Chronique : “Art contemporain” des Sages poètes de la rue

CHRONIQUE RAP FRANCAIS

Des années 90’s, nombre de groupes et de rappeurs ont disparu des radars aujourd’hui. Mais parmi les pionniers du rap en France, certains continuent d’être actifs. C’est le cas des Sages Poètes de la Rue, composé de Dany Dan, Zoxea et Melopheelo. Outre leur tournée avec “L’âge d’or du rap français”, ils reviennent avec un album presque 20 ans après “Jusqu’à l’amour” en 1998. On a écouté le projet et on vous donne notre avis.

L’album commence par « Andre ». Un homme s’épanche sur sa vision de la musique “le vrai combat politique il est dans les idées, dans les textes” Exprimant la réalité de la société et du rap actuel. Après ça, on s’attend donc à des morceaux engagés  « faire des jeux de mots tout le monde peut en faire, il faut que ça aille plus loin ».
Le premier vrai morceau est “superstition”, un bon son introductif. On est pas subjugué mais pas de doute, la patte Sage po’ est présente.
C’est sur “Hype” qu’on commence vraiment à kiffer ! Déjà, le beat est bien violent, on se croirait presque à l’avant combat dans un film de boxe. Au niveau texte, le trio revient sur les soirées à l’ancienne,mais reste ancré dans le présent. Le groupe se positionne en créateur de Hype : « toujours en cadence, on crée des tendances ».

Viens ensuite “Timide mais sans complexe”. Plus doux, ce son montre qu’on peut faire des refrains chantés sans autotune. Il nous rappelle directement des sons à l’ancienne  comme “train de minuit” ou “on inonde les ondes”. Quand Dany Dan arrive sur le beat, on ressent toujours la même chose. Une aisance qui nous emporte instantanément dans son univers : « Quelque part à Tokyo ou dans le quartier des plaisir […] je ne fais que ce que je désire ».

Pour “16 traits, 16 lignes”, les Sages po’ invitent Iam pour, à notre connaissance, la première connexion entre ces 2 groupes légendaires. Comme prévu, le son est lourd, et chaque couplet est à la hauteur. L’instru fait penser à une musique de jeu vidéo style Final Fantasy, et c’est doux et puissant à la fois. Pour “Comme à l’époque du jazz“, ils s’essayent au vocodeur, et ce n’est pas trop une réussite mais l’instru jazzy (logique) et les scratchs en font tout de même un bon morceau. “Amour fauchés” et “planance poétique” sont dans le plus pur style sage po’ et passent bien pour les amateurs du genre.

On arrive sur la fin et le titre “A la recherche du rap perdu” intrigue. On touche à un sujet sensible. Le rap, les Sages po’ veulent : « le retrouver et ensuite le remettre au top ». Le track est en fait une sorte d’égotrip pour signifier qu’ils sont toujours les meilleurs, malgré les années « Nous étions là bien avant donc nous serons là après »

Armageddon”. La promesse d’un album contestataire dans l’intro était un peu oubliée. Mais ce titre à lui seul est une piqûre de rappel sur bien des sujets de société : Guizmo débarque avec son style bien à lui, parlant d’abord de son cas : “Le hall est ravagé, ma daronne est avachie / Mon re-frè m’a dit va taffer, tu dégages ou tu t’assagit”, pour ensuite généraliser le constat : “la fin est proche, demande à ceux qui se privent de tout”. Un morceau qui fait sens.

L’album se conclut par un bel hommage des 3 rappeurs à leur terre d’origine et à leurs ancêtres, sur une instru aux influences africaines, la chanteuse camerounaise Valérie Belinga amène sa douceur pour terminer l’album en beauté.

Les sages po’ ont donc su rester fidèles aux origines de leur musique, tout en essayant d’apporter quelques touches modernes, par les instrus notamment. “Art contemporain” ne peut que satisfaire les fans du groupe et est une bonne porte d’entrée pour ceux qui veulent le découvrir.

 

 

Sim
Sim

Dans la même rubrique

Recommandé pour toi