On ne présente plus Nekfeu, tant il a su se hisser en haut du game grâce à sa plume et à ses mélodies envoutantes. Aujourd’hui, nous avons recensé pour vous ce que nous pensons être ses 15 meilleurs morceaux, seulement issus de sa discographie solo. En effet, à travers ses différentes collaborations, son époque avec 1995 et ses titres avec le $-Crew, il serait difficile de n’en citer qu’une quinzaine.
1) Tempête
Présent à la sixième piste dans le premier album solo de Ken, Feu, Tempête à tout de suite fait parler de lui grâce à son texte recherché et soigné. En effet, Nekfeu est réputé pour son écriture léchée, et avait déjà fait ses preuves auparavant avec des textes depuis devenu cultes, notamment à l’époque des Rap Contenders.
Dans Tempête, Nekfeu joue avec les mots et nous décrit le poids de la société sur sa vie de tout les jours. Certaines punchlines marquent, comme “Quand je me sens déraciné, je monte au sommet des arbres / De là-haut, j’vois la mort, faut être prêt si elle approche / La vie, c’est apprécier la vue, après scier la branche” Le morceau est appuyé d’une production lunaire et froide, qui étaye à merveille les propos du rappeur parisien.
2) Egérie
Egérie est le premier extrait de l’album solo de Nekfeu, sobrement intitulé Feu. Comme un symbole, ce morceau est sorti le 3 avril, le jour de son anniversaire. Le Fennec nous proposait alors une histoire de cœur vécu avec l’égérie d’une marque de luxe, dont il ne dévoilera pas le nom. Le morceau débute premièrement par une punchline depuis devenue culte : “Je suis devenu celui dont aurait rêvé celui que je rêvais d’être”.
Le rappeur d’origine grecque kick ensuite avec une aisance inouïe, et évoque sa réussite par le biais de son histoire d’amour et des différentes marques qui souhaitent travailler avec lui. Le morceau est orné d’une production douce et planante, qui appuie le côté “sensuelle” du sujet. Le tout a été accompagné d’une réalisation sublime signée Dawid Krepski, où l’on aperçoit le rappeur et la présumée égérie dans une voiture parsemé de néon.
3) Le Horla
S’il y a bien un morceau de Nekfeu qui pourrait être présenté dans un cours de français, c’est celui-ci. Si vous ne le connaissiez pas, nous vous conseillons fortement de vous procurer les paroles, tant le texte est riche et recherché. Rien que le titre évoque la littérature française. En effet, Le Horla est avant tout une nouvelle culte de Guy de Maupassant, racontant l’histoire d’un écrivain sombrant dans la folie des suites d’une présence paranormale qui le suit partout où il va. Le “Hors, Là”, présent sans vraiment l’être.
Le rappeur parisien signe ici l’une des meilleurs performances du rap francophone avec un texte qui rendrait jaloux des écrivains novices. Dans ce morceau, Nekfeu annonce se sentir “comme Maupassant quand il écrivait Le Horla”. Il s’est même exprimé sur France Inter par rapport à sa comparaison à l’un des maitres de la littérature française. “J’ai voulu parler un peu de ce tiraillement que je ressens souvent entre qui je suis, qui j’veux être, qui je suis quand je suis bien et quand je ne le suis pas. Et c’est une forme de schizophrénie que j’ai dans la vie de tous les jours et qui se ressent du coup beaucoup dans mon rap. Et, Maupassant, quand il écrivait Le Horla, en fait, il racontait un peu la fin de sa vie. C’est comme s’il pressentait qu’il allait devenir fou.”
4) Princesse
Princesse est le quinzième titre du projet Feu. Contrairement aux trois premiers morceaux, Nekfeu n’est pas seul sur celui-ci, et est accompagné de Nemir. Les deux amis de longue date nous offre une douceur auditive, marquée notamment par le refrain addictif du chanteur de Perpignan. Mais cette douceur cache un propos et un sujet bien plus sombre. Nekfeu présente dans ce morceau, l’innocence de la Princesse, qui symbolise l’être féminin, ainsi que l’hypersexualisation et la débauche précoce auxquelles elle peut être sujette en notre monde contemporain. Ce dernier rappelle aussi un aspect sombre du milieu de la fête ; et dont les conséquences sont différentes selon le milieu social de la personne.
Le morceau est accompagné d’un clip qui respecte l’esthétique des néons présents dans le premier clip évoquant la gente féminine : Egérie. La production apporte une atmosphère cristalline et magique, qui appuie à merveilles les propos tenus par Nekfeu.
5) Humanoïde
Humanoïde est le premier morceau présent sur le second album studio de Nekfeu : Cyborg. Annoncé le jour même de sa sortie à Bercy, le projet a explosé les compteurs et a ouvert la porte à un second Nekfeu, le rappeur lyriciste. En effet, tout le long de l’opus, on ressent que ce dernier s’est fait plus plaisir que sur le précèdent, donnant évidemment naissance à un classique. Mais revenons-en au morceau.
