Outlawz symbole du rap US en deuil

Une certaine nostalgie s’est emparée de nous lorsqu’on a ouvert notre agenda, et qu’on a vu qu’hier, c’était l’anniversaire des 17 ans de l’album ”Rid wit Us or Collide wit US”, des Outlawz. 17 ans déjà, que le groupe sortait ce projet assez important, même s’il n’a pas été un gros succès. C’est d’ailleurs un peu l’histoire du groupe, qui a pu jouer un rôle assez important dans le hip hop de l’époque, mais n’en est jamais vraiment devenu une figure emblématique.

La faute, probablement, aux décès prématurés de Tupac puis de Yaki Kadafi, tous les deux assassinés à quelques semaines d’intervalle. Deux décès assez controversés car pas vraiment résolus, comme presque tous les meurtres de rappeurs. D’autant plus que Kadafi aurait déclaré pouvoir identifier le conducteur de la Cadillac du meurtrier de ‘Pac. Avec ces deux décès, le groupe perd ses deux plus grandes plumes, et ses deux plus gros talents.

Pas facile de se relever après ça, pourtant, ils ont fait comme tous les gars du ghetto confrontés à ce genre de drames : on se serre les coudes, et on fait en sorte d’honorer correctement la mémoire des disparus. C’est plus ou moins ce qu’ils ont fait avec ce projet, sorti en 2000, et qui suit d’un an la sortie d’un album posthume avec Tupac et Kadafi. Et comme on n’est pas fans du tout des albums posthumes en général, on va plutôt s’intéresser à ”Rid wit Us or Collide Wit Us”, symbole d’un rap US encore en deuil, et en reconstruction, mais toujours plein d’idées.

A mi-chemin entre Thug Attitude…

Outlawz sont de vrais thugs, pas étonnant car le groupe a été fondé par Tupac en 95 à sa sortie de prison. Il déclare alors que les seuls à être venu lui rendre visite à l’ombre, c’étaient Kadafi et Hussein Fatal. C’est sur ses valeurs de solidarités, de soutien mutuel que le groupe est créé. Avec, comme fond dans les textes, l’univers des gangs dont il faut s’éloigner le plus possible, même s’ils n’y parviennent pas tellement au final.

Comme ‘Pac, le groupe prône la réconciliation entre les deux côtes des USA, beaucoup de membres sont d’ailleurs originaires du New Jersey. Ça se sent dans les instrus, qui ont des influences venues de tous les coins des USA. Outlawz apporte un supplément d’attitude street via son rap souvent très incisif, tout en restant raisonnés, comme dans ”Murder Made Easy”, le dernier morceau de l’album.

Le groupe est aussi assez friand d’egotrips un peu gangsters, comme sur ”Outlaw 2000”, ”When i Go”, ou encore ”Fuck With Me”, un des meilleurs titres de l’album. Le morceau est d’ailleurs une preuve des multiples influences du groupe, qui pose sur une instru ressemblant beaucoup aux tubes des rappeurs latino (Cypress Hill, The Beatnuts, etc…). Beaucoup de sons énergiques donc, avec des ambiances parfois un peu dansantes, parfois un peu banger, mais aussi beaucoup de tristesse et de mélancolie.

… et tristesse

Dans d’autres titres de l’album, les MCs se montrent plutôt tristes et résignés. Ils ont vu comment la rue a récupéré les vies de ses enfants qui s’en étaient pourtant tiré (Tupac, Kadafi, mais aussi Biggie), et n’hésitent pas à le rapper, faisant de tristes constats, comme dans ”Black Rain”, ou encore dans le morceau ”Smash”.

On ne peut oublier de mentionner le morceau ”Good Bye”, qui semble directement adressé aux deux membres décédés, et qui dresse un triste constat de la manière dont les homicides des afro-américains sont souvent traités à la va-vite aux USA, voire pas du tout. Les renois meurent, d’un coup, et s’envolent sans que la police ne s’y intéresse. C’est pour ça que les Outlawz conseillent sur ce titre de rester loin des flingues, loin des violences, de réfléchir avant d’entrer dans l’escalade.

Voilà pourquoi ce disque constitue un classique, car il referme en quelques sortes une page du hip hop, avant qu’il passe de l’autre côté de la barrière, vers un rap US plus gangster, où les rappeurs deviennent des businessmen-entertainer. L’album d’Outlawz est écrit avec les tripes de ceux qui ont perdu des frères pour de la musique, comprenons donc qu’ils n’en font pas pour rigoler. Et ce côté sérieux sera petit à petit de moins en moins présent dans le rap US.

Quoiqu’il en soit, ça fait toujours du bien de ré-écouter ce classique, d’autant plus quand ils ne sont plus trop cités aujourd’hui ! Rendez-vous compte, l’album est tellement peu mis en lumière que certains morceaux ne sont même plus disponibles en stream…

Rémi
Rémi

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