel ou encore San s’est forgé une solide réputation au sein du rap français au point d’en être l’une des valeurs sûres. Notre mag fait un retour sur la vie de cette star du rap français.

Très jeune, San est passionné par la musique malgré la pression pour ses études

 

Fils d’une maîtresse d’école primaire et d’un directeur de collège, le jeune Aurélien est scolarisé au lycée public Victor-Hugo, à Caen pour ses études. Il fait du skate et écoute de nombreux artistes de « rock-métal ». C’est d’ailleurs à cette période qu’il se met à écouter du rap. Après une scolarité en filière économique et sociale, il obtient son bac ES. Durant cette période, déjà, Orelsan commence à faire de la musique. À 16 ans, il fait déjà ses premières scènes, devant sa famille et ses amis et ces derniers étaient unanimes sur le potentiel de San à l’époque.

Dans son école, Orelsan était un « élève moyen ». Sa moyenne était à peu près de 11 sur 20, et il se montrait plus passionné par la musique que par ses études. « Je ne le trouvais pas forcément très motivé, se rappelle Danielle Roussel. Je me souviens qu’il avait été le dernier à trouver son stage. Mais il était tellement passionné par la musique ! Souvent, nous étions obligés d’intervenir, car avec ses copains, ils faisaient un bruit pas possible dans le “bureau de la musique”. D’ailleurs, il avait déjà une tenue de rappeur : la casquette et le pantalon. »

Aurélien est un adolescent timide. Pas du genre bavard. Plutôt à écouter, qu’à parler. Dans les soirées, il observe, attend son heure. Soudain, il prend le micro, improvise, balance des rimes fracassantes et met KO tous les rappeurs en herbe présents. « J’crois qu’le bonheur, c’est d’être autiste », a-t-il déjà griffonné sur une feuille pour entamer l’un de ses premiers textes.

La chargée des relations entreprises de l’école se rappelle même un salon post-bac auquel le jeune Aurélien l’avait accompagnée. « Il devait vendre son école aux jeunes visiteurs du salon. Il a été très agréable, mais il traînait un peu les pieds », se remémore-t-elle. Finalement, Orelsan réussit à obtenir son diplôme, un master, en 2004 et décide de se donner entièrement à la musique.

Premiers pas et succès au rendez-vous pour son premier opus

Un temps installé aux États-Unis, Orelsan alterne outre-Atlantique les petits boulots et l’écriture de ses premiers textes. En 2006, le Normand publie une première vidéo sur YouTube en tant que rappeur amateur. Un an plus tard, il rencontre un certain succès sur la plateforme de vidéos en ligne avec le clip « Saint-Valentin ». Grâce au titre « Changement » sorti en 2008, le natif d’Alençon se fait connaître du grand public par le biais d’une distribution du clip par la société TF1 Vidéo.

Depuis, Orel continue d’utiliser la toile pour faire la promotion de ses titres : son prochain clip, « Ils sont cools », est diffusé sur son site et contribue un tant soit peu à la promotion de son talent. Sa signature avec le label 3e bureau (Wagram) survient la même année et fait l’objet d’une certaine médiatisation durant l’été.

Avec une popularité de plus en plus croissante, Orelsan publie son premier album « Perdu d’avance », le 16 février 2009. L’album comprend plusieurs participations musicales (featurings) dont celles de Gringe et Ron Thal (ancien guitariste des Guns N’ Roses).

Cet opus rencontre un succès fulgurant et est certifié disque de platine.

Sur le site web du Printemps de Bourges, la présentation du rappeur annoncée en avril 2009 exprime son positionnement volontairement provocateur : « Revendiquant ses quatorze ans d’âge mental, ses humeurs de cancre assis au fond de la classe et son mental de puceau frustré, Orelsan a tout pour agacer les bien-pensants ». Fin 2009, il est nommé au concours des révélations françaises du prix Constantin grâce à ce premier opus. En même temps, Orel est élu par les Internautes comme étant le meilleur artiste français de l’année pour représenter la France aux MTV Europe Music Awards.

