[Classique] Joyeux anniversaire à Kokane, qui a 50 ans aujourd’hui!

Il y a des rappeurs qui peuvent très bien avoir influencé fortement leur musique, en inspirant notamment ses collègues actuels ou ceux des futures générations, tout en demeurant des mecs de seconde zone. Jamais vraiment sur le devant de la scène, ils peuvent être cantonnés à un rôle de “sparring partner”, ou de mec de l’ombre dont on ne voit pas pas la figure en haut des classements, mais on sait qu’il est là, autour des autres stars, en studio, à bosser avec elles. Demandez à Snoop, à Eminem, à 50 Cent, à Method Man, ils connaissent tous un rappeur dans leur entourage proche qu’ils estiment être meilleur qu’eux-mêmes, alors qu’ils ont moins d’exposition médiatique.

Kokane est un peu de ceux-là, les sparrings partners qui ont eu la chance de faire partie de la grande aventure West Coast / G Funk, sans jamais en récolter totalement les lauriers. Pourtant, il était dans le bateau quasiment depuis le début, puisqu’il avait signé sur le label de Eazy E, Ruthless Records, en 1989. Mais on peut dire qu’à l’image de beaucoup d’autres MCs, il a un peu payé ses choix de labels qui l’ont considérablement ralenti, ainsi que plusieurs coups de malchance qui l’auront un peu laissé sur le bord de la route. Dis comme ça, on a l’impression d’un rappeur isolé et boycotté.

Mais rassurez-vous, Kokane était loin d’être seul, puisqu’il a longtemps été un des invités favoris des stars de la G-Funk comme Eazy E, Snoop Dogg et Dr. Dre, sans oublier, évidemment, le talentueux et regretté Eazy E. Aux côtés des Goldie Loc et autres E-40, il aura véritablement fait partie du paysage californien, un soleil qui a rayonné sur le rap US pendant plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs, le rap West Coast semble aussi vivant qu’à ses débuts, grâce à une scène où les vieux de la vieilles côtoient la jeune génération comme Kendrick ou Schoolboy. Et tout ça, c’est aussi, un peu, grâce à Kokane et ses potes, qui en ont tenu le flambeau pendant toutes ces années.

Kokane, un véritable alchimiste

Si on le vente très souvent pour ses qualités de sparring partner, Kokane a également une discographie solo longue comme le bras. Certes, c’est normal, car en 30 ans de carrière, on a le temps de faire pas mal de choses. Mais bon, qui aurait pu croire qu’on pouvait sortir 14 albums de rap West Coast sans jamais vraiment tourner en rond ? Eh bien, Kokane l’a fait. Et il l’a même fait très longtemps, avec un premier projet sorti en 1991, “Addictive Hip Hop Muzick”, et un dernier publié en 2017, “It’s Kokane and no Lemonhead”. Il a même déjà un truc en route pour 2018, visiblement.

Le mec est un éritable accro à la musique. Et pas qu’à rap. D’ailleurs, ça n’est pas un hasard, il est dedans depuis la naissance, puisqu’il est le fils d’un producteur de la grande maison de disques Motown, Jerry B. Long Senior. Et on ne sait pas si c’est son père, ou le fait qu’il soit né dans le Bronx, puis ait déménagé à Pomona en Californie, mais tout ça lui a donné une touche incroyablement musicale, avec pas mal de chants notamment, à son rap. Une sorte de deuxième Nate Dogg, en somme. Mais on ne le remarque pas forcément dès le premier projet, qui est hyper rappé, presque parlé même, avec un flow vachement travaillé pour être traînant et nonchalant, comme dans “Nickel Slick Nigga”.

On ressent les influences West Coast, mais surtout dans l’instru et dans les thèmes. Son deuxième, par contre, qui s’appelle “Funk Upon A Rhyme”, est un classique de G Funk nouvelle génération. Mais Kokane fait ça à sa sauce : pas d’instrus comme celles de Dr.Dre, c’est Eazy E qui s’en charge. Ça se ressemble pas mal, mais c’est un peu plus sombre, un peu plus hardcore, moins construit pour être des hits, plus pour mettre en place une ambiance. Au niveau des textes, Kokane, comme son nom l’indique, fait du rap de dealer, en faisant implicitement référence au trafic et à la vie de gangster en général. Si on devait résumer la carrière de Kokane (ce qui est impossible, mais on va quand même essayer), on dira que c’est un mec qui a voulu donner un aspect très travaillé à un rap assez artisanal et personnel à la base. S’il suit la tendance du gangsta rap, il s’ne démarque en même temps par un aspect encore plus musical, en y incluant une bonne dose de chants notamment. Une identité qui lui colle encore à a peau jusqu’à aujourd’hui, pour le plaisir de nos oreilles.

Un sparring partner  de luxe et malchanceux…

Le hip hop est rempli d’anecdotes sur certains MCs qui étaient à deux doigts de devenir des stars internationales, mais qui ont loupé le train de peu. On pense à tous ces rappeurs signés sur les labels de Dr. Dre, P.Diddy, Jay-Z et autres dont on attendait qu’ils soient les prochaines vedettes, alors qu’ils ont finalement été rangés dans des placards, ratant la célébrité de peu. Kokane, lui, avait choisi d’être fidèle à Eazy E, et s’est donc fatalement tiré une balle dans le pied, en écrivant plusieurs clashs contre Dr. Dre et sa clique, sur son album de 1994. Il y a d’ailleurs eu très peu de collaborations entre eux au début des 90’s, probablement à cause d ela rivalité grandissante entre DeathRow et Ruthless.

Finalement, il a quitté le label après la mort de E. Deuxième gros coup de malchance: il était censé figurer sur l’album collaboratif de Tupac, “One Nation”, mais ce dernier est mort également. Entre temps, Kokane a pas mal bossé avec les mecs de Above The Law, en étant un invité récurent sur leurs projets comme “Uncle Sam’s Curse”. Puis il se réconcilie enfin avec Dre et Snoop, et commence à se connecter à tout le reste de la West Coast : E-40, Too Short, Xzibit. Il aura même la chance de faire le refrain du Posse cut “Some LA Niggaz” présent sur le légendire album “2001”. Une autre de ses apparitions notables, c’est sur l’album “The last meal” de Snoop Dogg sorti à la fin de l’année 2000. Tout ça, grâce à sa réconciliation avec Dre et sa participation à son album. Il a même signé sur Dogghouse Records, le label fondé par Snoop lui-même en 95.

Finalement, si on avait dû prendre une photo de toute la scène West Coast, on aurait quand même mis notre Kokane. Il a boosé avec tous les plus grands, a sorti des morceaux incroyables, même s’ils ne sont pas tous rentrés dans la légende ou le top album. Il aura été un des rares à participer à la guerre fratricide qui a eu lieu entre Dre et Eazy E, une époque où être un gangsta rappeur, ça n’était pas simplement dans les clips, mais aussi tous les jours dans la rue. Et il aura apporté à tout ça une touche de soleil supplémentaire, grâce à sa voix, son attitude, et lyrics crus et décomplexés. On lui souhaite donc un excellent 50ème anniversaire, en espérant qu’il mette toujours autant de soleil dans nos oreilles pour cet été 2018 ! Et ça a l’air bien parti, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Rémi
Rémi

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