Retour vers le classique: “III – Temples of Boom” de Cypress Hill

CLASSIQUE RAP US

On termine notre voyage de la semaine en Californie pour un ultime classique. Une fois n’est pas coutume, ce dimanche est l’occasion de se repencher non pas sur un son mais un album complet, et de parler d’artistes dont on a pas encore évoqué l’existence au sein de notre rubrique. Si je vous parle d’un groupe de rap californien qu’on ne présente plus, ayant connu sa belle période dans les années 90, vous devriez me répondre Cypress Hill,e t vous auriez bien juste ! Aujourd’hui, on traite de l’album “III – Temples of Boom”.

Considérés comme les pionniers, fondateurs mêmes du rap west coast tel que l’on vous en parle à longueur de temps, les membres de Cypress Hill ont su marqué l’histoire du hip-hop. Auparavant orienté vers la minorité latino de par leurs origines, le succès lié à leurs premiers albums a rapidement orienté le groupe vers une ouverture à un public bien plus large. Si bien qu’à la sortie de leurs troisième album, l’attente est forte. Le groupe a déjà pu s’illustre sur scènes à de multiples reprises, et enchaîner nombres de featuring, mélangeant les genres (collaborations avec Rage Against The Machine ou encore 7 Year Bitch). Une attirance pour ce style de musique qui sera toujours bien présente, Sen Dog s’en ira même former son groupe de rap-metal SX-10. Le 31 octobre 1995 sort “III – Temples of Boom” et s’avère être un succès immédiat. Propulsé à la 3ème place du Billboard 200 et au top des charts Rap, l’album parvient à se vendre à 1,5 millions d’exemplaires et ce, sans aucun single porteur assurant sa promotion. Par la suite, Boom Biddy Bye Bye”, “llusions” et “Throw Your Set In The Air” atteignent le top 100. L’album est intégralement produit par le DJ du groupe DJ Muggs,à l’exception d’un titre, Kill Hill Nigga”, que l’on doit à RZA (Wu-Tang Clan). En 1995, le troisième opus de Cypress Hill est certifié disque de platine.

Et pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est cet album a une ambiance pour le moins particulière ! Sombre voir même glauque diront certains au vue de la pochette, cette volée de marche qui semble menée droit vers l’Enfer. “Black Sunday” et son cimetière ne faisait pas forcément mieux, on peut dire que l’on reste dans le ton. Aussi l’on délaisse volontiers le côté funk y que l’on pouvait prêter à la formation pour s’orienter vers un aspect plus froid et dur. L’introduction elle même de l’album, avec le premier titre “Spark Another Owl” laisse réfléchir quand à l’orientation du projet: “Once again the powers of the herb open up the mind/Seek deep inside, tell me what you find/Come on…”. On le sait, Cypress Hill n’a eu de cesse de défendre et promouvoir les valeurs thérapeutiques du cannabis, allant même jusqu’à se rouler des joints sur scènes (ce qui leur vaudra une annulation de performance au Saturday Night Live entre autres). Et on retrouvera cette idée jusqu’à la toute fin de l’album avec le morceau “Everybody Must Get Stoned”.

Cependant, il faut également noter que la violence est tout de même bien présente, avec des titres tels que “Killa Hill Niggas” ou encore “No Rest for the Wicked” qui l’exprime clairement. Un lot d’attaques bien placées à Ice Cube et Mack 10 suite à une tortueuse affaire de plagiats qu’il serait bien difficile de démêler. Bien sûr, l’ensemble des autres rappeurs jugés trop faibles (les wack MC’s) sont également sur la liste. L”atmosphère horrifique reste planante sur l’ensemble des prods, “Stoned Raiders” ou encore “Make A Move” en sont les parfait exemples. Serait-ce une sorte de bad trip lié à une consommation excessive de la weed qui a précipité nos artistes dans cet univers que ne renierait pas Wes Craven ? Une atmosphère qui fait toute l’identité de l’album, le plongeant dans une torpeur pesante. Diamétralement opposé de ce que l’on attend en général d’un album rap, west coast qui plus est, comportant en règle générale sa portion de funk et autres rythmiques dynamiques.

De par cette incitation en tout début de projet à se laisser aller à ouvrir notre esprit, les gars de Cypress Hill ont su parfaitement construire leur album. Un concept qui se poursuit d’une piste à l’autre, nous donnant l’illusion d’être pris dans ce mouvement onirique. Rares sont les albums qui peuvent se targuer d’une structuration aussi pointue, et pourtant ils l’ont bien fait avec “III – Temples of Boom”. Temples of classic…

image cover album III - Temples of Boom de Cypress Hill

Rabeat
Rabeat

Dans la même rubrique

Recommandé pour toi