Polémique autour du single « Sale pute » de San

Alors que la carrière de San semble prendre un envol considérable, ce dernier se fait remarquer de la plus exécrable des façons. Une polémique naît après la sortie du controversé single « Sale pute » en 2009. Le rappeur incarne un homme en costume menaçant de violences son ex-petite amie qui l’a trompé, en lui promettant entre autres qu’il lui « déboîterait la mâchoire » ou la « ferait avorter à l’opinel ». Avec ce clip, visionné plusieurs fois sur internet, la polémique, déclenchée par des blogueuses, éclate. Il est alors rappelé à l’ordre dès février 2009 par le mouvement féministe ni putes ni soumises (NPNS) qui le poursuit devant la justice pour provocation au crime.

De nombreux concerts dont Les Francofolies de La Rochelle sont annulés cette année et Orel est contraint de soigner son image lourdement entachée par la polémique. D’aucuns estiment que San enfile un manteau de sexiste et les paroles contenues dans ce morceau corroborent ce fait. Dans un couplet, le natif de Caen lâche : « Les histoires d’amour, ça commence bien, ça finit mal, avant je t’aimais maintenant j’rêve de te voir imprimée de mes empreintes digitales. On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée, on verra comment tu suces quand j’te déboiterai la mâchoire, t’es juste une truie, tu mérites ta place à l’abattoir ».

 

La polémique prend un tour politique, le FN dénonçant la chanson, puis le Parti socialiste dénonçant dans un communiqué « un texte scandaleux aux propos odieux qui incitent directement à la violence » et indiquant « qu’il s’associe à toutes les voix qui demandent la déprogrammation d’Orelsan du Printemps de Bourges ». La secrétaire d’État à la solidarité de l’époque Valérie Létard prend alors la parole et, estimant que la chanson « Sale Pute » incite à la violence sexiste, demande aux dirigeants des sites de vidéo en ligne comme Dailymotion de la retirer, « alors qu’en France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ».

La secrétaire d’État soutient l’initiative d’associations qui souhaitent se constituer partie civile et porter plainte en invoquant l’article 24 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, prévoyant que toute incrimination de provocation à commettre un crime (viol ou meurtre) ou une atteinte à l’intégrité de la personne ou une agression sexuelle est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Orel s’explique et s’excuse

Conscient des préjudices et de l’énorme coup de massue que peut générer la polémique sur sa carrière, Orel monte au créneau et essaie de laver son honneur. Le rappeur s’étonne dans un premier temps du buzz autour de la chanson et s’explique : « Dans cette chanson, j’essaie de montrer comment une pulsion peut transformer quelqu’un en monstre. J’ai tourné un clip où je porte un costume cravate et bois de l’alcool, pour montrer qu’il s’agit d’une fiction. En aucun cas je ne fais l’apologie de la violence conjugale. L’attitude de ce personnage me dégoûte, mais j’ai l’impression de représenter artistiquement la haine, comme a pu le faire un film comme Orange mécanique. J’ai effectivement déjà été trompé par ma meuf, mais là, j’ai surtout voulu décrire la pulsion de rage que tu peux avoir dans ces moments-là. Ce n’est pas un texte misogyne à la con », déclare-t-il dans une interview au magazine Planète Rap Mag.

Orel présente ses excuses et indique qu’il ne jouera plus cette chanson en concert. Il ajoute toutefois : « Quoi que j’aie dit, je serai toujours moins violent que les séries sur TF1, où un type se fait cogner au bout de cinq minutes à 20 h 30 sans raison ». De quoi refroidir le climat et passer à autre chose.

