Retour vers le classique : Koma – “Loin des Rêves”

La Scred Connexion a été, et est encore pour beaucoup de rappeurs, une influence majeure. Revenons avec nostalgie sur le titre “Loin des Rêves” de Koma.

Les phases de Koma ont été scratchées de nombreuses fois pour alimenter les sons de pléthore de MC de l’Hexagone. Sa plume franche, son bagou brut, mais soigné et son authenticité ont défini les codes de l’école rap orthodoxe du 18ème arrondissement parisien. Avec ses potes de la Scred Connexion, il fait partie des monuments de l’underground et son album Le Réveil, sorti en 1999, n’y est pas pour rien.

Marqué par le champ lexical du sommeil (rêve, nuit, bonheur, espoir…), le seul et unique album solo d’Ahmed Koma, a marqué au fer rouge l’époque, et reste encore dans les esprits quand il s’agit de citer des classiques du rap français.

Le titre auquel nous avons choisi de rendre hommage, Loin des rêves, est produit par Haroun, le beatmaker majeur du groupe. On retrouve ainsi une instrumentale taciturne typique du son de la Scred. La prod se compose d’une guitare emplie de mélancolie, celle Henry Salomon dans la chanson “Canción De Orfeo”. L’orchestration riche du morceau rend le tout encore plus mythique.

“Loin de rêves” de Koma : une ode d’espoir teintée de spleen

Dans “Loin des rêves”, Koma dépeint la réalité sociale froide et la routine maussade de son quotidien dont il souhaite réellement s’affranchir. Dès la première ligne le rappeur met les points sur les i en affirmant clairement qu’il n’a jamais fait partie de cette soit disant racaille : “J’ai jamais ressenti le besoin de jouer les bandits dans les parages”. Une phrase pouvant faire écho à son titre “Et si chacun”, également présent sur l’album Le Réveil. Son message est clair : refuser le mépris de certains tout en acceptant la main tendue d’autres.

Le refrain exprime d’ailleurs exactement cette envie d’évasion impossible

Loin de l’idéal, loin des rêves que l’on fait la nuit 

On voudrait s’évader mais c’est comme si nos pieds étaient pris

Viscéralement, il semble alors impossible pour lui de sortir de ce bourbier. C’est pourquoi il se contente de rester sur ce banc où il ne faisait que rêvasser : “Rester sur le banc, le soir, regarder les étoiles briller

SI la volonté de s’évader l’anime profondément, cette porte de sortie est trop souvent bloquée par un entourage d’influences néfastes : “Autour de nous des gens nous incitent à ne rien faire, glorifient le biz, le shit et les packs de bière

Les ambitions sont désormais affichées et assumées : s’il s’en sort, ça sera par la grande porte, fier : “Je veux sortir, partir la tête haute”. Cette phrase sonne alors comme un clin d’oeil à son acolyte Fabe et son titre “La tête haute tenue”, apparu un an plus tôt sur l’incontournable Détournement de son. Ce titre, comme “Loin des rêves”, comporte également de la remise en question ainsi qu’un message d’espoir.

Bien loin d’un discours de victimisation, Koma pose un regard objectif et apporte une critique rarement entendue dans le rap : “Je viens d’un endroit où les gens droits se font très rares, où l’on rit du malheur des autres avant de se voir dans un miroir

Déjà très fort dans son interprétation studio, ce morceau dévoile toute la puissance de son potentiel en live. Par exemple; une énergie particulière se dégageait du lieu, lorsque Koma était seul sur la scène de l’Antre Peaux à Bourges.

L’héritage de la Scred Connexion

Plus de 20 ans plus tard, “Loin des rêves” reste un classique. On ne se lasse pas du son, et à chaque nouvelle écoute, cette ode d’espoir d’une jeunesse désabusée, mais pleine de rêves prend un petit peu plus de places dans nos cœurs…

Aujourd’hui, Koma et son groupe ont survécu à l’épreuve du temps, ont étendu encore davantage leur influence en ouvrant la Scred Boutique à Barbes, et réalisant un grand nombre de projets discographiques depuis. Autre preuve de leur ont fait le tour des scènes francophones, que ce soit en Belgique, dans le sud de la France ou encore en Suisse.

Récemment, le groupe est revenu aux affaires en dévoilant un nouveau morceau clippé, “Résiste encore“. Présage d’un nouvel album de la Scred Connexion ou simple volonté spontanée de se réunir micro en main ? Quoi qu’il en soit, c’est un retour en force et chaque sortie de ces chevaliers du rap français nous rappellent qu’ils font partie de ceux qui rendent cette culture si belle.

Texte : Max Zin

HHC
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