Un 3 novembre très chargé, puisqu’après MC Solaar et Davodka, c’est au tour de Kaaris de nous dévoiler son quatrième album solo, ”Dozo”. Un album attendu, car après son précédent opus ”Okou Gnakouri”, le rappeur est devenu un des leaders du game français. Le carton de ses singles ”Tchoin”, ”Nador” ou encore ”Blow” sont là pour e témoigner. Émancipé complètement de l’image de Booba, au point d’avoir presque mis les clashs de côté, le MC était arrivé là où il voulait être lorsqu’il a commencé : pas très loin du trône.
On ne savait donc pas trop quoi attendre de ce disque : allait-il revenir à ce qu’il faisait avant ? Ou continuer ce qu’il avait fait sur son dernier disque ? Ou encore passer complètement à autre chose ? La réponse est très porche de la solution numéro 2, malheureusement. Et disons le tout de suite : il n’a pas, à notre avis, choisi les meilleurs aspects de ”Okou Gnakouri” pour ce nouveau disque. On v essayer de vous expliquer tout ça un peu plus en détails.
Un énorme ”Contact”
Voilà ce qu’on pourrait dire si on voulait aller très rapidement : c’est comme si tout l’album ressemblait à différentes versions de ses titres ”Contact” et ”Poussière”, de son projet précédent. On n’aimait alors déjà pas l’effet qu’avait l’autotune sur le personnage de Kaaris, ça le rendait faux, comme si ça n’était pas compatible. Le rappeur a beaucoup trop joué sur la facette sombre et violente de sa personnalité pour qu’on puisse le valider lorsqu’il se met autant à chantonner. Si autant de gens l’ont écouté, c’est pour sa musique, ses punchlines, mais sil est également sorti de la mêlée grâce à son timbre de voix et sa manière de rapper. Et lorsqu’il change tout ça, ça devient simplement un MC lambda qui utilise l’autotune comme tout le monde aujourd’hui…
Les thèmes tournent un peu en rond : les culs, les armes, la drogue, avec beaucoup, vraiment beaucoup d’autotune. Et surtout, plus grave, on trouve que le rap de Kaaris est beaucoup plus pauvre. Il est pauvre en références, alors que le MC était capable de citer Ulysse 31, Manchester United et Fally Ipupa dans le même morceau, des références populaires grâce auxquelles on voyait où le MC voulait en venir.Là, on ne voit plus, tout est trop simplifié. Même les flows sont plus simples, moins spectaculaires.
Heureusement, tout n’est pas mauvais, et quelques titres viennent nous donner l’espoir que le Kaaris du début qui arrivait à installer une vraie ambiance en un seul moreau (comme dans ”Zoo” par exemple), qu’on trouvait spectaculairement outrancier, violent, vulgaire, à un point où ça en devenait de la poésie, est toujours là. Le morceau ”Mood”, notamment, est vraiment pas mal, un titre comme ”RPG” est un bon banger efficace avec quelques variations de flow intéressantes. Mais globalement, on trouve que le MC est trop facile, qu’il ne force pas du tout son talent d’écriture comme il le faisait sur ”Or Noir”. Le feat avec Kalash Criminel et Sofiane aurait pu être bien, mais là il est hors-thème : pourquoi inviter les deux kickeurs du 93 si c’est pour faire du chant autotuné ? La connexion aurait dû donner le nouvel hymne du 93, au lieu de ça, on a quelque chose d’un peu insipide (surtout de la part de Kaaris).
Vous l’aurez compris, on n’a pas trop aimé, à part quelques titres. Le projet a peut-être un bon potentiel commercial, et encore, c’est limite : aucun hit du calibre de ”Tchoin”, qui, même si vous pouvez ne pas aimer, avait au moins le mérite d’être hyper drôle. On se demande donc où Kaaris veut aller avec ”Dozo”, espérant qu’il fasse demi-tour pour le prochain disque ! Et si on est si sévères, c’est parce qu’on sait qu’il peut faire largement mieux. Il l’a d’ailleurs déjà fait.