Retour vers le classique: “N.Y State of Mind” de Nas

CLASSIQUE RAP US

Ce week-end débute avec un retour aux sources du rap US, qui passe par, une fois n’est pas coutume, une prospection dans New-York pour retrouver les sons qui ont bâti le rap et la culture hip-hop plus généralement. Et certains semblent s’être évertués à faire plus d’un classique que l’on peut encore écouter aujourd’hui tout en étant toujours subjugué de la qualité du son, ou en se souvenant (pour les plus anciens d’entre vous), des fortes réactions qui avaient suivi la sortie. Aussi, en ce jour, nous allons nous repencher sur le classique ultime de la East Coast, l’hommage même à New-York (jusque dans son titre). Un son issu classique issu d’un album tout aussi classique représentant le “Golden Age” du rap pour un artiste qui n’a absolument plus rien à prouver aujourd’hui. Laissons tomber le suspense, aujourd’hui notre Retour vers le classique se porte sur “N.Y State of Mind” de Nas.

Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder Nas il y a quelques temps avec le son “Nas Is Like”, aussi aujourd’hui opérons nous une rétrospective sur l’un des plus gros albums du rap américain des années 90: “Illmatic”. Tout premier album studio du rappeur qui se positionne déjà comme un classique, vrais reconnaissent vrais diront certains. Le choix de “N.Y State of Mind” pour illustrer ce projet n’est pas un hasard, puisqu’il s’agit tout simplement du premier et aujourd’hui encore l’un des plus importants succès du rappeur, qui aura fortement participé à la popularité de l’album. Un morceau assuré par le populaire et non moins talentueux DJ Premier qui se base sur deux samples de jazz: “Mind Rain” de Joe Chambers et “Flight Time” de Donald Byrd, qui confère toute la particularité musicale de l’instrumental. Mais tout ceci bien sûr ne serait rien sans l’excellente qualité lyricale du MC.

Il faut dire qu’à l’époque, en terme de flow tout du moins, on distinguait assez brièvement deux écoles: le flow vif, rapide et qui se veut technique (on peut notamment penser à KRS-One pour illustrer ceci, et là-dessus je vous invite à aller voir le Retour vers le classique qui lui a été récemment consacré), mais également une autre façon de raper qui, évidemment prend à contre pied cette technicité évoquée plus haut. Un flow qui cette fois se veut plus nonchalant, nécessite bien moins de complexité dans l’écriture et fait la part belle à une certaine clarté rythmique (on peut ici songer à Snoop Dogg). Mine de rien, même sur ces différents points, on peut encore noter une opposition d’influence du son entre les côtes Est et Ouest. Nas quant à lui préfère ne revendiquer aucune de ses deux écoles et suit sa propre leçon: mariant de façon plus qu’habile storytelling, lyrics aux rimes complexes et flow à un débit soutenu et intensif, il se démarque par la complémentarité de tous ces ensembles qui le définisse et font naturellement de lui un rappeur hors pair. De plus, le talent se traduit par la facilité d’écriture du son. Ayant déjà avec lui de nombreuses phases préalablement rédigées, l’artiste n’a eu que les replacer sitôt la prod écoutée. Une facilité d’autant plus remarquable qu’il n’était alors âge que de 20 ans seulement ! Nas joue pourtant là-dessus, comme on peut l’entendre dès l’intro du son: “I don’t know how to start this shit, yo… now”. Comme sur “Nas Is Like”, on retrouve cette prétention, cette arrogance qui assure tout le crédit au MC et signe un très bon esprit egotrip au son (“Rappers, I monkey flip ’em with the funky rhythm I be kickin'”). L’impressionnant mélange des styles d’écritures n’apparaît pratiquement qu’après coup, alors qu’on discerne qu’au beau milieu des punchlines, Nas réussit à conserver un fil conducteur et nous narrer ses événements sous forme de storytelling (“Time to start the revolution, catch a body, head for Houston/Once they caught us off-guard/The MAC-10 was in the grass and/I ran like a cheetah with thoughts of an assassin). Deux longs couplets séparés par les fameux scratches qui donnent tout son cachet au refrain. Un moyen pour le rappeur de nous imprégner de la vie à New-York, de l’esprit qui l’imprègne (le fameux “N.Y State of Mind”). Entre menaces (“Give me a Smith & Wesson, I have niggas undressin'”),  arrogance certaine (“It’s only right that I was born to use mics”) et punchlines aujourd’hui devenues cultes (“I never sleep, ‘cause sleep is the cousin of death”), l’artiste enrobe le tout d’un univers froid et sombre qui nous met en garde (“The city never sleeps, full of villains and creeps”). De quoi nous étaler l’ensemble de son talent…

“N.Y State of Mind” est assurément un morceau culte, non seulement dans l’album mais plus généralement dans toute la carrière de l’artiste et dans le rap des années 90. Après une telle écoute, on se dit forcément que le titre de “King of New-York” revendiqué par ce jeune MC est loin d’être usurpé. La base du rap East Coast tout simplement, à ne surtout pas louper sous aucun prétexte. On a connu l’esprit gangsta de la Californie, voici celui de NY. N.Y State of Classic…

Rabeat
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