[Chronique] : Swift Guad vous balade dans son ”Vice & Vertu 3”

On l’attendait, cet album de Swift Guad, après l’excellent projet “Masterpiece” ,sur lequel le rappeur avait semble-t-il atteint un cap en termes d’influences musicales. Après ça, terminé les codes “traditionnels” de l’indé. Place à la diversité, même si des morceaux comme ”Des épines et des ronces” récemment montrent que le rappeur n’a rien perdu de sa noirceur et de sa lucidité. Ce ”Vice & Vertu 3”, c’est donc un projet duquel on peut tout attendre. Et ça, c’est un sentiment qu’on aime beaucoup, lorsqu’on écoute des projets à longueur de temps : cette incertitude, cette attente.

Car il faut dire que les singles qui sont sortis pendant ces derniers mois brouillent les pistes plutôt que de les éclaircir. Et c’est là où Swift Guad est fort : il a voulu nous indiquer que dans ce projet, il allait tenter beaucoup de choses. Car entre le morceau dont on parle précédemment, avec Jarod et 3010, ou ”La Douche” avec 25 G, ou encore ”Fratello” avec Laylow , c’est le grand écart aussi bien au niveau des univers musicaux que des flows ou des thèmes. C’est donc avec beaucoup de curiosité qu’on va écouter cet album, qui promet d’être un bel OVNI.

”Vertu, vol.3”

Comme on vous l’a répété plusieurs fois l’album de Swift est en fait un double album, une partie ”Vice” et une partie ”Vertu” de 12 titres chacune. Et on va commencer par la partie ”Vertu”, comme on est des bons gars. Une partie avec de vraies prises de risque musicales : ”Fratello” avec Laylow, ou encore ”Choqué”, ou le morceau ”Silhouette” avec Kenyon. Les deux derniers, surtout, pourraient être diffusés en radio, même si Swift Guad n’abandonne pas non plus ses punchlines explicites pour public averti. On n’aurait pas trop cru pouvoir entendre du Swift sur une intru reggaeton / dancehall, mais finalement, il ne se débrouille pas si mal que ça, même si ça n’est pas dans ce registre qu’on le préfère.

Finalement, il est beaucoup question d’amour dans cette partie ”Vertu” avec les morceaux ”Consommer”, ”La nuit à Paris”, ”Je Tourne en Rond”, ”Silhouette”, ou plutôt du rapport de Swift aux femmes en général, avec beaucoup de désillusions, mais une certitude que l’amour existe, même s’il l’a peut-être laissé partir. Plus généralement, c’est la partie du double album qui est la plus ”douce-amère”, avec tout de même pas mal de morceaux entraînants, mais aussi de morceaux un peu raisonnés, mais il y a également des morceaux assez dépressifs comme ”Black Circus” et ”Barabas’‘. Beaucoup de tentatives avec certaines très réussies comme ”Fratello”,”Poison”, d’autres un peu moins comme ”Silhouette”, et des morceaux un peu plus « habituels » pour Swift. On reprocherait peut-être juste un petit manque de cohérence dans les ambiances.

”Vice, vol.3”

On devrait normalement arriver au côté plus sombre, un domaine dans lequel Swift a toujours excellé. En commençant par un gros egotrip hyper efficace, ”Fenerbacce”. On profite de ce passage pour saluer l’excellent travail des beatmakers, Blixx MacLeod et Willy Bank pour ceux qu’on a pu trouver, aussi bien sur la première partie que sur la deuxième. Que ce soit la trap ou les morceaux plus dansants, tout est très bien fait, original, pas répétitif, bref, on apprécie ! Revenons à la deuxième partie. Swift Guad y est beaucoup plus énervé, à mi-chemin entre la rage et l’air désabusé, comme en témoignent les excellents morceaux ”Bourbon”, ”L’addition”, ”Des épines et des ronces”, entre autres.

Pas mal d’egotrip, contrairement à la partie ”Vertu”, t en même temps, c’est bien normal : la vanité est un vice. Avec tout un tas de punchlines plus folles les unes que les autres, comme ”on a pas trop assumé, on a dav-bé du pneu, la dernière go qui m’a sucé a fini par cracher du feu”. On retrouve un Swift plus torturé par la course à l’oseille, mais avec également de belles tentatives musicales comme ”C’est l’enfer” avec Hemay et Reejo, où on croirait presque retrouver Alkpote parfois dans quelques unes de ses lines. Et c’est un compliment. Globalement, comme on peut le voir dans ”Daytona”, Swift a trouvé son créneau pour utiliser l’autotune sans que ce soit désagréable, ça passe même plutôt bien. Et il prouve surtout que c’est un technicien hors pair comme dans ”La Neige”.

Bref, vous l’aurez compris, la partie ”Vice” est un peu plus réussie que la partie ”Vertu”, et c’est bien normal : Swift Guad est toujours un peu sombre, même sur sa partie plus ”positive”. Mais la première partie renferme également beaucoup de très bons morceaux. On est ravis que Swift ait autant élargi ses horizons, avec une vraie maîtrise la plupart du temps. Mention spéciale aux nombreux invités, Jarod, Seth Gueko, Iron Sy, Ixzo, Laylow, et tous les autres, qui sont globalement tous bien au niveau, pour un album assez homogène en termes de performance, de la part de tous. Commencer le mois de mars sur un si bon pied, ça n’était pas gagné, et le rappeur a comblé toutes nos attentes avec ”Vice & Vertu 3”, qu’on vous conseille vivement d’écouter ! Et pour ceux qui sont déçus du tournant pris sur cet album, rassurez-vous : chaque “Vice & Vertu” était rempli de tentatives, et il a toujours refait du rap plus traditionnel par la suite. Il sait tout faire, le boug’.

Rémi
Rémi

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