image a2h de son actu rap francais

A2h, l’interview : “Je me prends la tête pour faire de la musique de qualité tout en restant relax”

08Fanny est allée à la rencontre de A2h. Le rappeur à l’actualité bien chargée nous a parlé de sa vision de la musique, des femmes et de sa prochaine Summertape.

On a souvent l’impression que A2h c’est le genre d’artiste qui ne se prend pas la tête, qui fait ses morceaux sans trop se mettre la pression et ça se transmet dans tes sons comme King Chill par exemple…mais est-ce que c’est vrai ?

Non en vérité A2h se prend la tête pour essayer d’innover. Je ne suis pas un calculateur, je ne me dis pas “Je vais faire ce son pour que ça marche, ça va faire un single”. Ce n’est pas ma manière de faire, mais par contre, je me casse la tête pour essayer de trouver de nouvelles sonorités. Je suis quelqu’un qui écoute particulièrement du R’n’B mais j’essaye de teinter ma musique avec le reggae que j’écoute aussi. Je me prends la tête pour faire de la musique de qualité tout en restant relax.

Pour ta WinterTape Les hommes Pleurent En Hiver, je trouve que sur certains morceaux comme Pourquoi ou Sans Dire Adieu, tu t’es pas mal mis à nu… est-ce que c’est dur d’accepter de montrer ses émotions pour un homme dans le milieu du rap ?

Je ne suis pas quelqu’un qui montre ses sentiments dans la vie de tous les jours. Je suis plutôt le genre de mec qui aime rire et passer du bon temps, mais j’arrive plus facilement à me livrer en musique, j’écris ce que je ressens comme dans Pardonnez-moi, Elle Ne Veut Pas … Je raconte vraiment ma vie, ce n’est pas de la fiction. Mes proches apprennent souvent des choses sur moi grâce à mes morceaux.

“Mes proches apprennent souvent des choses sur moi grâce à mes morceaux.”

A2h est-il vraiment un homme à femmes ?

D’une certaine façon oui, mais je ne veux pas paraître misogyne car je ne le suis pas. Le fait d’évoquer souvent les femmes ou le sexe pousse les gens à te mettre dans la case de la misogynie, surtout quand tu fais apparaître des femmes en maillot de bain dans tes clips. Quand je l’ai fait, j’ai toujours trouvé qu’il y avait une raison, ce n’est pas gratuit. Le plus beau moyen d’illustrer un morceau sur les femmes, c’est de les mettre à l’honneur dans un clip mais j’essaye toujours de faire ça sans vulgarité.

Qu’en est t-il du clip Les Yeux Dans Les Yeux ?

On a décidé de prendre deux filles qui ne sont ni gogo danseuses, ni modèles, juste lambda. On a décidé de faire une scène lesbienne et donc de mettre vraiment la femme en avant puisqu’il n’y a pas d’hommes. Je trouvais l’idée cool. De mon point de vue, j’ai l’impression de bien traiter la femme dans mes visuels et mes paroles. La seule chose que tu ne peux pas contrôler, c’est la lecture que font les gens font de ta musique.

Ta mère est souvent à l’honneur dans tes morceaux… Est-ce pour toi une manière de la rendre fière ?

Quand j’étais jeune, je n’ai pas toujours été un enfant facile. Maintenant, on s’appelle régulièrement, on parle de tout, mais quand j’étais jeune c’était l’enfer, je ne supportais pas l’autorité. Mais maintenant que tout ça est derrière nous, je lui rends hommage.

Quel serait le message que tu voudrais faire passer à travers ton rap ?

J’ai appelé mon dernier album Libre, car c’est ce que je défends : la liberté. On vit dans un monde où on n’est plus vraiment libre de beaucoup de choses, car même si tu veux l’être, tu es dépendant de trop de choses comme des réseaux sociaux, etc. J’aimerais défendre l’idée d’être un peu libéré de tout ça, car de nos jours prendre du bon temps est devenu un luxe, mais se faire plaisir devrait être normal. Je défends des valeurs comme l’unité, le partage, l’amour… je trouve que mon rap est politisé finalement.

Dernièrement tu as revisité des Classic du R’n’B et tu as fait de nombreuses vues, faisant +116k pour Suga Suga … Comment t’es venu l’idée ?

