Retour vers le classique: “La Loi du Point Final” Oxmo Puccino feat. Lino

CLASSIQUE RAP FRANCAIS

Le Retour vers le classique revient en cette fin de semaine pour reprendre son habituel rendez-vous ! Pour terminer juste avant le week-end, c’est vers notre bon rap français que l’on se tourne, toujours propice à nous délivrer quelques pépites. Et pour rester dans les valeurs sûres, je vous propose aujourd’hui une collaboration entre deux artistes que l’on a déjà pu aborder dans quelques rétrospectives précédentes. Place à “La Loi du Point Final” d’Oxmo Puccino feat. Lino.

On a déjà eu l’occasion de se familiariser à Lino à travers Ärsenik, le duo classique qu’il compose avec Calbo (et qui, pour rappel, devrait rapidement nous livrer leur nouveau projet !), grâce à un précédent Retour vers le classique concernant l’album “Quelques Gouttes Suffisent”. En ce qui concerne Oxmo, on ne pouvait évidemment faire l’impasse sur son classique “L’Enfant Seul”, que vous avez très certainement pu lire. Alors que les qualités lyricales de ces deux MC’s ont toujours été vantées, il est logique de penser qu’un featuring pourrait être très intéressant. C’est ce que l’on peut découvrir sur l’album “Opéra Puccino” avec “La Loi du Point Final“.

Comme son titre peut le sous-entendre, “La Loi du Point Final” est un son assez rude et pessimiste dans son thème, qui est d’autant plus affirmé et mis en avant par Oxmo au tout début de son couplet, affirmant qu’il a le sentiment de tourner en rond (“Fait chier d’errer en chien, l’air de rien, on se laisserait rêver/De pouvoir mettre un terme, un point final à tout ce qui merde”). Fidèle à l’engagement omniprésent dans le rap de l’époque, il en profite pour dénoncer les abus des forces de l’ordre (“Faut que ça cesse toutes ces agressions de keufs”) ainsi que le clivage qu’il garde avec les reste de la société malgré sa position d’artiste (“Les yeux des gens de la jet set me jugent du faciès jusqu’aux chaussettes”). Un questionnement récurrent pour Oxmo qui le rappelle tout au long de la chanson, rappelant au refrain cette perte de repaires (“Je compte plus les nuits où j’ai rêvé de cesser une vie/Les fois où dans le fond je me demande ce que je fous”). Sa vision de la vie est si sombre que la seule solution qui se dévoile selon lui apparaît comme la plus dramatique (“Faut surtout pas que les frères cessent de se pointer finalement/Puisqu’il faut qu’il n’en reste qu’un pour qu’une race soit en paix“). Enfin, pour terminer son couplet, le rappeur se fend d’une ligne assez moralisatrice , rappelant qu’on ne vit qu’une fois et qu’ainsi, on se doit d’en profiter (“Ta vie, un livre sans virgule car faut pas se priver/Sachant que chaque chose à un point final, pas vrai ?“).

Lino, fidèle à lui-même, nous offre un couplet sombre dans ses paroles et ses images. la comparaison à l’origine de la première phase est bien là pour nous le prouver (“La vie est belle comme une pin-up, une pipe/Un strip-tease dans un peep-show”). il reprend ainsi, de façon encore plus directe, la mélancolie qu’on sentait poindre au premier couplet. Au passage, sans réellement livrer un couplet politiquement engagé, Lino en profite pour tacler le FN: “C’est rare comme trouver des couilles dans le slip des élus FN”. On peut également noter la référence à la religion (“Dieu doyen me garde, j’ai fini, voyou sur mes gardes”) qu’on trouvait déjà dans le couplet d’Oxmo Puccino (“Je sais que Dieu m’en veut de t’avoir haï”). On retrouve encore le langage lexical de la religion en fin de morceau (avec l’expression “cesse d’attendre le messie”). Le dernier couplet d’ailleurs qui est partagé entre les deux MC qui croisent leurs rimes et se complètement parfaitement, de quoi assurer l’efficacité d’un tel featuring !

“La Loi du Point Final” se pose donc comme un son incontournable, qui plus est dû au fait qu’on la crédite auprès de deux excellents emcees et paroliers, qui maitrisent leur plume. La puissance verbale d’Oxmo est la réponse aux punchlines et aux sombres images de Lino. La loi du classique, point final.

 

image cover album Opéra Puccino de Oxmo Puccino