CLASSIQUE RAP FRANCAIS
Rangez vos dictionnaires d’anglais, vous n’en aurez pas besoin pour aujourd’hui ! Notre retour vers le classique se contente de rester en France cette fois, loin de la Californie ou des rues de New-York. Nous allons donc revoir les artistes qui ont rythmé le passé du rap fr, lui ont donné son identité et ont signé des morceaux d’anthologie. Nous avons déjà pu rencontrer quelques artistes solo ou des groupes au détour de cette rubrique, aussi nous poursuivons avec un groupe qui n’a pas encore fait l’objet de notre intérêt: la Mafia K’1Fry. Et pour cela, nous allons nous refaire le morceau “Thug Life”.
Fondé en 1995, la Mafia K’1Fry regroupe tout un tas de MC’s, parmi lesquels figurent certains des plus influents (Rohff, Kery James…). Un groupe fondamentalement hip-hop, puisqu’au delà des rappeurs, on dénombrait certains breakeurs, backeurs ou graffeurs qui formait le tout. Si le collectif ne disposait pas d’une organisation très hiérarchisée et si chacun pouvait à loisir s’adonner à sa propre carrière solo, quelques albums ont tout de même vu le jour au sein du groupe: “La Cerise sur le Gâteau”, “Jusqu’à la Mort”. Et c’est précisément ce dernier opus qui nous intéresse, puisque la chanson “Thug Life” en est extraite. Un album sorti en 2007 et qui aura marqué les esprits, se classant extrêmement bien dans les charts (classé dans le top 10 des ventes en France, à la 07ème position, un fait tout de même assez rare en Hexagone pour un album rap à l’époque). “Thug Life” se présente comme le tout premier extrait du skeud, il marque d’ailleurs le retour de Kery James au sein du groupe qu’il avait quitté un peu avant. C’est d’ailleurs le thème même du morceau, puisqu’il revient sur l’histoire de la Mafia K’1 Fry et ce que le groupe représente pour lui.
Une forme de respect et de reconnaissance témoignée dès l’intro du morceau avec cette simple phrase “Mafia Africaine I got some love for you”. Il n’hésite pas à rappeler la dure existence des membres du collectif (“Y’a ptét pas une équipe dans le rap qui ai tant souffert”) en rappelant les nombreux morts qu’ils ont eu à pleurer (“La preuve nos frères sont tombés, on rejoint leur tombe“). Assumant l’illégalité qui a pu rythmé leur mode de vie, il dénombre ceux qui ont subit une peine de prison, affichant ainsi l’authenticité qui a de tout temps fait la réputation du groupe. Des rappeurs francs qui assument et ne se cachent de rien: “Qui n’a pas dealer dans l’équipe”. Egalement, il appuie sur la convivialité du groupe, qui s’ouvre à ceux qui l’entoure, et les incluent dans la famille (“On rêvait que chaque jeune en téci/Puisse lever la tête et dire «Je suis Mafia K’1 Fry»”). A cette présentation de la dureté du quotidien et du sombre passé qu’ils ont vécu, on note une réelle prise de conscience, une volonté de la part de l’artiste de recentrer les faits (“Débrouillards mais pas voyous”). Souhaitant même calmer les tensions et appelant à la paix, Kery James déclare: “La haine est une pauvreté que l’indulgence habille”. Voulant revenir sur son départ du groupe et afin de témoigner sa reconnaissance à chacun, Kery énumère chaque membre en se demandant ce qu’il serait sans eux ? Il résume finalement ce que représente la Mafia K’1 Fry:
“Gros la Mafia K’1 Fry ce n’est pas une couleur
C’est un espoir et une douleur”
En vérité, plus qu’une chanson qui vient clôturer l’album, “Thug Life” est une véritable déclaration d’amour de la part de Kery James au groupe et à chacun de ses membres. Plus qu’une simple dédicace qu’il aurait pu placer comme il est de coutume au sein d’un son, l’artiste décide de nous dépeindre le vécu et l’identité, l’âme même qui anime chacun et confère cette force à la Mafia K’1 Fry. Emouvant et vrai par dessus tout (car les membres restent “Populaires mais jamais vendus”), Kery James signe là un brillant hommage à l’ensemble du collectif. Si vous être K’1 Fry vous êtes des leurs, et si vous voulez résumer le groupe, alors faites-le avec la thug life…