De retour en ce dimanche ensoleillé pour vous rapporter un pan de l’histoire du rap. Une fois de plus, nous vous ramenons à une époque précise, autour d’un contexte particulier dans le monde de la musique afin de saisir pleinement les tenants et aboutissants ayant menés à ce genre de situation. Succès ou mort d’un artiste, clash avec un autre, le monde du hip-hop connaît toujours son lot de rebondissements. Aussi, il est toujours intéressant de porter notre regard sur ces faits passés souvent responsables de la sortie des sons que l’on connait aujourd’hui. Pour aujourd’hui, et afin de rester dans notre semaine consacrée aux hommages rendus à Prodigy, nous revenons sur les clashes de Tupac qui l’ont mené à s’opposer à Mobb Deep.
East Coast/West Coast: une rivalité de grande ampleur
La rivalité historique au cours des années 90 entre la côte Est et la côte Ouest des Etats-Unis n’est pas pour rien l’un des éléments les plus importants dans l’histoire du hip-hop. Il faut en effet bien comprendre que de cette opposition au sein du même pays qui a vu naitre de part et d’autre la même musique découle bon nombre de sons liés à tout ceci. Esprit egotrip a de tout temps fait parti des thèmes favoris des MC’s. Se mettre en avant, par sa personnalité, ses valeurs, sa richesse… Autant d’atouts qui doivent permettre de prouver sa supériorité incontestable dans le game. Représenter son crew, son quartier, sa ville et, à l’échelle qui nous intéresse présentement, toute une partie du pays sensée écraser la concurrence adverse et dominer sans partage. Evidemment, ce n’est un secret pour personne, plus d’un artiste se révèle représentant new-yorkais ou californien. Notons toutefois qu’avec des clashes entre les deux (tel le fameux Tupac contre Biggie dont nous avons déjà parlé), on retrouve au des beefs au sein de la même ville (Jay Z et Nas). Mais pour l’heure, c’est bel et bien Tupac une fois encore qui fait des siennes, s’en prenant au duo Mobb Deep composé de Havoc et le regretté Prodigy.
Légitimons toutefois les propos de chacun. A moins de réellement verser dans l’agression gratuite, les clashes du rap sont toujours suscité par une action ou une parole qui justifie de répondre. Même si l’on peut parfois à terme se demander réellement qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur (le beef Booba/La Fouine pour citer un exemple bien de chez nous), on remarque régulièrement un effet boule de neige à tout ceci. En cause première pour notre exemple actuel, la fameuse guerre côtes Est/Ouest. En effet, avec moins de tensions, on peut affirmer qu’il n’y aurait certainement pas eu de tels affrontements. Mais voilà, il a fallu que certains sons mettent le feu aux poudres et, sans prendre nécessairement parti, il faut toutefois bien reconnaître que Tha Dogg Pound (Daz Dillinger et Kurupt) ont bien mit le feu aux poudres avec leur titre “New-York-New-York” en featuring avec Snoop Dogg.
Un son quis ‘en prend explicitement à la côte Est en tentant de décrédibiliser toute prétention à concurrencer la Californie. Un clip qui reste encore dans les esprits aujourd’hui, mettant en scène un Snoop Dogg géant ravageant NYC en détruisant ses buildings. Oeil pour oeil, dent pour dent comme le dit si bien l’adage et la réponse ne se fait pas attendre. Capone-N-Noreaga et Mobb Deep s’associent de leur côté pour sortir le titre “L.A,L.A” qui se pose comme une réponse parfaitement directe à l’attaque mentionnée plus haut visant la East Coast. Dès lors, rien ne va plus car comme souvent, les rappeurs ont la fâcheuse tendance de se mêler des affaires de leurs confrères. Aussi Tupac, se sentant visé dans le son “L.A, L.A” (en tant que digne représentant du gangsta rap californien) ne se prive pas pour envoyer l’une des réponses les plus cinglantes du rap game: “Hit ‘Em Up”.
Un son d’une rare violence comme chacun sait, ou chacun en prend pour son grade (notamment Notorious B.I.G). Mobb Deep ne sait ainsi pas épargner par Pac’ dans l’outro du son:
Il n’hésite pas à s’en prendre à la maladie de Prodigy, certain lui reprochant d’ailleurs d’être allé bien trop loin avec cette allusion. D’autant plus que ce n’est là pas la seule pique envoyer au duo. Avec des sons tels que “When We Ride On Ya Enemies” ou encore “Against All Odds”, Havoc et Prodigy se font violemment tacler par Shakur.
Réponse de Mobb Deep prit dans les tensions
Difficile de tenir dans un beef face à une telle entité que Tupac. D’autant plus que Havoc et Prodigy ont déjà du faire face à un clash avec Jay Z, les fans estimants d’ailleurs que ce dernier a remporté l’affrontement. On mentionnera notamment la photo de Prodigy enfant déguisé en Michael Jackson dévoilée par Hov lors de l’un de ses concerts pour avoir une petite idée des coups bas que les artistes se permettent de réaliser entre eux. Il faut dire que Mobb Deep ne s’était pas gêné pour relever publiquement le fait que Jay Z prenait bien soin de garder ses distances avec la guerre contre la West Coast, et était donc ainsi bien mal placé pour critiquer le rap new-yorkais (ce qu’il fait dans son titre “Money, Cash, Hoes”).
Face à Tupac cependant, les deux natifs de Queensbridge sont déterminés à ne pas se laisser faire. Peu importe les pressions, peu importe ceux qui arguent qu’ils n’ont pu tenir face à Jay et qu’il en sera de même pour 2pac, ils sortent le son “Drop A Gem On Em” explicite réponse à l’agression subie sur “Hit ‘Em Up”.
Une façon de montrer qu’ils ne sont pas du genre à se laisser faire, même si au final, Tupac s’est toujours senti supérieur à Mobb Deep, tant en terme de niveau de rap pur que de crédibilité dans ses paroles. Seuls les fans peuvent être juges évidemment. Quoiqu’il en soit, on constate tout de même que parmi les nombreuses piques captées de part et d’autre durant cette période, Mobb Deep a véritablement été au centre du conflit pendant un temps, devenant une cible de choix pour Pac’ au même titre que Biggie.
On peut ainsi dire que la carrière de Mobb Deep aura vraiment été complète. Au top de leur niveau, représentant dignement leur quartier d’origine et, à une plus large échelle, New-York et le rap de la East Coast; ils auront également su savamment se défendre contre les attaques subies. Peu importe qui gagne ou qui perd, dans cette rivalité il a de toutes façons toujours été bien difficile de départager qui que ce soit. Reste en tout cas quelques morceaux qui aujourd’hui sont les points d’orgue de la discographie de Havoc et Prodigy. Une raison supplémentaire si besoin en était de ne jamais oublier le duo.