Le hip-hop peut remercier J. Cole et Dreamville pour Revenge of The Dreamers III

J. Cole et son label Dreamville ont compris ce qu’est, et ce devrait être le hip-hop. La compilation Revenge of The Dreamers III en est la preuve.

Nous y sommes ! Après les premières ébauches apportées par les EP 1-888-88-dream et Rotd3.Com, Revenge of The Dreamers III, la compilation menée par J. Cole et ses artistes de Dreamville Records est enfin là. Enfermé depuis longtemps dans cette image de MC faisant cavalier seul, le rappeur de Caroline du Nord a vraisemblablement changé son fusil d’épaule en optant pour l’ouverture.

Le résultat de cette remise en question profonde est un projet ambitieux pour lequel une centaine d’artistes (MC’s et producteurs) s’est rassemblée pendant dix jours en janvier dernier, aux Tree Sounds Studios en Géorgie. L’attente était grande et sans surprise, ROTD III s’annonce déjà comme l’un des albums hip-hop majeures de 2019.

Au total, 142 morceaux ont été enregistrés pendant les sessions studios, et 18 d’entre eux ont été retenus. Et même si forcément, tous les artistes initialement conviés n’ont pas eu la chance de finir sur la tracklist finale, celle-ci est pour le moins excitante. D’autant plus qu’elle fut tenue secrète jusqu’à la dernière minute. Un exploit dans une industrie musicale gangrenée par les fuites avant l’heure.

Un blockbuster du rap US

A l’affiche donc de ce véritable blockbuster du rap US, on retrouve bien entendu toute l’écurie Dreamville. J. Cole en tête, mais aussi Bas, J.I.D., Ari Lennox, Cozz, Lute, EarthGang, Omen, et Elite. Aussi comme prévu, de nombreux guests sont venus participer à la fête. Parmi eux figurent T.I., Young Nudy, DaBaby, Maxo Kream, Key!, Guapdad 4000, Baby Rose, Jace, Buddy, Smino, Vince Staples, Ty Dolla $ign, Mereba ou encore Dreezy. Une direction artistique principalement basée sur la découverte et la mise en avant de nouveaux talents donc.

Malgré ce choix assumé, on a quand même droit à quelques surprises inattendues et de taille. La plus notable étant la présence de Kendrick Lamar, bien que non crédité, sur le refrain du morceau d’ouverture du projet, “Under The Sun”. Au total, ce ne sont pas moins de 34 artistes et 27 producteurs qui ont façonné ensemble un magnifique projet musical. Preuve que le hip-hop est avant tout une grande famille et qu’elle a encore de beaux jours devant elle.

Cet album est beau, car comme on pouvait l’espérer, il rassemble le hip-hop contemporain dans toute sa diversité, sans aucune contrainte de collaboration, ni de structure. Toute le monde rappe avec tout le monde, qu’importe d’où il vient, qu’importe sa notoriété, et de la manière la plus authentique et naturelle qui soit. Ajoutez à ça une flopée de samples soul très inspirés l’ère Motown, et vous obtiendrez un ensemble harmonieux soigneusement orchestré par Cole et ses compères. La culture a parlé, maintenant, la postérité fera le reste.

Chose rare également par ailleurs, ROTD III a beau être long de dix-huit titres et accumuler une véritable escouade d’artistes, à aucun moment le projet traîne en longueur, contrairement à la majorité des albums de rap de plus de seize titres qui sortent aujourd’hui.

Plus qu’une compilation, ce projet prouve s’il en était besoin, que Dreamville s’est imposé, lentement, mais sûrement, comme l’une des famille musicale les plus importantes et talentueuses de l’Histoire du rap US. Son talent indéniable pour la curation artistique pourrait même bien faire trembler l’équipe de sélection des XXL Freshman. Blague à part, ensemble, ils ont surtout montré que l’union fait la force. Belle revanche les gars.

Avec ceci, un documentaire

Le projet était fou, mais la Dream team l’a fait. Il n’empêche que faire cohabiter en studio une centaine d’artistes sur une si courte période n’a pas dû être une mince affaire. Vous êtes curieux de savoir comment le capitaine J. Cole est parvenu à gérer tout son équipage sans accroc ? Toutes les réponses à vos questions se trouvent dans le making of du projet, un documentaire de trente minutes sobrement intitulé REVENGE.

Annoncé il y a quelques jours avec un premier teaser, le film nous plonge en effet dans les coulisses des Tree Sounds Studios en Géorgie. Mais plus que de nous montrer l’envers du décor, ce documentaire est surtout l’occasion de voir tout le gratin du rap US en plein travail.

Les figures phares de Dreamville Records sont évidemment de la partie, mais on croise aussi le chemin des gars de TDE, la famille musicale de Kendrick LamarMMG, celle de Rick Ross, le Hustle Gang de T.I. ou encore le Pivot Gang de Chicago porté par Saba. Des grands noms qui pour la plupart, bien qu’ils soient passés en studio, ont préféré laissé parler la relève. Et c’est tant mieux.

En témoignent la qualité du projet et de ses images, avec Revenge of The Dreamers III, J. Cole et les siens peuvent se vanter d’avoir redéfini les contours de ce à quoi devrait ressembler une compilation dans toute sa splendeur. Un travail d’orfèvre réalisé par une communauté éclectique de talents. Des artistes avec un grand A qui utilisent le meilleur de leurs capacités ensemble pour avancer dans la même direction. N’est-ce pas cela justement, le véritable esprit du hip-hop ? A bon entendeur.

Jérémie Leger
Jérémie Leger

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