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La longue lettre ouverte de Nas à propos de Trump et de la société américaine [Trad]

Voici la traduction de la lettre poignante de Nas écrite sur Mass Appeal et nommée “Action louder that speak. Il est question de l’identité afro-américaine, des difficultés engendrées et du poids de la volonté pour changer les choses. Du Nas tout craché qui nous rappelle son fameux morceau “I can”.

Les actions sont plus parlantes que les mots

Le seul moyen pour un noir de se faire une petite place aux États-Unis, c’est s’il se met dans la position d’O.J [Simpson]: “je ne suis pas noir, je suis O.J”. Quand tu ignores ce qui arrive aux gens, tu peux vivre dans cet imaginaire. Un imaginaire américain auquel tu appartiens… Qui ? Tu ignores ce qu’il se passe, cela te donne la paix. Car ce qui se passe est bien assez pour rendre les gens fous.

Un type s’est fait lynché au parc Piedmont à Atlanta, et les flics ont décidé que c’était un suicide. […] Nous, les noirs nous nous faisons tuer. Donc si tu veux rester à rien faire et ignorer ça, prends la même voie que O.J. Juste, rappelle-toi que même lui doit faire avec ce choix à la fin de la journée.

Donc, quelle est ma position ? Celle d’un homme qui fait ce qu’il a à faire. Faire ce pourquoi je suis né. Personne ne peut me dire qui je suis. Personne ne peut me dire ou je peux aller et ne peux pas aller.

Personne ne peut me dire ce qui est juste en se basant sur ce qui marche dans le système et penser m’avoir. Nan.

Le créateur nous a crée pour faire ce qu’on a faire, je fais cela. Je ne fais pas attention aux politiques actuellement. Pourquoi ? il n’y a pas de raison. Pour moi, ça n’a aucun sens. On sait tous qu’un raciste est à la tête de l’Etat. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Les gens peuvent dire des choses racistes […]. Mais quand tu as la responsabilité d’être président et que tu continue à être comme ça, ça envoie le message fort que les personnes en dehors d’un certain groupe ne valent rien.

[…] Ma façon de traiter ces questions se fait à travers mon travail. Quelque soit le président en place, cela n’affecte pas directement mon travail. La manière dont ça affecte les gens, c’est ce qui m’affecte. J’observe ce qu’il se passe et cela compte dans mon processus créatif. La personne en elle-même ne m’intéresse pas. Je n’ai pas le temps pour Trump ou Pence (le vice président). J’en ai rien à foutre.

“La manière dont ça affecte les gens, c’est ce qui m’affecte”

Ce qui m’importe c’est ce qui arrive aux vrais gens dans leur vie de tous les jours. Comment ils se comportent, quelles décisions ils prennent et comment cela affecte leur famille. Donc je parle aux gens de tous les jours. Je parle à tout le monde. Si les gens sont dérangés par quelque chose, je parle de ça. Si les gens sont dérangés et veulent changer, je parle de ça.

C’est la même chose que quand j’étais gamin et que Ronald Reagan était président. A cette époque, ma voix ne voulait rien dire pour personne. Je m’en foutais. Tu sais ce qui est différent aujourd’hui ? Je suis plus vieux, donc plus responsable. Ça veut dire que je me préoccupe de ce qui arrive à mon pays.

[…] J’ai mes propres choses à dire et je dis mon ressenti au micro. Parfois, certaines personnes me demandent : “Pourquoi tu n’as pas dit ça ?” ou “Pourquoi tu n’as pas parlé là dessus ?”. Il y a des millions de gens dehors avec des millions de points de vues, et je les entends tous. J’ai parlé de tout. J’ai pensé à la plupart des choses auxquels les gens peuvent penser. Je bouge à travers l’action. Ma musique est action. Ce que je vous donne à travers ma musique, c’est mon action.

“Ce que je vous donne à travers ma musique, c’est mon action.”

J’aime l’idée d’aider des enfants du centre-ville qui veulent apprendre. Les aider à être plus. Je veux que tu sois comme tu peux être, car on ne sait jamais. La présidence semble tellement loin. Mais Barack Obama a changé le jeu, et maintenant, que tu sois une femme ou un latino ou qui que ce soit, tu peux sentir qu’être président peut être un objectif réel. Gagner les élections peut être réel pour quelqu’un dans ce pays, si c’est ce que tu veux. […]

J’ai déjà fait toutes les choses que j’avais rêvé de faire, même si il y avait un Ronald Regan, même si il y avait des lois sans pitié détruisant la communauté noire, mettant des tonnes d’entre nous en prison sur de fausses accusations, et nous mettant en taule pendant longtemps pour des crimes commis pendant que d’autres personnes se faisaient juste taper sur la main pour ça. Au fond, c’est de l’esclavage. C’est comme dans le documentaire de Sacha Jenkins “Burn, Motherfucker Burn !” quand ce gars dit : “Je vois les noirs comme des animaux supérieurs”. Tu vois de quoi je parle ?

Depuis que je suis né, des gens ont imposé des lois visant les dites minorités pour, dans un sens, nous garder esclave. J’ai survécu à ça.

J’ai lu la philosophie asiatique étant ado, donc je pèse toutes choses. J’ai la tête plus froide grâce à ça. Si j’ai fait tout ça, maintenant nous pouvons faire beaucoup, tu comprends ? Surtout à cette époque avec toutes les ressources que nous avons, toutes les informations de toutes les époques. Et ce, que Trump soit président ou non. Je n’ai pas le temps pour le blabla, j’ai du temps pour l’action. A chaque fois que je parle, c’est de l’action.

“Si j’ai fait tout ça, maintenant nous pouvons faire beaucoup, tu comprends ?”

Le clip de “I Can” de Nas :