Retour vers le classique: “L’Enfant Seul” de Oxmo Puccino

CLASSIQUE RAP FRANCAIS

Terminons la journée avec notre désormais traditionnel rendez-vous du Retour vers le classique. Aujourd’hui on est français, aujourd’hui on est old school, aujourd’hui on est avec un nouvel artiste en la personne de Oxmo Puccino. Et on ne peut parler du célèbre rappeur sans évoquer un son: “L’Enfant Seul”.

On parle souvent de la qualité et de la profondeur des textes lorsque l’on évoque nos classiques musicaux. Aussi, il est pratiquement obligatoire d’en venir à parler d’Oxmo, réputé entre tous pour son maniement des figures de style et des phrases chocs (ce qui lui vaut d’ailleurs son sobriquet de “Black Jacques Brel“. Artistiquement, le rappeur se fait connaître de par son appartenance au collectif Time Bomb ainsi que ses multiples collaborations avec les X-Men ou encore Lunatic. D’ailleurs, plus généralement, il est l’un des rares MC (si ce n’est le seul !) à avoir travaillé avec autant de rappeurs différents en 20 ans de carrière. En 1998, après avoir signé avec la maison de disque Virgin suite à la séparation de Time Bomb, Oxmo Puccino sort son premier album solo: “Opéra Puccino”. Et parmi la longue tracklist du projet (18 pistes) on retrouve notre sujet du jour: “L’Enfant Seul”.

Single de l’album et désormais morceau culte par excellence dans toute la discographie du rappeur, “L’Enfant Seul” nous raconte de façon particulièrement émouvante la souffrance d’un enfant plein d’amertume et livré à une solitude angoissante. On touche littéralement à la poésie avec ce texte, le premier couplet commençant immédiatement par une belle image (“T’es comme une bougie/Qu’on a oublié d’éteindre dans une chambre vide”), et l’idée de la solitude se poursuivant tout du long (“Une solitude qui te suit jusque dans le sexe” ou encore “Que le coup de gueule muet de l’enfant seul/Que personne ne calcule”). L’émotion des paroles ont touché chaque auditeur, et d’ailleurs au refrain le MC lui-même rassemble tout le monde, affirmant qu’il s’adresse à tous: “Viens-tu des bas-fonds/Ou des quartiers neufs ?/Bref, au fond tous la même souffrance”. Il est de toutes façons conscient de l’impact de son texte sur le public (“Mes mots s’emboîtent les gens s’y voient comme dans une flaque d’eau”) et jusqu’à la fin du texte il rassemblera tout le monde dans cet idée (“L’enfant seul c’est toi, eux, lui, elle”):

“Nous savons tous que personne ne guerit de son enfance”

Le second couplet accents la gravité des thèmes abordés, puisque, dérivant de la solitude, Oxmo va jusqu’à évoquer le suicide (“Pas trop de mots nobody n’a capté le sale souhait/L’envie de se laisser par le cou pendu”) en invoquant la responsabilité des parents. Cette façon de sans cesse nous rappeler que l’on est concerné par ce sujet, que l’on peut même probablement être cet enfant seul brise tout éloignement avec un “simple” storytelling comme c’est si bien le maitriser l’artiste (je pense ici notamment à “Hitman” ou encore “Alias Jon Smoke”).

Quant à la prod, elle est la fondation ultime du son, tant dans la musicalité évidemment que l’inspiration. Signée DJ Sek, elle est à l’origine un véritable coup de coeur d’Oxmo Puccino. Voulant tout d’abord posé immédiatement sur le son, il s’oppose à Hill G et Cassidy qui refusent de lui laisser l’instru. L’artiste récupère donc le sample de “Hill Street Blues” afin que Sek travaille dessus pour procéder à un échange. Le titre nouvellement récupéré est d’excellente facture mais encore à l’état de maquette, aussi le rappeur se décide à les dépasser et, porté par l’ambiance envoutante de l’instru, porte sa plume à écrire sur le thème de l’enfance. La recette d’une grande réussite… DJ Sek quant à lui, nourrit toujours quelques regrets par rapport à la reconnaissance du son, qui mériterait bien plus selon lui. Il aspire lui-même à le voir comme “un single comme une reconnaissance, au-delà du rap”. Qu’il se rassure, aujourd’hui encore, on retrouve tous cette part d’Enfant Seul en nous…

 

image cover album Opéra Puccino de Oxmo Puccino

Tracklist de l’album Opéra Puccino:

01. Visions de Vie

02. Black Mafioso (Interlude)

03. Hitman

04. Qui Peut Le Nier !

05. Peur Noire

06. L’Enfant Seule

07. Alias Jon Smoke

08. Peu de Gens le Savent (Interlude)

09. Amour & Jalousie

10. 24 heures à Vivre (feat. Akhenaton, Freeman, Le Rat Luciano, sit Baccardi)

11. Sacré Samedi Soir

12. Le Jour Où Tu Partiras (feat. K-Reen)

13. Sortilège

14. Black Cyrano De Bergerac (Interlude)

15. Mensongeur (feat. K-Reen)

16. La Lettre (Tant De Choses A Dire) (feat. Freeman)

17. La Loi Du Point Final (feat. Lino)

18. Mourir 1000 Fois

Rabeat
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