« Le chant des sirènes », l’opus qui rime avec le succès

Deuxième projet solo d’Orelsan, « Le Chant des Sirènes » a déchaîné le rap français, puis l’industrie musicale dans son intégralité lors de sa sortie. Véritable chef-d’œuvre mêlant réalité et fiction, rap et chant, tentations et répulsions, « Le Chant des Sirènes » sort le 26 septembre 2011 et est peut-être le meilleur album du rappeur de Caen dans son contenu et sa cohérence. Renfermant d’immenses classiques, à l’image de « Mauvaise idée », « La terre est ronde », « Suicide Social », l’album rencontre un grand succès. L’opus est entré à la troisième place du top album français avec plus de 15 000 ventes en une semaine. Un retour réussi, acclamé et triomphant. À l’occasion de son concert à l’Olympia de Paris du 31 mai 2012, la certification platine du Chant des sirènes est rendue publique (100 000 exemplaires vendus).

 

« Suicide Social », morceau-fleuve de l’album où il dépeint une série de clichés en stigmatisant la quasi-totalité de la population, est en réalité une référence au film La 25e heure de Spike Lee. Dans ce titre à prendre au second, voire troisième degré, Orelsan se moque de cette tendance à stéréotyper les gens comme le fait Edward Norton dans une scène où il s’en prend à toutes les catégories sociales de New York en les dénigrant une par une. Selon lui, « Suicide Social » est à prendre comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire.

D’ailleurs, c’est un message que peu de personnes sont parvenues à discerner. Il l’explique pour L’Express : « Suicide social, c’est vraiment une série de clichés. J’aurais pu faire durer la chanson 4 minutes de plus. Pour moi parler des gens en tant que groupes, en tant que classes sociales, en tant que couches, c’est de la connerie. Cette chanson elle est à prendre comme un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. C’est marrant, parce que certains commentaires disent : “Il a tout compris sauf quand il parle de ci ou de ça”. Mais ce sont des clichés. »

Orelsan considère cet album comme un « point de rupture ». Pour la première fois, il a souhaité mélanger fiction et réalité avec beaucoup d’ironie. Il constate également qu’auparavant il désirait tout créer à partir de sa réalité alors que grâce à « Le Chant des Sirènes », il a réussi à s’imprégner et puiser autre part, jusque dans la fiction. C’est le cas dans plusieurs morceaux, notamment « Double vie » et « Finir mal » ainsi que « La petite marchande de porte-clefs ».

Le morceau « La Terre est ronde », extrait de l’album remporte un succès commercial certain, se plaçant dans le top 10 des ventes de singles en France. Ledit morceau passe en rotation permanente sur les radios spécialisées hip-hop telles que Génération et Skyrock et dans des radios généralistes comme NRJ. Cela lui vaut une nomination aux NRJ Music Awards 2013 dans la catégorie « Révélation francophone de l’année » aux côtés de C2C, Youssoupha et de Tal, la gagnante.

Son opus « La fête est finie » explose les compteurs

Le 20 septembre 2017, six ans après son dernier album solo, Orelsan dévoile sur YouTube le clip du titre « Basique ». Un mois après, le rappeur originaire de Caen publie son nouvel album solo. Intitulé « La fête est finie », il comporte 14 pistes, dont 5 featurings avec Nekfeu, Dizzee Rascal, Stromae, Ibeyi et Maître Gims.

L’opus est certifié disque d’or en trois jours, disque de platine quatre jours plus tard, double disque de platine un mois après. Le 15 novembre, le clip du morceau Tout va bien, tourné en Ukraine (comme celui de Basique), est publié sur YouTube. Outre ce succès commercial, ce troisième album solo apporte à Orelsan une grande consécration dans l’univers de la musique française. En juin 2018, « La fête est finie » est certifié disque de diamant.

En novembre 2018, Orelsan réédite « La fête est finie » avec onze nouvelles chansons (dont « Mes grands-parents) sous le titre « La fête est finie — Épilogue ». S’ensuit une longue tournée dont les évènements en festival sont relatés sur la chaîne YouTube de l’artiste sous forme de mini-série.