Long de six minutes trente, ce morceau est un véritable chef d’œuvre philosophique de la part du Fennec. Tout le long, ce dernier s’adresse directement à l’auditeur, lui posant un grand nombre de question et lui reprochant ses actes, comme pour le mettre à parti et le faire réfléchir sur sa propre situation. L’instrumentale de ce morceau est progressive : d’abord douce, avec une petite mélodie, puis des éléments viennent s’ajouter par la suite, comme des basses et des drums, pour donner une autre dynamique au morceau, vers 2 minutes 30. De plus, le ton du rappeur va crescendo dans la dépression, ajouté à l’instru progressive, l’effet sur l’auditeur est fortement accentué.
6) Réalité Augmentée
Dans la foulée, Nekfeu enchaîne avec Réalité Augmentée, nouveau morceau à thème que le rappeur parisien affectionne tant. Il traite ici des réseaux sociaux et de leurs effets sur les comportements humains dans notre société actuelle. Il dénonce des comportements où l’expression de la singularité de chacun est banni et où tout le monde doit se plier aux codes actuels. Le titre de l’album est aussi évocateur, Cyborg : une société sous l’apparence humaine, mais au comportement robotique.
Le rappeur balance énormément de punchlines marquantes dans ce morceau, et nous montre une nouvelle fois son affection pour les mangas avec la phase suivante : “Mes khos sortent des roseaux de Konoha / Anti-héros comme Roronoa Zoro”. A l’instar de ses autres oeuvres, nous vous conseillons fortement de vous munir des paroles afin de mieux apprécier l’écoute de ce superbe morceau.
7) Esquimaux
Esquimaux est la sixième piste de l’album Cyborg. Alors peu connu dans la musique mainstream, Népal fait son apparition et se révèle aux yeux de la France entière avec ce superbe morceau. Les deux hommes s’amusent et kickent à la perfection sur une prod motivante qui sample “Big Time Shit” de Frank Dukes.
Le défunt rappeur Népal débute sur ce morceau avec un flow rapide et des punchlines qui paraissent incompréhensible à la première écoute tant elle sont recherchées. En effet le rappeur évoque plusieurs références – “Takeshi Kitano quand j’souris” – et rap même en japonais. Nekfeu, quant à lui, rentre sur le morceau avec une phase devenu culte depuis : “Scooter des neiges en Y, voila l’incipit”. Un chef d’oeuvre du rap français qui n’a malheureusement pas eu le succès qu’il méritait.
8) Nekketsu
“Nekketsu” est le morceau qui clôt l’album Cyborg et qui sonne à de nombreux égards comme un ending d’animé. En effet, dans ce son Nekfeu fait beaucoup de références à la culture japonaise et en particulier aux mangas. Ce dernier a même invité la chanteuse nippone Crystal Kay pour effectuer le refrain, envoutant, en japonais.
“Nekkets” se traduit littéralement par « sang bouillant », il s’agit d’un sous-genre de manga “Shōnen”. On suit, dans ces types de mangas, le parcours initiatique d’un protagoniste, centré autour du dépassement de soi du héros qui va braver tous les obstacles pour atteindre son but ou devenir le meilleur dans son domaine. De plus, il est coutume dans les animés japonais de clore les épisodes par un générique plus calme, généralement chanté par une voix féminine. La présence du refrain chanté en japonais et la position du morceau dans l’album font écho à cette tradition, renforçant son côté conclusif.
9) Les étoiles vagabondes
Après trois ans de pause, Nekfeu revient avec un projet ambitieux et au ton plus personnel. Les étoiles vagabondes sort le 6 juin 2019 et accompagne la sortie du film, qui montre les étapes qu’a franchi le rappeur d’origine grecque afin de le concocter. Nekfeu délivre une entrée en matière brute avec le titre éponyme, terre à terre et sans concession pour son premier morceau solo après trois ans d’absence médiatique et très peu d’apparitions musicales.
Dans ce morceau sans refrain, Nekfeu aborde de nombreux sujets qu’il approfondira sur l’ensemble de l’album : son absence, sa position actuelle sur la scène musicale, la notoriété qu’elle implique, les comportements des jeunes aujourd’hui, sa vision du rap de nos jours, la situation sociale actuelle en France, pays qu’il quitte désormais fréquemment pour retrouver l’anonymat et se ressourcer, ses relations avec les femmes, qui semblent cette fois se concentrer sur une femme en particulier. Le tout accompagné d’une production planante et envoutante que Nekfeu s’accapare à merveille. Le morceau se clôt sur l’explication du titre du projet et du morceau : “Tous les objets composant l’univers, les galaxies, les amas d’poussières, les astres, s’éloignent les uns des autres inexorablement… Comme nous“
10) Ciel Noir
“Ciel noir” est la sixième piste de l’album Les étoiles vagabondes. Avec quatre producteurs crédités à la composition de l’instrumentale, ce titre doit ses sonorités jazz au sampling d’une mélodie de trompette enregistrée par le tromboniste Troy Andrews.
