[Chronique] Grems toujours aussi bon dans “Sans Titre #7”

Le Grems nouveau est arrivé, ça y est. Pas vraiment un retour dans les backs, puisque le rappeur n’a jamais réellement fait de pause. Mais il n’a jamais été vraiment présent dans ce rap game, de toutes façons. Grems est un vrai marginal, en dehors de toute compétition et de tout le jeu de promo et de diffusion en radio, qu’il rejette en bloc. Une manière de préserver son art des influences extérieures néfastes, un rap vraiment très particulier, loin de tous les standards du game en termes de musicalité, de flows, de technique.

Seulement voilà, à cause de son rap atypique, d’une mentalité visiblement sans concessions, et d’un rejet du circuit commercial par lequel le rap se vend aujourd’hui, le rappeur ne connaîtra jamais le succès comme un Nekfeu ou d’autres. Mais il a l’air de s’en foutre royalement, etça ne l’empêche pas de se surpasser à chaque nouveau son pour offrir quelque chose de vraiment original. Est-ce encore le cas sur “Sans Titre #7”, son opus sorti aujourd’hui? Voyons ça ensemble.

Technique, musicalité, flow et sens: le carré magique

Dès le premier morceau du projet, “Kuduru”, le rappeur nous épate avec sa technique, son humour, avec un morceau imprévisible et une prod qui est une sorte de fusion entre la trap et le jazz de piano-bar. Une tentative comme a l’habitude d’en faire le rappeur lyonnais, et très réussie, comme souvent. Et globalement, ça ne va pas s’arrêter pendant tout le projet, avec une succession d’ambiances musicales diverses, des flows hyper variés, mais toujours bien calés, et un projet qui s’écoute d’une traite sans problème malgré ses 19 titres.

Vous connaissez déja “Fantomas” et “Babyliss”, deux très bons morceaux, et la surprise suivante vient donc avec “Chicago”, un morceau rap sur une instru définitivement electro et hyper entraînante. Avec également énormément de punchlines, et c’est ça qui fait de chaque morceau de Grems un bonne surprise : “On peut s’faire violer par des policeman, c’est autorisé comme la corrida”. Des punchlines comme celles-ci, acerbes, et souvent très provocatrices, l’album en contient des milliers. Toutes les citer n’aurait pas grand intérêt.

Tout comme ça n’aurait aucun intérêt de citer tous les genres musicaux qui influencent le projet: trap, boom bap, jazz, electro, cloud rap, RnB, bref, il  y en a vraiment pour tous les goûts, et c’est très bien fait à chaque fois. Grems réussit à faire ce qu’énormément de rappeurs aimeraient bien pouvoir faire: allier sens, technicité, flows incroyables, et influences avant-gardistes. Car oui, il y a un peu de vocoder, un peu de trap, mais le projet est extrêmement intelligent, même si le rappeur ne manque pas une occasion de se foutre de la gueule du monde, du game, ou des règles.

De plus, il n’hésite pas non plus à  se livrer de manière assez personnelle, notamment lorsqu’il parle de paternité (sa fille serait à la DASS) dans “Apple Pomme”, et même s’il est toujours drôle même sur ce thème, on sent bien que cette situation le rend complètement fou. Bref, un vrai album de rap moderne, musical, très très bien rappé (on insiste car c’est le plus important), avec des gimmicks, qui respire la bonne humeur, mais en restant très intelligent. Bref, à écouter du début à la fin, sans hésitations!

Rémi
Rémi

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