Retour au-devant de la scène musicale avec « Civilisation »

Après une longue période de discrétion, Orel revient au-devant de scène musicale avec « Civilisation », son quatrième album solo. C’est à n’en point douter l’un des évènements musicaux les plus attendus de la fin d’année 2021.

Avec ses paroles explosives et son clip sensationnel, le titre politique « L’odeur de l’essence », premier extrait de l’album, avait déjà largement séduit le public. Paru le vendredi 19 novembre 2021, ce nouvel opus d’Orelsan a beaucoup enchanté les internautes. Côté chiffres, les retombées sont impressionnantes. Bien avant sa sortie numérique et physique, le quatrième album d’Aurélien Cotentin avait déjà atteint le chiffre de 50 000 ventes et plus de 30 000 exemplaires se sont écoulés en moins de 24 heures.

L’album « Civilisation » cumule également 10,3 millions de streams sur Spotify France en espace d’une semaine, ce qui est énorme. Après 4 années d’absence, le rappeur, qui reconnaît dans les colonnes de Libération se sentir concerné par les autres et par la société, signe un retour flamboyant. Musicalement, il n’a jamais fait dans la facilité et la paresse. Ça se confirme une nouvelle fois sur cet album. Piloté par des instrus géniaux et des nouvelles sonorités dont seulement Skread a le secret, cet album est un fouillis musical qui promet des réécoutes très satisfaisantes.

De la ballade d’une mélancolie légère et douce « La Quête » à une prod et des vocaux d’Orelsan exceptionnel sur « Bébéboa » en passant par un fantastique deuxième round de « Ils sont cools » avec Gringe sur « Casseurs Flowters Infinity », cet album est un condensé de génie, d’expérimentation, de prises de risques avec des ambiances rétro et des concepts de morceaux bien propres à Orelsan. Au cœur de cette richesse musicale, le niveau de rap et d’écriture d’Orelsan semble atteindre des sommets, et les synthés de Skread n’ont jamais autant électrisé.

À 39 ans, Orelsan a, plus que jamais, des choses à dire. Celui qui était perdu d’avance a réussi à résister au chant des sirènes pour mettre fin à la fête et désormais porter un regard sobre sur la civilisation. Notre civilisation. Bluffant dès la première écoute, ce disque saura très certainement durer dans le temps et prendre de plus en plus de sens à mesure des écoutes. Au passage, il a réussi à réaliser son rêve de gosse en faisant un morceau avec The Neptunes. L’opus est certifié disque de platine et continue d’affoler les compteurs.

Pour Emmanuel Macron, Orelsan raisonne comme un sociologue

Le single « L’odeur de l’essence » issu de l’album « Civilisation » ne laisse personne indifférente, même pas le président de la République française. C’est le quotidien Libération qui le révèle. Selon ce dernier, le chef de l’État avait visiblement apprécié « L’odeur de l’essence », premier single du nouvel opus du rappeur. « C’est bien vu. C’est quand même quelqu’un qui dépeint la société comme un sociologue », aurait dit le président de la République après avoir écouté ce titre dans lequel le chanteur critique notamment les extrêmes, mais aussi le pouvoir politique.

Interrogée sur cette petite phrase dans Quotidien, Orelsan se pose une question : « Est-ce qu’il n’essaierait pas de gratter mon buzz, un petit peu ? », provoquant les rires autour de la table. Dans « L’Odeur de l’essence », Orelsan exprime notamment que « si le Président remporte la moitié des voix, c’est que les deux tiers de la France n’en voulaient pas » ou que « tous nos leaders ont échoué, ils seront détruits par la bête qu’ils ont créée. »

Puriste et lyriciste hors pair, Orelsan ne fait pas que chanter. Ce grand féru de la musique sait allier sonorité et grandiloquence. C’est d’ailleurs ce qui le différencie de la masse. Avec une carrière plus que remplie, Orel continue d’égayer son public et confirme projet après projet qu’il est l’une des valeurs sûres de ce game.