Chronique de ”Tant qu’on est là”, d’Hugo TSR

Ça y est, l’album tant attendu de Hugo Tsr est là. Plus de 5 ans se sont écoulés depuis la sortie de son précédent projet ”Fenêtre Sur Rue”, pourtant, l’attente des fans était grande. Il faut dire qu’Hugo est quasi unique dans le paysage rap actuel. Un rappeur indépendant, sans gros label derrière lui, ni ”grand frère dans le rap”, qui atteint les 10 millions de vues sur Youtube, avec des textes très sombres, engagés et révoltés.

A l’opposé de la tendance actuelle donc. Il faut dire que c’est le mantra d’Hugo depuis ses débuts : jamais dans a tendance, toujours dans la bonne direction comme le disait la Scred. Hugo aura traversé les époques gangsta rap, dirty south et trap sans jamais céder au chant des sirènes ui auraient pourtant pu lui rapporter plus. Non, lui est resté dans ses samples de musiques classiques, ses extraits de films ou d’émissions télés, toujours bien placés, et son rap noir et contestataire.

Des punchlines, beaucoup de mélancolie, et un rap brut

Au programme donc, 12 titres bien compacts. S’il y avait un seul reproche à faire à Hugo, c’est que c’est souvent la même chose : même ambiance, même humeur sur tout le disque, et depuis le début de sa carrière. Mais l’avantage, c’est qu’au moins, les gens savent ce qu’ils vont écouter quand ils appuient sur Play. Et ils ne sont jamais déçus.

Les punchlines fleurissent à foison, parfois egotrip, parfois juste pour décrire le paysage qu’il dépeint dans ses textes. Des lyrics terriblement réalistes, que ce soit sur lui-même, sur sa rue, sur les gars qu’il rencontre tous les jours, Hugo se sert uniquement de ce qu’il voit et qu’il ressent pour remplir ses disques. Pas de vies inventées, que du réel, et c’est pour ça que le disque est sombre.

Les paroles sont très bien écrites, comme lorsqu’il rappe sur le morceau ”Iceberg” dans lequel il se compare à un morceau de glace perdu dans l’océan : ”J’évite le soleil rester dans l’ombre c’est mon fardeau, petit bloc de glace on fait trembler les gros paquebots”, tout est là dans ce refrain : des mecs à la dérive, perdu dans l’immensité du monde, mais qui peuvent provoquer de grosses catastrophes.

Dans le décor, toujours les mêmes éléments : l’alcool ( ”J’suis pas le premier des blocs de glace à s’noyer dans un verre” ), les flics, la misère, le shit, le crack, mis en scène d’une main de maître par le lyriciste du 18ème arrondissement. L’album est très dense, très noir, avec une seule interlude, ç donne un peu l’impression d’une plongée en apnée dans les endroits insalubres de Paris Nord, en pleine nuit de préférence.

S’il fallait retenir certains morceaux du projet plus que les autres, ça serait ”Iceberg”, excellent, ”La Cage”, peut-être le mieux écrit de l’album, ”Les vieux de mon âge”, thème rarement abordé par le MC précédemment, et traité ici d’une main de maître. Vous connaissez également l’excellent morceau ”Là-Haut”, premier extrait du projet, ainsi que le deuxième ”Autour de Moi ” dont on vous parlait il y a quelques secondes. Mais le mieux reste d’écouter tout le projet d’un coup : ”Ce projet c’est un album pas une compil, faut l’écouter cul sec”, comme il le disait si bien lui-même.

On sent qu’au fur et à mesure que le rappeur prend de l’âge, il est de plus en plus déprimés,se coupe de plus en plus du monde qui l’entoure, un décor qui le malmène mais qu’il n’arrive pas à fuir autrement qu’en se cassant le crâne, et en rappant. A ne pas écouter si vous avez des tendances dépressives suicidaires, mais à écouter absolument si vous êtes amateurs de bon rap respectant les codes ancestraux de la rime urbaine !

Rémi
Rémi

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