image cover album Le Code de l'Honneur de Rohff

Retour vers le classique: “Génération Sacrifiée” de Rohff

S’il est plutôt la risée du rap game en France ces derniers temps, notamment à cause de la qualité douteuse de son dernier album couplé à son clash plus que lassant avec Booba, il fut un temps ou Rohff régnait en maître dans le business. L’autroclamé “Padre  du rap game” a en effet bel et bien détenu ce rôle sans jamais avoir usurpé le trône ! Si nous n’allons pas aujourd’hui revenir sur les raisons de cette déchéance, je vous propose au contraire de vous remémorer le bon vieux temps, alors que Housni n’hésitait pas à nous livrer des morceaux aux allures de freestyles infinis, des couplets qui enchaînaient les rimes jusqu’à plus soif comme c’était le cas avec “Génération Sacrifiée”.

Si vous êtes du genre à prôner la suprématie du texte dans le rap, alors vous êtes à la bonne adresse, ou au bon son tout du moins. Pendant 07min, le rappeur enchaîne un couplet sans fin, un morceau fleuve dans lequel il dénonce l’impact du système sur sa génération mais également ce qu’il adviendra de la suivante. Cette pépite auditive est à découvrir sur l’album “Le Code de l’Honneur”, son tout premier opus. Une chanson à prendre comme le témoignage d’une jeunesse tourmentée, un constat plutôt qu’une plainte, car là est toute la différence ! Mélancolique mais pas amer, réaliste par dessus tout, l’artiste dénonce à tout va. Il dénonce en majorité l’Etat, évidemment, mais n’oublie pas non plus de recadrer les plus jeunes (“Quant aux mineurs qui agressent les gens dans la rue, méchamment/Un conseil : joue pas le malin avant que ce soit trop tard avant que tu fasses de la taule”). Globalement, lorsque je dis que Rohff dénonce l’Etat c’est qu’il lui reproche de ne pas se pencher réellement sur cette jeunesse, cette classe de la population vivant en HLM et même de l’éviter (“Tu sais très bien où ça se trouve, donc ne fais pas de détours !”). Egalement, le problème du racisme est abordé à travers plusieurs phases (“En France, même avec des papiers, t’es qu’un étranger”). Poursuivant, Rohff affirme que la délinquance et la pression que subit la jeunesse des quartiers n’est dû qu’à l’Etat (“C’est pas de ta faute ni celle de tes parents, c’est celle du gouvernement”). Malgré tout, le MC veut s’élever au-dessus et se positionne comme un homme de principe et d’honneur (“Et j’ajoute, que j’ai foi en Dieu, et l’enfer je redoute, j’ai des principes”). Il fait également écho à la génération suivante, arguant que l’exemple de la précédente risque fort de déteindre dessus (“En espérant que tes petites frères vont faire ce que tu n’as pu faire”). Mais aussi, ne voulant pas s’avouer vaincu, Rohff poursuit la tête haute (“Nous ne perdons pas espoir, nous resterons débrouillards”) scandant seulement sa mise en garde.

Un véritable rap conscient, dans lequel Rohff déverse tout son trop plein envers l’Etat. Ne jouant pas le thug, il se place cependant parmi les victimes dont il dresse le portrait de vie. Et, bien loin de l’envie simple de vivre dans l’illicite, il le présente bien comme la seule porte de sortie pour lui, mais aussi et surtout pour toute sa génération. Rohff a parlé, la voix de toute une frange de la population qui a donc forcément pu trouver écho auprès des intéressés. Pas étonnant donc que le rappeur fut ainsi propulser au rang de maître de son art ! Une génération sacrifiée qui résonne encore de nos jours…

“En gros je sais ce qu’est le mal et le bien
Et j’ai vu que nous faire du mal leur faisait du bien”

image cover album Le Code de l'Honneur de Rohff

Tracklist de l’album “Le Code de l’Honneur”:

01. Intro

02. Je M’appelle Rohff

03. Catastrohff

04. Rohff vs. l’Etat

05. Rohff vs. l’Etat 2 (Opération Vendetta)

06. Apprends à Vivre

07. Skyrohff

08. Le Bal des Voyous (feat. 113, OGB & la Sexion)

09. Galaxy

10. Les Nerfs à Vif (feat. Doudou Masta)

11. Du Fond du Coeur

12. Génération Sacrifiée

13. J’m’en Bats les Couilles d’Etre une Star

14. Manimal (feat. Intouchable, Demon One & Karlito)