Lorsqu’on a été invités à venir voir la pièce de Kery James, ”A Vif”, au théâtre du Rond Point, à deux pas des Champs Elysées, on a tout de suite accepté. L’occasion de voir Kery James, le ”Banlieusard” du “Orly Hood” venir conquérir l’un des théâtres les plus en vue de Paname, il fallait forcément qu’on voit ça.
Et il faut dire qu’on a pas été déçus. Dans une belle salle, presque bondée, Kery James se donne corps et âme sur scène, dans un spectacle hautement engagé, mais pas seulement. Le concept aurait pu paraître étrange (qui a dit ennuyeux?) : deux élèves se livrant à un exercice de débat, pour réussir le concours d’une école de Droit. Le thème :L’État est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieue ? Une question qui fait écho à de nombreux textes du rappeur.
C’est d’ailleurs Kery qui a écrit cette pièce seul, voulant à l’origine, il nous l’avoué pendant son interview, en faire un film. Mais vous connaissez Kery : il a beaucoup trop écrit, et pour ne pas perdre toute cette matière, il a décidé d’en faire une pièce de théâtre , format mieux adapté. Pour la mise en scène, il a été aidé par Jean-Pierre Baro. Et son adversaire sur scène, Yannik Landrein, arrive à faire beaucoup plus qu’exister devant la présence scénique de Kery, ce qui n’est pas facile.
Un débat aux airs de battle
Car Kery brille littéralement sur scène. Peut-être le fait qu’il ait écrit la pièce joue dans sa manière d’incarner son personnage, Souleymane Traoré, jeune noir de banlieue au parcours exemplaire promis à un avenir radieux dans le Barreau au vu de son talent, mais peut-être un peu prétentieux. De l’autre côté, Yann Jaraudière, talentueux lui aussi, plein de bons sentiments et de compassion, mais peut-être, aussi, de préjugés… Alors que Yann accusera l’Etat d’être le seul responsable de la situation des banlieues, Souleymane, lui, affirmera que c’est en grande partie à cause du manque de volonté et de solidarité des jeunes du quartier que la situation est ce qu’elle est.
Et Kery incarne tellement bien son rôle, qu’on a l’impression que ce que son personnage dit, c’est vraiment ce que pense l’artiste. Au point d’oublier qu’il a également écrit les arguments de Yann, et qu’il les pense donc tout autant… Une vraie performance scénique, où les deux artistes se transforment presque en battle MCs : Yann ira même jusqu’à insulter Souleymane de ”Bounty”. Cette agressivité, ce rythme (Kery rappe deux de ses titres), et surtout l’humour qui est présent un peu partout dans la pièce fait qu’on pas une minute de pause. On ne voit pas le temps passer, et Kery, dans ce registre théâtral, est plus qu’à l’aise : il rayonne.
Lors de l’interview qui suit la représentation, Kery nous accueille dans sa loge, très simple, avec le sourire aux lèvres. Il semble assez calme, il faut dire que ça doit le changer du Zénith niveau ”bordel”. Ce qui nous a frappé, lors de l’interview, c’est vraiment la sérénité qu’il dégage, pesant chaque mot, allant droit au but. Cette sérénité se fissure toutefois un peu lorsqu’on lui demande quels sont ses prochains projets rap : il nous confirme qu’un album est en fabrication, en riant, et on sent que cette prochaine sortie l’excite comme s’il venait de débuter le rap. Cette passion qu’il met dans tout ce qu’il fait, c’est certainement grâce à ça qu’il réussit tout. L’homme n’a pas une seconde à lui, et directement après l’inteview, il doit descendre aller rencontrer ses fans, qui sont au moins une petite trentaine à l’attendre à la sortie des loges. Eux aussi veulent rencontrer la star du moment, qui n’a pas fini d’attirer toujours plus de monde.
On vous laisse visionner l’interview en vidéo!
https://youtu.be/DhMgiQ_hXDg