L’idée est venue il y a longtemps grâce à des potes à moi qui m’ont dit que je ne mettais pas assez en avant mon côté beatmaker. Du coup, je me suis dit “Pourquoi ne pas reprendre des classiques, des morceaux que tout le monde connaît et faire des remix avec ?”. Il n’y a pas longtemps, j’étais chez moi et j’ai entendu Suga Suga et je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose avec ce son. J’ai commencé à bosser la prod et j’ai posté ça sur Snap et les gens était chaud à l’idée que ce morceau soit diffusé. Du coup, j’ai écrit un couplet et j’ai tourné la vidéo en bas de chez moi. Je trouvais l’idée cool de sortir trois sons inédits comme ça.

Selon toi, est-ce que le rap “Old School” est mort aujourd’hui comparé au rap sale qu’on entend de plus en plus en ce moment comme par exemple Damso et son nouvel album Ipséité ? 

Ce que j’aime chez Damso, c’est sa musicalité, je trouve qu’il a une manière de chantonner bien à lui et une putain de personnalité. J’ai beaucoup aimé son album car la vulgarité ne me dérange pas, mais je peux comprendre que ça déplaise. J’aime bien la vulgarité quand c’est bien fait et je trouve que Damso et Booba le font très bien.

Lors de ton interview pour La Sauce sur OKLM Radio en mars dernier, on t’a posé la question de “ce qui te manquait pour être diffusé en radio” et tu as répondu que c’était peut-être un manque de participation de tes collaborateurs, tu ne faisais peut-être pas le bon morceau au bon moment… Tu n’as jamais eu envie de changer d’équipe justement et trouver LE staff qui te porterait au succès radiophonique et plus encore ?

Pour être honnête, j’aimerais bien, mais la réalité est toute autre. C’est difficile de faire un morceau avec un artiste plus exposé comme Nekfeu par exemple, il faut qu’il soit dispo et partant pour faire un son et te donner de son temps et de sa visibilité. Peut-être que Nekfeu serait partant pour refaire un son avec moi, mais je ne suis pas trop un type qui s’impose avec les gens, je ne me permettrais même pas de demander.

Est-ce que tu dirais qu’A2h est un artiste indépendant dans ce cas ?

Pas du tout (rire). J’aimerais bien que ça pète et être une pop star à la Lady Gaga. Je pense que c’est une histoire de moyen aussi, je fais tout grâce à mon label Palace Paradise sans avance de maisons de disques.

“J’aimerais bien que ça pète et être une pop star à la Lady Gaga”

Est-ce que tu comptes beaucoup sur tes fans et leur engouement pour diffuser et partager ta musique ?

J’aimerais bien oui. Je pense qu’aujourd’hui ça marche mieux car les gens qui kiffent A2h se rendent compte que je suis moins exposé. J’ai l’impression que les fans veulent de plus en plus m’aider à m’élever, car ils se sentent concerné par ma carrière. Ce serait une grande fierté pour moi que ça marche seulement grâce à l’engouement du public. J’ai beaucoup d’amour pour mes fans qui agissent comme ça.

Qu’est-ce que tu peux nous dire de ta SummerTape à venir ? Quels sont les thèmes que tu vas aborder ?

Je la trouve super chaude ! À mes yeux, c’est la meilleure des trois que j’ai déjà faite, car c’est la dernière avant de me mettre à bosser sur un nouvel album. Il y aura des morceaux hyper summer que j’ai bossé avec Eazy Dew et Kobé, et des morceaux plus personnels que j’ai composé moi-même à la guitare. C’est un condensé de tout ce qu’on a appris à faire ces dernières années.

Est-ce les fans ont un espoir de revoir un morceau comme Grenadine ?

Oui, je peux même te dire en exclusivité qu’il y a une sorte de suite à Grenadine qui s’appelle De Juillet à Septembre. Avec Kobé, qui a fait la prod de Grenadine, on a crée une marque du même nom qui sera commercialisée la semaine prochaine. Je ne voulais pas que ce titre meure car c’est un de mes préférés, ce n’est pas de la fiction et cette personne dont je parle existe vraiment.

En résumé, quel serait pour toi le plus beau souvenir dans ta carrière ?

J’en ai énormément, mais celui que je garderai serait la première tournée que j’ai faite pour mon album Bipolaire avec mes potes Destin et DJ Haze. C’était la première fois qu’on allait au contact de nos fans comme ça, les gens venaient vraiment voir A2h en solo et pas A2h en tournée avec d’autres artistes. Le Red Bull Music Festival a aussi changé l’opinion que les gens avaient de moi quand je suis arrivé sur scène avec ma guitare. Les fans et les professionnels ont pu voir que A2h n’était pas seulement un rappeur mais aussi un artiste.

 

Propos recueillis par Fanny Hill Scott