Le titre use d’une structure peu commune avec quatre couplets entrecoupés de deux ponts, qui marquent tous les deux un changement de tempo et de cadence dans l’instrumentale. Une chorale est également utilisée lors du second pont. Les thèmes traités passent de la liberté et la fraternité dans le premier couplet, l’amitié dans le deuxième, et finissent avec le destin et l’existentialisme à travers le dernier couplet. Ce morceau, aux allures de message philosophique appuyé d’une production sublime et envoutante, marque de part son innovation et son aspect musicale.
11) Premier Pas
“Premier pas” est la douzième piste du projet Les étoiles vagabondes. Ce morceau évoque deux des voyages entrepris par Nekfeu pour enregistrer son album, comme il l’explique dans son film. Le premier a eu lieu Japon, où son équipe et lui se sont enfermés pendant deux mois pour commencer le travail de l’album, se dépayser et se ressourcer loin de la vie parisienne. Le deuxième voyage était en destination de la Nouvelle-Orléans, où il y a rencontré les musiciens locaux. En plus de la musique, ce sont les catastrophes naturelles vécues par Nekfeu dans ces pays qui rapprochent ces deux destinations : l’ouragan aux États-Unis, le séisme au Japon.
Le rappeur fait ainsi le lien entre ces événements, ses propres émotions et sa place face à la force de la nature. Le morceau connaît une suite dans l’expansion du projet, avec “Dernier Soupir”.
12) Όλα Καλά
“Όλα Καλά” est la seizième piste de l’album Les étoiles vagabondes. Ce titre aux airs gréco-turques s’inspire d’un style originaire de l’île du père de Nekfeu en Grèce, le Rebetiko, apparu dans les années 20. Il implique souvent des chants et séquences vocales féminines dans la production. “Ολά Καλά” est un idiome grec qui signifie “Tout va bien”.
C’est également l’une des rares chansons où le rappeur parisien est crédité à la production, et la seule sur le projet. Dans ce morceau, le rappeur parisien a un discours positif où il prône l’acceptation de la douleur et du destin. Nekfeu évoque sa relation amoureuse ainsi que le décès récent d’un ami proche, avant de se rappeler du positif présent dans sa vie et de sa réussite dans la musique.
13) Ken Kaneki
Peu de temps après la sortie du projet Les étoiles vagabondes, Nekfeu revient avec son expansion, rajoutant seize nouveaux titres à son projet. L’un d’eux, intitulé “Ken Kaneki”, représente à merveille le nouveau visage du rappeur dans ce projet. Ken Kaneki est le personnage principal du manga Tokyo Ghoul. Dans le manga, le héros passe par plusieurs états psychologiques résultant de diverses choses qui lui arrivent, allant de l’amour à la haine et la solitude; comme Nekfeu durant sa vie.
On connait sa passion pour ce manga notamment lorsqu’il porte le masque du héros dans le clip “Fausse note” du $-Crew. Ken est aussi le prénom de Nekfeu, de son nom complet Ken Samaras, ce qui rend la symbiose de ces deux personnages plus évidente et frappante. De plus, le morceau est accompagné d’une production mélodieuse et d’un refrain entêtant. Le rappeur parisien étonne une nouvelle fois avec ce morceau, dans lequel il arbore un flow rapide à merveille.
14) De Mes Cendres
“De Mes Cendres” est aussi un morceau issu de l’expansion de Les étoiles vagabondes qui représente son renouveau musicale plus heureux et personnel. L’instru de ce son est la même que celle du son Sentiments (en featuring avec Lonely Band), sorti sur l’album Nuit de Jazzy Bazz. Elle est légèrement pitchée vers le bas et plus rapide, sans doute pour s’adapter au timbre de voix de Nekfeu.
Le titre “De mes cendres” fait référence au phœnix, l’oiseau qui selon la légende, renaîtrait de ses cendres. De plus Nekfeu exprime cette renaissance aux derniers vers des couplets 1 et 2, d’abord au futur puis au présent, tout en s’adressant à sa mère.
15) Nouvel Homme
Ce morceau fait suite au précédent : “De Mes Cendres”. En effet, juste avant, Nekfeu faisait référence à sa renaissance, étant donné qu’il avait assassiné l’adolescence. Le jeune adolescent Ken est désormais un adulte, plein de maturité, un nouvel homme. Le morceau est appuyé par une production planante et mélodieuse, ornée de guitare. Nekfeu arbore un flow plus américain que d’habitude, et chantonne sur le refrain.
Le rappeur d’origine grecque montre aussi à travers ce texte qu’il a passé le cap de sa rupture, qu’il évoquait dans la grande majorité des morceaux du projet. Le voici avec une nouvelle femme, le tranformant en quelqu’un de mieux, de nouveau : un nouvel homme.
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