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Kekra dévoile son ”Vréel 3” !

Oui, on sait, Kekra, ça n’est pas vraiment du rap français. Enfin, disons que c’est un peu ”plus” que ça. Dans sa musique, il y a des influences de groove, de rap, mais aussi de beaucoup d’electro, de grime anglaise, avec une voix autotunée de manière assez unique. Si on vous en parle, c’est parce qu’il est devenu cette année un des vrais phénomènes du rap français, même si c’est difficile de le comparer avec les autres.

Car la musique de Kekra est très spéciale. Parfois franchement punchy, parfois planante, parfois menaçante, parfois volontairement répétitive, souvent assez folle et perchée, n a du mal le ranger dans un genre musical, ou même un courant comme la trap : Kekra fait du Kekra. Sa musique si personnelle, si reconnaissable depuis les débuts de son explosion avec ”Pas Joli”.

Depuis, le kid de Courbevoie (92) a fait du chemin, avec 3 albums ”Vréel”, et aussi 3 mixtapes ”Freebase”, le tout en à peine 2 ans. Et un succès critique qui est aujourd’hui indéniable, même si sa fanbase n’est pas encore aussi développée que ce qu’on pourrait penser. C’est probablement dû au fait que ses références, ses influences, et ses ambiances sont difficilement accessibles. Et au vu la vulgarité et la complexité de ses egotrips, pas sûr que ça devienne un jour tout publics. Mais c’est justement ça qui est intéressant chez lui : faire ce qu’il veut faire, sans concessions.

Un beau bordel

Comme à chaque projets, Kekra nous étonne d’abord par sa polyvalence. En effet, si le puriste abruti se contentera de dire ”il y a de l’autotune donc c’est nul”, l’amateur averti dressera l’oreille, et se rendra compte que la manière de modifier la voix de Kekra est assez géniale. Parfois aiguë, parfois grave, et surtout, avec mille flows différents, ce qui fait qu’on ne s’en lasse finalement jamais. Car le rappeur parle globalement de la même chose que ses concurrents : la rue, le trafic, avec une bonne dose d’egotrip (comme dans ”TLB”, qui veut dire ”Tous les blocs”).

Mais il le fait mieux que beaucoup d’autres, avec une insolence, une simplicité, une nonchalance, et un je-m’en-foutisme qui dissimule en vérité un acharné du travail qui est presque toujours en studio ou en concert. Sa musique est très électronique, et donc, par conséquent, forcément très travaillée, d’autant plus quand on rajoute par dessus le travail de modification de la voix, avec des phases chantées, d’autres criées, d’autres rappées.

Pour comprendre parfaitement à quel point ce jeune Kekra est fou et talentueux, on vous invite à écouter ”Pull Up”, ”Tout seul”, ”Gros” et ”Rap de Zulu”, une bonne manière de plonger dans le bain d’un seul coup. Si après ça vous n’êtes pas convaincus, ça ne sert à rien d’aller plus loin. Kekra n’a de toutes façons pas la volonté de plaire à tout le monde, comme il l’a déjà révélé plusieurs fois en interview. Il veut juste se démarquer, et montrer que non seulement il est le meilleur dans son domine, mais qu’il est surtout très seul, un peu comme Hamza dans un autre style.

Il est impossible de résumer complètement son album, qui est un concentré d’egotrip et de folie, avec énormément de prises de risques musicales calculées. Pas sûr que ce projet plaise énormément, mais pas sûr non plus qu’il en ait quelque chose à foutre. Il est persuadé d’être le meilleur, avec ou sans le succès, et nous, ça nous ambiance sacrément !