Le rappeur Lil Nas X

Homophobie et hip-hop : ces rappeurs sont en train de changer les choses

Mettant en avant la virilité et dénigrant l’homosexualité depuis ses débuts, le hip-hop est en train de changer petit à petit. Avec les stars précurseurs comme Kanye West, qui défend désormais la cause gay, et les rappeurs ouvertement homosexuels comme Kevin Abstract, la culture hip-hop est peut-être en train de devenir (légèrement) gay friendly.

L’homophobie, longtemps ancrée dans le milieu du hip-hop

De nombreuses stars du hip-hop n’ont pas hésité à tenir des propos homophobes dans leurs chansons.  En effet, bien qu’aujourd’hui les relations homosexuelles deviennent de plus en plus acceptées par la société, ce ne fut pas le cas avant. D’ailleurs, de nos jours, il existe même des sites de rencontres qui permettent aux gays et aux lesbiennes de trouver leur moitié sans problème et sans jugement. Cependant, sachez qu’auparavant, ce n’était pas le cas, l’homosexualité a été un sujet tabou dans l’univers du rap. La preuve !

En 1988 dans Gangsta gangsta, Ice Cube parle d’une conne de pute qui n’est rien d’autre qu’une lesbienne « Dumb-ass hooker ain’t nothing but a dyke ». Dans Criminal sorti en 2000, Eminem énonce sans équivoque sa haine pour les pédés : « Hate fags ? The answer’s yes » même s’il prétend juste après : « Homophobic ? Nah, you’re just heterophobic ». 50 Cent, pour sa part, avait déclaré dans une interview à Playboy en 2004 : « Je n’aime pas les pédales. » Ainsi, pendant une vingtaine d’années, le rap a véhiculé une culture homophobe, même après son passage dans le courant mainstream.

Cette manière de penser s’explique en partie par le milieu où le rap est né : des ghettos rassemblant une population noire et latino, partageant certaines valeurs sociales et religieuses où l’homosexualité n’est pas admise. Toutefois, les choses changent peu à peu avec le coming-out des rappeurs comme Frank Ocean ou ILoveMakkonen, et le soutien des artistes comme ASAP Rockyà la communauté gay. Aujourd’hui, le milieu du hip-hop américain est devenu plus ouvert, avec l’existence d’un rap LGBT incarné par les figures comme Brockhampton ou Lil Nas X. Une star a largement contribué à ce changement de mentalité : Kanye West.

Kanye West : une prise de conscience

Le rappeur n’est pas particulièrement gay friendly à ses débuts, mais il change d’avis en apprenant l’homosexualité d’un cousin. Lors d’une interview sur MTV en 2005, il avoue que tout le monde dans le milieu du hip-hop discrimine les gays, et enchaîne : « Je veux juste aller à la télévision et dire à tous les rappeurs, à tous mes amis d’arrêter ça. » À l’époque, ce type de déclaration restait osé pour un rappeur. Mais il continue à soutenir la communauté LGBT et exprime son encouragement à Caitlyn Jenner lors de son changement de genre en 2015.

Brockhampton : le « boys band de rappeurs gay du Texas »

Se qualifiant de « boys band », à la fois fan de Kanye West et de One Direction, le groupe Brockhampton réunit aujourd’hui 14 membres, et il est parfois considéré comme la « boys band gay du Texas » avec son chanteur principal, Kevin Abstract, qui est ouvertement homosexuel. Dans la chanson Junky, Kevin Abstract dit qu’il rappe tout le temps sur le fait d’être gay parce que personne d’autre ne le fait. Brockhampton représente aujourd’hui une figure militante qui défend la cause des gays, mais qui se pose aussi des questions sur la drogue et la santé mentale.

Lil Nas X : le rappeur gay provocateur

Prodige révélé par la chanson Old Town Road sortie en 2019, Lil Nas X représente une autre grande figure du rap LGBT. Il fait son coming-out en juin 2019 sur Twitter et explique son parcours dans la chanson C7osure (You Like). Depuis, ses apparitions visent à promouvoir la cause gay, comme la chanson Montero (Call me by your name), ou plus récemment, le clip de Count on me. Dans cet opus de Brockhampton, il embrasse avec passion le chanteur Dominic Fike. À travers ces stars ouvertement gays et le soutien apporté par les autres rappeurs, le hip-hop américain s’ouvre à la tolérance, mais cela reste problématique. En effet, Mikky Blanco, rappeur US gay, avait confié sur LCI les problèmes rencontrés avec les maisons de disques. De nombreux majors homophobes ont refusé de signer avec lui, ce qui signifie que rap et homosexualité ne sont pas encore tout à fait compatibles au niveau commercial.