Les années 2000 ont vu l’émergence d’une nouvelle générations de rappeurs, petits frères devenus grands qui n’hésitèrent pas à reprendre avec force le flambeau de leurs ainés.
Sinik est incontestablement de ceux qui ont fait honneur au rap à leur échelle, avec un album en particulier que chacun retient comme sa pièce maîtresse : “La Main sur le coeur” sorti début 2005.
L’histoire commence aux Ulis
Cet album est régulièrement cité comme son meilleur et à juste titre; peu de ceux qui suivirent gardèrent une telle cohérence et autant de contenu textuel que son premier disque. “La main sur le coeur” est de ces albums dont on ne jette rien et dont on retient tout.
Notre difficulté sera donc de choisir pour vous un track plutôt qu’un autre à défaut de pouvoir vous présenter chaque track l’un après l’autre … Zoom.
Si la plupart des morceaux se valent, on peut néanmoins reconnaitre que certains sont plus emblématiques que d’autres, ainsi “Une époque formidable” sera la fresque parlante de la jeunesse de Sinik errant “entre les teurs-inspec et le terrain vague“.
“J’aimais l’été avec mes potes le soleil sur l’épaule,
Du rap et du football pendant qu’les grands dessoulaient sous les halls”
Une fois le thème posé et la direction donnée, l’artiste enfonçait l’auditeur dans un univers de plus en plus sombre au fil des tracks, l’incitant même à le rejoindre pour faire son propre constat du bitume dans “Viens“.
“J’ai compris que la musique était mon truc
Que ça prendrait plus de temps vu que je n’donnerais pas mon uc “
Comment ne pas vous citer le track “D.332” dans lequel Sinik exprime son malêtre de prisonnier coincé en geôle, ce texte reste d’ailleurs certainement l’un des plus éloquents sur la réalité en détention dans ce pays …
“Sinon rien de neuf la vie est pauvre et les lois sont ches-ri
J’ai refusé le parloir pour que ma mère ne voit jamais Fleury […] Bienvenue dans le monde où les voyous sont les uns sur les autres !“
Le quatrième morceau que nous vous présentons était orchestré sur un sample d’Electric Light Orchestra et traitait de la loi de la rue, un vaste thème ? Que nenni, c’est résumable en quelques points que l’artiste énonce en guise de texte …
“Essuie tes pieds avant d’entrer
Le code Pénal a pris la place du paillasson”
Pour le dernier extrait le choix fût rude mais s’est arrêté sur le morceau “Coeur de Pierre” qui décrit avec justesse les carences sentimentales d’un lascar de banlieue parmi tant d’autres …
“Faites l’amour pas la guerre disait le slogan
Ici y’a pas de mec tendre, on fait les deux en même temps”
Cet album reste à l’heure actuelle comme la plus belle pierre que Sinik a apporté à l’édifice du rap français et représente tout une jeunesse sans micro : retranscrire ça avec talent quand on a du succès est honorable à nos yeux et c’est précisément ce qu’a fait l’Assassin ici … Big up et bonne redécouverte à vous !