Le Retour vers le classique vous manque ? Pas de panique, il est bel et bien toujours présent, la preuve ! Cette semaine sera encore marquée par nos fameuses rétrospectives sur les classiques du rap, français et américain. Si votre playlist nostalgie demande à se mettre à jour, si vous ne connaissez pas les chansons qui ont marqué leur époque et que vous souhaitez rétablir votre culture musicale vintage, alors arrêtez-vous quelques instants et posez-vous ici. Nous allons parlez rap français, nous allons parlez de Rim’k avec le morceau “Je M’Adapte”.
Comment s’adapter à une violence quotidienne ?
On a pu parler de Rim’k encore assez récemment avec la sortie de son tout dernier album solo “Fantôme”. Mais si les plus jeunes d’entre vous n’en connaissent guère plus, sachez que Rim’k dispose d’une carrière à la longévité qui va bien au-delà de ces dernières années ! Pour tout dire, on peut remonter l’histoire à 1994 avec la fondation du groupe 113 dont il fut le leader. De quoi bien démarrer dans le milieu n’est-ce pas ? Mais pour le voir évoluer en solo, il faudra attendre 2004 avec l’album “L’Enfant du Pays”. Un projet qui reste encore cher au coeur des fans, qui permettait de découvrir enfin l’artiste en solo, maitrisant sa musique dans un registre très intimiste (de par l’évocation de ses origines, la région de ses parents, etc…). A ce titre, le morceau classique d’aujourd’hui, “Je M’Adapte”, s’inscrit parfaitement dans cette veine d’un rap personnel. D’ailleurs, la production est assurée par le MC lui-même, avec l’aide de Mooch. ce qui ne sous-entend pas pour autant une veine d’avantage sensible, bien au contraire. Toujours franc et direct, le rappeur n’a aucune hésitation à conserver l’agressivité propre à certaines paroles (“Dans l’excès te sauve pas ou on vise les rotules” ou bien “Vitriot à l’état pure on t’encule faut pas rêver”) rien que pour le refrain. Pour le reste, il insiste dès le départ sur l’idée d’excès dans toute situation comme il le précise (“de vitesse”, “de drogue douce”). La volonté de dépeindre une sombre réalité se fait sentir rapidement (“Y’a plus de principes”), ainsi que le sentiment persistant de ne pouvoir que subir (“Excès de décès c’est ni de ta faute ni de la mienne mec”). Mais au-delà de ça, Rim’k tient à faire passer le message que cette violence quotidienne se ressent de partout comme quasiment naturelle (“Excès de violence dans mes textes, dans la télé, dans le sexe, dans la presse tu veux me teste”). Et comme on peut le constater par la suite, la violence reste imprégnée tout au long du texte, dans les images que nous soumet le rappeur (“Coups de Rangers dans les gencives”). De même, on peut entrapercevoir le spectre du sexe qui se dévoile entre deux phases (“Autour du périph fleurit la prostitution/Ca se déboulonne entre hommes dans les bois”).
Une difficile prise de conscience de la réalité
Violence, sexe, les thèmes ne font que s’amplifier jusqu’à ce qu’il apparaisse trop tard pour Rim’k (“La fin du monde proche” au tout début du troisième couplet. Comme pour illustrer le schéma d’une boucle routinière, l’artiste reprend son énumération entendue au début du premier couplet (“Excès de cylindrées, de clandestins/Excès de flingues mecs cendrés”). Les thèmes abordés se mélangent même au sein de la même phase, accentuant l’effet d’importance (“Car y’a du GHB qui tourne autant que les petites minettes en chaleur dans nos tours”). Enfin, Rim’k termine sur une note sombre, comme pour illustrer le fait qu’il n’y a guère d’échappatoire dans tout ça. Il multiplie les énumérations “d’excès”, comme pour nous laisser entendre qu’on pourrait encore continuer bien longtemps comme ceci, peut-être même sans aucune fin… ? Et c’est bien là la vraie force du son. Avec “Je M’Adapte”, Rim’k met en avant la maturité de sa plume, à la limite du rap conscient. Violence, sexe, drogue… Loin du sale cliché qu’on pourrait (hélas) affilier au rap, encore plus loin d’une quelconque glorification, le rappeur nous livre simplement le tout. Brut, franc, comme à son habitude. Dans une pluie de phase, donnant l’impression d’en prendre de tout côté, l’artiste nous désoriente pour nous faire vivre ce cruel quotidien. Et c’est bien là qu’on touche au classique. Un son qui sait nous marquer et nous met en avant une certaine prise de conscience, avec un vrai message à passer. De quoi afficher une bien belle qualité dès le début d’une carrière solo.
https://www.youtube.com/watch?v=BgP05KARjoc