Que serait le rap sans ses figures d’exceptions ? Ses MC’s représentant fièrement leur musique. On peut ainsi se demander si c’est bien le rap qui fait les rappeurs ou l’inverse ? Quoiqu’il en soit, de tout temps, pour toutes générations, on retient ces artistes de qualité supérieure qui auront su marquer leur temps. Au point qu’aujourd’hui encore, on peut parler d’eux comme de réels représentant de leur courant musical. Ainsi, puisqu’il faut bien prendre un exemple parmi ceux là, nous allons porter notre intérêt aujourd’hui sur un certain Cormega, dont le nom fait déjà assurément écho à certains…
Cormega: des débuts pas si faciles
Ce n’est plus un secret pour personne, le rap de la période dite de son “Age d’Or” se scindait, aux Etats-Unis, entre les côtes Est et Ouest. La prétention à quelle région étaient la plus représentative du rap était donc le fer de lance de tout artiste, d’avantage encore quand ceux-ci étaient de purs produits du lieu. Cory Mckay naît le 26 avril 1970 à New York dans le célèbre quartier du Queens (oui les amateurs de Queensbrige commencent déjà à sourire). Issu de cette génération qui nous donna de grands artistes hip-hop, il grandit en compagnie de Prodigy, Havoc, Nas ou Capone. Suite au meurtre de sa mère il déménagera très jeune à Dallas (Texas) avant de revenir à New-York.
C’est au début des années 90 que le jeune homme début sa carrière dans le rap, signant quelques collaborations avec son entourage. Hélas pour lui, le tout va bien vite s’arrêter alors qu’en 1991, il se voit condamné à 15 ans de prison pour vol à main armée. Il sera toutefois libéré après seulement 4 ans de réclusion criminelle, et poursuit son entreprise dans le rap. Du reste, Nas l’avait dédicacé sur son morceau “One Love” issu de son album “Illmatic”. Il continuera son soutient en l’invitant à poser sur le titre “Affirmative Action” (album “It Was Written”). Un titre qui booste fortement sa notoriété, lui permettant de signer au label Def Jam et d’enregistrer dans la foulée son album “The Testament”.
Mêlé à AZ et Foxy Brown et Nas, Cormega participe à la création du groupe The Firm. Des producteurs confirmés tels que Trackmasters ou encore Dr. Dre, le manager Steve Stoute… Il y avait de quoi continuer une belle aventure. Pourtant, alors que ce casting de luxe ne pouvait qu’appeler au succès, il n’en est rien. Au tout dernier moment, Cormega se voit supplanter par Nature, qu’on juge d’un meilleur niveau (ce qui reste toutefois largement discutable mais disons qu’il s’agira là d’un débat de fans). Cormega ne tolérera pas cette mise à l’écart forcée et subite et s’ensuivra un long clash avec Nas, partant pourtant tristement d’une réelle amitié entre les deux hommes. Qui plus est entre temps, l’album “The Testament” n’a toujours pas pu voir le jour. La faute à de nombreux différents avec manager et label, plus l’abandon de The Firm (qui de toutes façons se révélera être un cuisant échec, cela peut toujours consoler…). L’album est finalement annulé et Cormega quitte la maison de disque.
Il crée ainsi son propre label en totale indépendance: Legal Hustle Records. Le temps de placer un petit tacle à ses nouveaux ennemis sur le son “Never Personal (Fuck Nas N Nature)” et le rappeur nous livre enfin l’album “The Realness”, pour le grand bonheur des critiques.
https://www.youtube.com/watch?v=y4Pk19trHIM
Un projet qui aborde à plusieurs reprises le thème de la trahison. Visiblement, l’épisode The Firm a bien du mal à être digéré. Par la suite, Nas et lui s’échangeront plusieurs piques par morceaux interposés (“Destroy and Rebuild”, “A Slick Response” ou encore “Realmatic”). Poursuivant sa carrière, Cormega enchaîne les projets de qualité, notamment avec “The True Meaning” qui obtient le trophée de meilleur album underground d’après The Source. “Legal Hustle” vient ensuite mettre en avant son label avec de nombreux artistes, on y retrouve également des collaborations avec des artistes de renoms tels Kurupt, AZ, Large Professor ou encore Ghostface Killah. Du beau monde en somme.
Poursuite de carrière et paix avec Nas
En 2005, “The Testament” sensé être son premier album solo est enfin publié ! Suite au décès de son grand-père, Cormega déclare mettre un terme définitif à son beef avec Nas. Il apparaît d’ailleurs sur scène en sa compagnie au Nokia Theatre de Times Square le 22 décembre 2006, une façon d’officialiser artistiquement leurs retrouvailles. Les années suivantes, le rappeur enchaîne la publication de projets et, de par son entourage et les nombreux bons retours critiques et publics sur ses albums, il s’assoit une bien belle carrière. D’une belle longévité qui plus est, ayant passé la vague des premières années 2 000 et leurs changements multiples dans le rap. D’ailleurs, le DVD “Who Am I ?” accompagnant le CD porte sur quatre années filmées de la vie de l’artiste. Encore dernièrement, Cormega souhait collaborer avec des artistes de la grande époque tels Scarface, Tha Dogg Pound, Slick Rick, Lauryn Hill, Mobb Deep, M.O.P etc… Son dernier album “Mega Philosophy” sort en 2014 et est entièrement produit par Large Professor.
Depuis les années 90, Cormega se sera efforcé de marquer le rap de son empreinte, et il aura réussi. Accusant pourtant des débuts difficiles, et se devant en plus de se débrouiller en indépendant après avoir quitté Def Jam, le poids lourd en matière de label rap à l’époque. Au final, sa carrière est marquée par un clash important avec Nas, une belle longévité au fil des années sans jamais changer son style musical. Plusieurs projets plus tard et toujours la même qualité et le retour public, Cormega aura réussi le pari d’une carrière accompli, figurant en indépendant parmi les plus connus. Et ça c’est fort. L’histoire d’un artiste qui a tout donné au rap de NYC.