Avant d’exploser à la face du monde, 2pac a comme tout le monde galéré pour se faire une place dans le milieu hip hop. Un temps sous-fifre pendant les tournées du Digital Underground, il s’est peu à peu imposé grâce à son tempérament hors-norme pour devenir l’icône qu’on connait aujourd’hui.
La rencontre avec Digital Underground
Quand il déménage en Californie en 1988, le jeune Pac a 17 piges et rappe avec un petit groupe nommé Strickly Dope. L’artiste réussit à se faire manager par Leila Steinberg, une promotrice de concert hip hop. La femme glisse alors le nom de tupac à Atron Gregory, le manageur des Digital Underground, groupe d’Oakland ayant déjà une petite renommée. Il lui demande une démo mais, problème, Amaru n’a encore jamais enregistré de titre. Il tourne donc une vidéo à l’arrache devant la maison de sa manageuse qui, évidemment, satisfera Gregory. Prochaine étape : séduire Shock G, un des leaders du groupe, chez qui il se rend pour rapper. Shock se souvient : “Pac se tenait debout et a posé quelques rimes pour moi. Il me regardait dans les yeux, se déplaçant légèrement. La diction de Pac m’impressionnait car je pouvais comprendre ce qu’il disait. A ce moment, il parlait de trucs hip hop vraiment idiots. […] Puis il a rappé quelque chose de plus politique. J’ai interpellé Atron, genre “Il est bon, il est bon”. L’affaire est dans la poche et Tupac est signé dans la foulée.
Tupac en “roadie” pour la tournée
Au moment où Tupac rejoint digital underground, leur titre tout en humour “Humpty Dance” devient un hit (Mais pac n’est pas dessus). Surfant sur ce succès, digital underground part en tournée en Europe, sans 2pac… Mais celui-ci trouve la virée trop longue et tient à enregistrer des nouveaux morceaux au plus vite. Atron sent qu’ils peuvent perdre pac définitivement. Le groupe veut l’intégrer seulement pour porter le matos et faire la “humpty dance”, mais il n’est pas vraiment dans la vibe du crew, qui joue d’effets comiques et danse sur scène. Pour autant Tupac n’hésite pas à les rejoindre : “oui oui je vais le faire, je pourrais être mort le temps que vous soyez de retour”. “Ce n’était pas un danseur, mais il a fait tout ce qu’il fallait pour devenir une star” confiera Chopmaster J.
Ses relations avec les filles rythment ses tournées
Comme dans toutes tournées de groupes de rap a minima connu, les gars sont entourés de beaucoup de filles. Et apparemment 2pac était réputé pour être un des plus farouches sur la chose. L’anecdote de Money-B, son partenaire de chambre, vient nous le rappeler : “Je m’en rappelle, une nuit, je l’ai vu littéralement se taper 6 filles. J’étais dans la chambre avec une fille. Il était là genre “Yo,Mon, c’est tout ce que tu fais ce soir ?”. Des rapports aisés facilités par sa personnalité. Pour Shock g : “Il avait ce charme qui faisait que les filles ne pouvaient juste pas dire non”. N’allons pas par quatre chemins, selon les dires de ses compères, 2pac couchait dans tous les sens. L’anecdote la plus folle est surement celle relatée par Chopmaster J pendant la tournée au japon : “Il y avait peut-être littéralement 75 ou 100 filles qui faisaient la queue pour le concours de suçage de bites. Le producteur était tellement embarrassé et avait honte. Beaucoup de femmes… Je pense que les autres filles pensaient que c’était la queue pour les toilettes. Non, c’était pour tupac”
Premier couplet, premier film
Shakur n’avait le droit qu’à 8 mesures à la fin de chaque show pendant la première tournée. Mais, déterminé, il restait ensuite à rapper ses phases avec passion dans la foule dispersée, juste pour le plaisir de la musique.
En 1991, 2pac est monté quelque peu dans la hiérarchie du groupe et les membres savent désormais qu’ils peuvent compter sur lui, notamment quand il s’agit d’embrouilles et de freestyles. Mais il n’est toujours pas la superstar que l’on connait. C’est grâce à Digital Underground que Tupac tourne dans son premier film en 1991 avec “Nothing but a trouble”. 2pac et les membres du crew jouent leur propre rôle avec le titre “Same Song” en fond pour un rendu bien funky. Ce morceau offre à la légende son tout premier couplet enregistré et diffusé !
A la suite de ça, 2pac (qui a joué dans des pièces de théâtres étant jeune) décroche un rôle plus important dans “Juice”. Connaissant un très gros succès à l’époque, le film est ce qui lancera vraiment la carrière de 2pac. Tout va très vite pour lui qui un an auparavant luttait pour se faire sa place au sein du groupe.
L’envol d’une star avec Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z
Tupac enchaîne sur son album solo “Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z” qui contient le tube I get Around en 1993 avec Shock G et Money-B. Le morceau devient un succès commercial énorme et le fait définitivement passer du côté des superstars. Tout s’enchaîne très vite, entre son nouveau statut et les problèmes judiciaires, au point que les membres de Digital Underground ne verront presque plus tupac dès ce moment…
Le manager Atron Gregory essaiera de garder son poulain dans ses rangs lors de ses visites en prison (tupac purge 9 mois pour agression sexuelle) mais celui-ci a déjà pris sa décision : il veut collaborer avec Suge Knight et Death Row. Hormis au détour d’un concert de LL Cool J, où les 3 potes pac, Mon et Shock G échangeront une dernière fois, leur relation tourne court, et ne pourra jamais reprendre, Tupac étant assassiné au sommet de sa carrière le 13 septembre 1996…
L’histoire retiendra que c’est avec Digital Underground que 2pac s’est établi en tant qu’artiste et en tant qu’homme avant d’exploser à la face du monde.
Source : “I Get Around: The Oral History of 2Pac’s Digital Underground Years”, Rollingstone.
