image du son Dans la Sono de Beat de Boul

Retour vers le classique: “Dans La Sono” de Beat de Boul

De retour pour le retour du Retour vers le classique ! Cela faisait un petit moment que je ne vous avait pas rapporté un bon vieux classique de chez nous, et il faut dire que cela commençait à manquer. Après une bonne période US et surtout notre phase d’hommage à Mobb Deep et à Prodigy, nous revenons aujourd’hui vers les premiers amours de certains d’entre vous. Vous savez, ce genre de sons qui vous ont peut-être fait découvrir le rap, qui vous ont appris à vous immerger dans son style, dans la culture hip-hop en elle même. Aujourd’hui, nous allons parler de Beat de Boul avec le son “Dans La Sono”.

Un label classique…

Je parlais justement hier de l’énorme label américain Def Jam, mais nous avons nous aussi notre part d’histoire en France marquée par certains noms. Des artistes, des groupes, encore actuels ou passés mais qui dans tous les cas ont su s’imposer en tant que références pour offrir au rap son visage d’aujourd’hui. Et si l’on parle de label, alors il faudrait très certainement mentionner le bon vieux Beat de Boul.

Comme l’indique au plus fins connaisseurs l’abréviation de son nom, il voit le jour à Boulogne-Billancourt, bien connu d’un certain Booba notamment (Hauts-de-Seine). Ce sont toutefois les Sages Poètes de la Rue qui le fonde en 1995, l’appelant toutefois Beat de Boulogne à l’origine (on le trouvera plus tard stylisé également en Beat 2 Boul). La connexion se fait entre plusieurs artistes de l’époque, tels que Lim, Lunatic ou Zoxea. Booba et Ali quitteront toutefois le collectif pour rejoindre Time Bomb. 1997 restera une grande année dans l’histoire de Beat 2 Boul puisqu’elle est marquée par l’EP “Dans La Sono”. Un album totalement produit par les Sages Po’, mettant ainsi en valeur leur entourage (on notera les apparitions de Mo’vez Lang “Original Future Style”, Malekal Morte “Catch à l’Arrière”, Sir Doum’s “Je Lutte en Riant”).

…un son qui l’est tout autant

Si l’on doit résumer Beat de Boul avec un seul titre, c’est sans aucun doute possible avec “Dans la Sono” qui est assurément le véritable hymne de la connexion. Son intro, sample de “Qu’Est-Ce Qui Fait Marcher Les Sages” des Sages Poètes de la Rue, témoigne dès le début de l’héritage du morceau. Par la suite, on retrouve Mala, Dany Dan, Zoxea et Sir Doum’s. Les artistes s’associent parfaitement bien pour donner toute son importance et son style au morceau. On notera également la reconnaissance des plus jeunes envers les anciens, Mala dédicassant Zoxea dans son couplet (“Car j’ai la médaille du MC champion comme Zoxea”) ainsi que Sir Doum’s plus loin (“Sir Doum’s, commandé par Zoxea”). Du reste, l’egotrip est mis à l’honneur avec son lot d’arrogance et de punchlines. On relèvera toutefois le message de Mala clôturant son couplet, plus profond et sensé que ce à quoi on aurait pu s’attendre initialement (“Ichi (hum..), ici on kick tous ceux qui se disent Messie/C’est la joie, la gaîté, y a que des faux nègres et des harkis”).

Dany Dan à la suite illustre cette génération de MC pleine d’ambition (“De thune, d’énergie, j’émerge ici, j’ai pris de l’ampleur”). On n’est pas non plus en reste au niveau de la technique avec le jeu du mélange de prononciation français/anglais du rappeur sur ses rimes. Un couplet certes court mais intense, qui permet à l’artiste de mettre en avant son énergie et sa maitrise du style. C’est une manière de laisser place à Zoxea qui enchaîne, le patron remercié par les autres venant enfin poser sa voix. Lui aussi décidé à poursuivre l’egotrip (“On aurait dû déjà les faire taire depuis le temps qu’ils saoulent”). Toujours dans la mise en avant, multipliant la domination sur tout le reste, Zoxea laisse place aux rêves et à l’espoir en fin de couplet (“Si mes tracks pèsent un jour, grâce à Dieu j’aurai mon ranch à Southampton”). Une façon de terminer sur une note positive qui, de fait, donne ainsi crédit à ses dires précédemment exprimés.

Enfin Sir Doum’s vient remplir sa part du contrat en signant un quatrième couplet afin de clôturer le son. Lui aussi tenant à nous faire preuve de sa maitrise lyricale, il enchaîne les rimes et les sonorités (“Du haut de mon édifice, j’éclate fort avec des rimes artifices/Je suis pacifiste mais ma voix tue tout comme un sacrifice”), ainsi que les jeux de mots (“procureur/pro-tueur”). Il assume également leur vantardise commune sur le morceau et la revendique même (“Arrogant, viens voir les MCs se vanter de gloire”). Cependant, il se laisse toutefois aller à quelques phases plus sérieuses et sentencieuses (“Les temps sont durs, sûr, la vie c’est pas comme un jeu/Il suffit pas d’un coup de chance, la vie c’est pas comme un vœu”) tel un message à faire passer. Une excellente initiative, conférant ainsi au son un réel apport.

 

Faire l’association de plusieurs artistes de qualité entre eux, cela ne peut que donner lieu à un travail réussi n’est-ce pas ? Du moins, c’est assurément le cas pour Beat de Boul. Si l’on peut garder le nom dans l’histoire, ce n’est assurément pas volé, et s’il en faut une preuve, “Dans la Sono” est assurément le son référence qui achèvera de vous convaincre. Un véritable classique pour le rap français, d’un collectif dont on ne peut que déplorer la disparition aujourd’hui. Mais l’histoire se poursuit, après avoir été marquée comme il se devait. Dans le classique

https://www.youtube.com/watch?v=bxSVD4eOLEE

image cover album Dans la Sono de Beat de Boul
pochette de l’album Dans la Sono de Beat de Boul