Diplôme d’État : le hip-hop serait-il institutionnalisable ? 

Une proposition de loi pour la professionnalisation de l’enseignement de la dance hip-hop portée devant l’Assemblée nationale française crée la controverse. Selon le ministère de la Culture, elle devrait permettre une meilleure reconnaissance des professeurs. Pour ceux-ci, une institutionnalisation de la danse hip-hop ne serait pas représentative de ce mouvement.

Un bac+3 pour enseigner la danse en France

Tuto de breakdanse, vidéo de freestyle rap ou bon plan sur 1xBet apk… Le partage et la transmission sont les valeurs dont la culture hip-hop s’est toujours nourrie et qui en ont fait l’un des mouvements culturels les plus fédérateurs du 21e siècle.

Ces valeurs risquent d’être remises en question par la proposition de loi 1149 présentée devant l’Assemblée nationale française par les députés Valérie Bazin‑Malgras du parti Les Républicains et Valérie Bazin‑Malgras du parti Renaissance. 

Annoncée initialement en avril 2023, elle avait déjà à l’époque fait l’objet de vives contestations de la part des acteurs du milieu en raison de ses implications. Portant sur la professionnalisation de l’enseignement de la danse hip-hop, elle obligerait les professeurs à passer un diplôme d’État pour enseigner cette discipline. 

Le DE est obligatoire pour l’enseignement des danses contemporaines, classiques et modern jazz depuis 1989. Selon les députés, faire entrer l’enseignement de la danse hip-hop dans ce giron serait une manière de le positionner au même niveau que les autres genres et donc de le valoriser. 

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Une loi jugée exclusive

Le diplôme d’État est un certificat d’aptitude français délivré par un ministère. Selon les spécialisations, il a au moins la valeur d’un BAC+2 et peut aller jusqu’au BAC+5. Pour passer un DE, le niveau d’étude minimum est donc le baccalauréat et il s’agit là de l’un des points qui divisent l’opinion publique.

Le hip-hop est un mouvement culturel populaire né dans les quartiers défavorisés. La plupart des professionnels qui enseignent la danse hip-hop y sont arrivés depuis la rue et ils sont nombreux à ne pas avoir le niveau baccalauréat, ce qui soulève la question de l’accès au diplôme.

Ensuite, pour une grande part des professeurs de danse hip-hop, il s’agit d’une activité professionnelle complémentaire à une activité principale. Il se pose donc le problème de la disponibilité pour passer un diplôme d’État qui s’obtient au minimum après 2 ans d’études. 

Enfin, les professeurs pointent du doigt le coût de la formation pour obtenir le certificat d’aptitude. Il faudra compter 4500 euros pour le diplôme, dont environ 4000 euros seront pris en charge par le contribuable. 

La danse hip-hop, un genre non institutionnalisable

La danse hip-hop dispose de son propre écosystème, avec un nombre impressionnant de styles, qui n’est pas compatible avec une institutionnalisation rigide. Non seulement cette loi risque d’exclure la majorité des professionnels en activité à bien des égards, mais elle risque de faire à ce genre son essence même. 

En effet, la danse hip-hop se repose sur une forme d’apprentissage fondé sur la transmission qui est à des années-lumière des standards académiques. Cette loi menace l’horizontalité et l’autodidaxie qui la caractérisent au nom de la reconnaissance et de la sécurité.

Pour la discipline qui se félicitait il y a encore quelques jours de l’entrée du breakdance au rang des disciplines disputées aux Jeux olympiques 2024, il s’agit d’une véritable rétrogradation. 

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Sidoine
Sidoine
Journaliste et traducteur EN-FR, je suis passionné d'Internet, de technologies, de crypto-monnaies et de musique, le Rap tout particulièrement. Je suis tombé dans le chaudron de MC Solaar lorsqu'avec l'aide du druide Jimmy Jay, il préparait l'album Qui sème le vent récolte le tempo.

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