Retour vers le classique: “Né Sous La Même Etoile” de IAM

CLASSIQUE RAP FRANCAIS

On étire doucement la semaine en poursuivant le Retour vers le classique qui vous accompagne chaque jour. A chaque jour sa chanson, de quoi voguer parmi la multitude des sons cultes que peut nous proposer le rap, français comme américain. Il y a certes les sons moins connus du grand public bien que tout aussi important évidemment, et puis il y a ceux qui sont réputés au delà de la simple sphère de la communauté du hip-hop. Ces sons qui sont absolument cultes pour un artiste, qui définissent à eux seuls toute sa discographie et qui, enfin, font le pari d’être dignes représentant d’un genre musical à part entière. Ils sont certes peu nombreux, car après tout quel artiste peut avoir la prétention de se mettre autant en avant ? Et pourtant, on ne peut que s’en rendre compte après coup, quand 20 ans après il s’agit encore et toujours du même titre qui revient en tête ainsi qu’à la bouche. Aussi, puisque le Retour vers le classique est bien là pour présenter ce genre de monument, aujourd’hui  nous allons nous pencher sur l’ultime classique “Né Sous La Même Etoile” de IAM.

Les plus accros au Retour vers le classique se remémorent très certainement déjà que IAM a eu sa place au sein de cette rubrique précédemment, afin de parler du non moins tout autant classique “Petit Frère”. Evidemment, au vu de la discographie du groupe, il est plutôt difficile, voir impossible, de ne se contenter que d’un seul son pour illustrer le travail de Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Imhotep, Kephren, et anciennement Freeman. Et il faut bien dire que quand on s’attaque à “Né Sous La Même Etoile”, on parle de classique dans son ensemble: groupe de rap classique, pionnier du genre musical et pilier central à son époque dite de “L’Age d’Or”, IAM se paye même le luxe de livrer un album tout aussi classique, marquant à tout jamais le rap français avec “L’Ecole du Micro d’Argent”. Probablement le son qui illustre le mieux la tracklist du projet, “Né Sous La Même Etoile” est l’hymne du groupe. Ce genre de chansons qui font dire à plus d’un: “Je n’aime pas le rap, mais IAM ça va, “Né Sous La Même Etoile” est une belle chanson”. Quand la poésie du rap prend donc tout son sens ! Et il est vrai que bien loin des habituels thèmes clichés véhiculés dans le rap, la formation marseillaise nous offre un rap conscient qui n’hésite pas à porter notre regard sur les inégalités sociales, entre riches et pauvres. Non, contrairement à ce que certains peuvent penser, il ne s’agit nullement de témoigner d’une origine commune, c’est même tout l’inverse du son ! Et on le comprend très bien au refrain (“Tant pis, on est pas nés sous la même étoile”). Cependant, là ou plus d’un rappeur puiserait parmi ses souvenirs et globalement son expérience personnelle afin de témoigner de la pauvreté, IAM ne prend aucun parti pris. Aussi le sujet est donc traité à travers le regard d’un jeune garçon, s’interrogeant sur sa condition sociale mais surtout sur la raison de la pauvreté qui le touche lui et pas un autre (“Les poches vides pourquoi les siennes sont-elles pleines de tunes ?”). Une incompréhension qui se pose comme le fer de lance de tout le texte, la répétition de l’adverbe “pourquoi” au premier couplet de Shurik’n accentuant d’ailleurs encore et toujours cette idée de questionnement perpétuel (“Pourquoi j’ai pas assez d’argent pour acheter leurs livres et leurs cahiers ?” ou encore “Pourquoi chez moi le rêve est évincé par une réalité glacée ?”). Une idée de désespoir est même évoquée au pont entre les deux couplets avec le sample de Soul Swing (pour le morceau “Je Peux Rien Faire”: (Je peux rien faire… Je peux rien faire, spectateur du désespoir…”). Comme pour marquer cette évolution d’esprit, on peut remarquer une certaine forme d’énervement dans le second couplet d’Akhenaton, en opposition à l’incrédulité du premier vers (“C’est une enfance ? De la pourriture, ouais !”). Cependant, il est à noter que le son ne verse jamais dans la violence verbale, et n’a aucunement recours aux insultes. C’est aussi assurément ce qui fait sa popularité auprès du grand public, peu habitué à l’argot ou à la vulgarité qui peut habiller certaines chansons.

On peut également noter l’instrumental qui ne dégage aucune atmosphère clinquante mais fait au contraire le choix de se montrer sobre et simple, soutenue par une note de violon répétitive, mettant en exergue le texte. Le tout pour un son qui est devenu plus que culte dans le rap français, une référence incontournable par delà le hip-hop, traitant d’un sujet qui, hélas, sera probablement toujours d’actualité. Rares sont les artistes à pouvoir livrer des morceaux aussi forts… Un classique intemporel.

image cover album l'Ecole du Micro d'Argent de IAM

Rabeat
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