Le rap est né dans la rue, si aujourd’hui il s’est démocratisé et étendu à un public très large, le fait est que ceux qui prétendent le contraire ne font que renier les origines de ce mouvement musical.
Si aux États-Unis le rap gansta’ explose dès le début des années 90, le rap ghetto de France ne tarde pas à lui répondre comme le soulignait Fréko en interview il y a quelques années.
Et parmi ses représentants, on compte dès la fin des années 90 le groupe Move’Z Lang issu du 9.2, composé en partie de LIM et de Boulox ( qu’il repose en paix), tous deux présents sur l’interview Street Live de 2007 que nous vous déterrons aujourd’hui.
Chacun son terrain
L’interview est clairement orienté vers une catégorie de rappeurs qui n’a, aux yeux de nos lascars en présence, aucune légitimité à arborer les attributs du banditisme dans leurs visuels ainsi que leurs paroles, ils seront même traités de “mythos” et de “suceurs” par LIM et Larsen.
Pour comprendre la visée hardcore ainsi que l’explicité de cette interview, il faut déjà saisir la frustration que peuvent ressentir des artistes “frappés par le boycott” malgré leur authenticité et le fait qu’ils aient toujours eux même financer leur album contrairement à la plupart des rappeurs médiatisés encore aujourd’hui.
Ironie de la chose, en plus de leur couper l’herbe sous le pied les rappeurs exposés leur volent leur propre histoire, celle de la rue, de la misère et du vol alimentaire devenu délinquance. Larsen, conscient de son parcours questionne alors les “grands du rap“;
“Vous êtes tous là à sortir des balles, des brolics dans vos visuels, pourquoi vous l’avez pas fait y’a 6 ou 8 ans quand vous sortiez vos premiers disques ? Vous saviez pas ce que c’était la violence et la rue, vous n’êtes que des narrateurs, des mythos” …
Calibrant la caméra avec son 6.35, il poursuit “Nous, avant de sortir des armes, on a pas attendu d’être disque d’or” … Des propos très crus qui évoquent néanmoins une réalité visible dans le rap plus de dix ans après cette interview, alors qu’on voit de plus en plus de rappeurs prétendre, jusqu’à souhaiter faire partie d’un mode de vie extrême qui tente à être déserté par ceux qui ne le connaissent que trop bien.
Nous vous invitons à visionner à nouveau cette entrevue du fond de la rue et en profitons pour rappeler aux comédiens du rap qu’il peut être dangereux de jouer des rôles qu’on ne peut assumer … Bon visionnage !