Retour vers le classique: “Real Muthaphuckkin G’s” de Eazy-E

CLASSIQUE RAP US

De retour sous le chaud soleil de la Californie pour notre Retour vers le classique. Autant vous prévenir de suite, il vaut mieux préparer vos chastes oreilles à ce qui va suivre car on attaque fort avec le diss song dans toute sa splendeur ! On a déjà eu l’occasion de nous pencher sur quelques egotrips, mais celle fois-ci l’attaque est frontale, directe et bien loin d’être masquée ! Ne faisons pas durer d’avantage le suspense, aujourd’hui on opère une rétrospective sur “Real Muthaphuckkin G’s” de Eazy-E !

Si vous avez bonne mémoire, on a déjà eu l’occasion de traiter ce genre de son avec le classique “No Vaseline” d’Ice Cube (oui, le titre annonçait bien la couleur). Rebelote cette fois-ci avec notre ami Eric Lynn Wright de son vrai nom. Comment se fait-il que le groupe N.W.A jadis si soudé ai autant périclité dans les relations entre ses membres ? Car à la base, on a là aussi un membre fondateur du crew ! Un proche de Dr. Dre et de Snoop. Et si je mentionne ces deux là, c’est bien parce que le son leur est directement adressé ! Si Ice Cube est parti en premier et n’a pas hésité à tacler Eric (notamment sur sa fameuse rencontre avec le Président des Etats-Unis de l’époque, George H. W. Bush), ce dernier prendra finalement la même orientation de carrière en quittant les Niggas With Attitude. Mais d’où vient ce clash soudain ? Rappelez-vous que déjà, Ice Cube dénonçait le manque d’égalité entre les membres et la suprématie du manager Jerry Heller. Et le fait que celui-ci privilégiait d’avantage Wright, au point que la société lui appartienne ! Dès lors, on est dans un véritable scénario de film ! Dre exigera que Eazy-E mette un terme à son contrat avec Ruthless Record, ce qui sera évidemment refusé par l’artiste. Comme Andre l’exprime lui-même:

“La séparation s’est faite quand nous avons ouvert les yeux. Heller a joué à diviser pour mieux régner. Plutôt que de veiller sur tout le monde, il a choisi de veiller sur un seul gars, et c’était Eazy.”

Là-dessus, le docteur demande à Suge Knight de s’en charger, notamment en surveillant Eazy-E et surtout les fluctuations d’argent sur ses comptes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on connait le bonhomme dans ce genre de sale affaire. Les menaces ne tardent pas à fuser, tout d’abord en avertissant que Heller est retenu kidnappé dans un van, puis, afin de s’assurer qu’Eric craque, Knight s’en prend à sa famille en signant au MC qu’il connait l’adresse de sa mère et peut frapper à tout moment. Evidemment, ça en est trop et Eazy-E n’a nul autre choix que de rompre le contrat (tout en étant en plus passé à tabac par les sbires de Knight, parce qu’après tout on est plus à ça près) !. C’est ainsi que l’aventure avec le groupe prend un terme définitif.

Mais pas la rivalité avec Dre, qui ne fait que commencer ! Et c’est le célèbre producteur qui ouvre le feu, avec le titre “Fuck wit Dre Day (and Everybody’s Celebratin’)” en featuring avec Snoop Dogg et issu de son classique album “The Chronic” (dont je vous invite à retrouver le Retour vers le classique précédemment rédigé).

https://www.youtube.com/watch?v=mkGwl6HrFRc

Au travers des multiples attaques du son, on retiendra principalement que Eazy-E est décrit comme un “wannabe gangsta”. La réponse ne se fera évidemment pas attendre avec le fameux “Real Muthaphuckkin G’s” sur l’album It’s On (Dr. Dre) 187um Killa”. En back, on peut d’ailleurs entendre Gangsta Dresta s’exprimer: “Damn E, they tried to fade you on Dre Day”). Le rappeur s’adresse directement à son ancien partenaire dès la première ligne (“Hey yo, Doctor, here’s another proper track”). S’il a bien quitté le groupe, Eazy bénéficie toujours de son contrat effectif avec Ruthless Records et donc, touche des bénéfices sur la vente des produits de Dre. Ce qu’il ne manque évidemment pas de rappeler (“When ya talk about sprayin me, the same records that ya/Makin’ is payin me”). S’ensuit les fameuses insultes qui auront marqué toutes les oreilles en confirmant que la guerre est déclarée: “Motherfuck Dre/Motherfuck Snoop/Motherfuck Death Row” et au passage, il n’hésite pas à s’en prendre à Snoop Dogg qui après tout à bien participer à l’histoire (“Fuck ya found an anorexic rapper/Talkin ’bout who ya go squabble with and who ya shoot/You’re only 60 pounds when yer wet and wearin boots”). Après ce couplet, c’est Gangsta Dresta qui vient s’y mettre. D’avantage distant à toute cette histoire, il ne fait que reprendre les insinuations de fake OG’s que se balancent Dre et Eazy-E en les généralisant à beaucoup d’artistes qui jouent les gangstas sans l’être réellement (“ain’t broke a law in yer life, yet every time you rap”). Une dénonciation qui, en soit, ne lui est pas propre et qu’aujourd’hui encore on peut retrouver. BG Knockout qui suit juste après avec son verse ose d’avantage se rapprocher de Wright et nomme Dre et Snoop dans ses vers (“Dr Dre and Snoop Dogy Dogg are fuckin actors” ou encore “Claimin my city, but Dre you ain’t from Compton”). A la suite, Eazy-E conclue le son avec un dernier couplet, martelant que Dre n’a rien d’un vrai gangster et qu’il ferait mieux de se calmer:

“Stay in your place and don’t step to Real motherfuckin G’s”

On peut le dire, la violence est de mise, et d’ailleurs, si ce morceau est un classique, c’est en partie parce qu’on peut raisonnablement le considérer comme l’un des clashes les plus mémorables du game ! Par la suite, les choses se sont calmées, chacun faisant son business dans son coin jusqu’à ce que Eazy-E émette le souhait de reformer N.W.A. Ice Cube donne son accord, et Dre est enchanté d’être contact par Eric. DJ Yella, MC Ren et Eazy-E se réunissent en attendant Cube et Andre, jusqu’à ce que Wright soit victime d’un malaise. Transporté à l’hôpital, on le déclare atteint du SIDA et qu’il ne lui reste plus que 6 mois à vivre. Considéré comme un “addict sexuel”, il avait perdu sa virginité à 12 ans et il est reconnu officiellement géniteur de neuf enfants nés de sept femmes différentes (officieusement, on peut assurément penser à beaucoup plus, à sa mort on lui reconnait 3 autres enfants, portant le total à 12). L’artiste succombe à sa maladie seulement un mois après le diagnostic (le 26 mars 1995) à 31 ans. Comme pour symboliser à nouveau la fin de leur beef, Dr.Dre lui rend hommage en se recueillant sur sa tombe dans les dernières secondes du clip “I Need A Doctor” (featuring Eminem). La fin d’un clash, la fin d’une belle amitié, la fin d’un rappeur emblématique de la West Coast. R.I.P Eazy-E…

image tombe Eazy-E

Rabeat
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