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Sinik ramène du rap à l’ancienne dans ”Drône”

Ça y est, le retour de Sinik dans les bacs est officiel depuis se matin, et la sortie de son album ”Drône’‘. Deux ans après la sortie de son dernier album ”Immortel II”, et une retraite annoncée plusieurs fois, avec une reconversion réussie dans le tatouage. On croyait pourtant le rappeur guéri de la maladie du rap, celle qui touche presque tous les rappeurs et les empêche d’arrêter. Mais à coup de freestyle (sur ”Rentre dans le Cercle” notamment) et de sons promos, l’ancien king du 91 a réussi à recréer une grosse attente autour de ce come back.

Les morceaux ”De Marbre” et ”Qu’est ce que tu deviens ?” ayant fait leur petit effet, on attendait donc le rappeur des Ulis au tournant. D’autant plus qu’il y avait de quoi être surpris par un petit changement, la légère utilisation de l’autotune pour pousser la chansonnette. Enfin, ça ressemble plus à une complainte qu’à une chansonnette, le grand chauve n’a pas changé son fusil d’épaule. On demandait donc à en voir un peu plus.

Et le sentiment est plutôt mitigé. D’une part, à cause du peu de morceaux, seulement 7. Alors certes, on le savait déjà depuis un mois, et puis aujourd’hui, on ne fait plus tellement d’albums de 18 titres ou plus comme avant, les EP ou les petites mixtapes sont devenues la norme. Mais de la part d’un ancien comme lui, on en attendait tout de même un peu plus. Surtout qu’au final, comme on connaissait déjà deux pistes, ça n’en fait que 5 réellement nouvelles. Et ensuite parce qu’on a l’impression qu’au delà d’un peu d’autotune, on a l’impression que le rappeur peine à se renouveler.

Même béton, même flow

Si les prods (probablement signées Six-O-Nine, même si o n’a pas d’informations pour le moment) sont légèrement plus récentes dans leur construction, le rap de Sinik est resté exactement le même que lorsqu’il a commencé il y a presque 20 ans. Sauf que le rap, lui, a considérablement évolué. Et on aurait bien voulu voir cet immense rappeur se risquer à adopter des tendances pus récentes, tout en gardant son style, bien sûr.

Un exercice périlleux, que le rappeur a tout simplement choisi d’ignorer, pour livrer un projet qui aura au moins le mérite de satisfaire les fans : Sinik n’a absolument pas changé. Toujours le même sens de la formule qui marque, il nous offre encore de belles punchlines sur le projet : ”la tise et la bagarre, rusé comme Verrati, Paris c’est n’importe quoi des Misérables et des Maserati”, rappe-t-il sur fiché S, avec toujours une foule d’images du même genre, celles qui l’avaient déjà rendu célèbre sur ses précédents albums.

Et globalement, on sent que le MC n’est plus trop en phase avec le rap d’aujourd’hui. Enfin, disons qu’il a une position indécise : d’un côté, il passe des bigs up à Ninho, Niska, et PNL, et dans le refrain de ”Fiché S”, il rappe ”Si ma plume st très rare, c’est pas moi qui suis mort, c’est ce putain de vrai rap”. On ne comprend pas tellement où il veut en venir, mais on comprend que globalement il n’est pas très à l’aise avec les tendances actuelles.

A part ça, Sinik parle toujours aussi bien de la rue, notamment dans le très bon morceau ”Maison Fantôme”. Un bon titre insolent, un peu anti-police, comme il en faisait si bien dans le passé. Bref, on est un peu déçu par le projet, même si le rap, en tant que tel, ne nous surprend pas : on s’attendait exactement à ça, et au final, ça nous fait plaisir de le revoir, même si on ne peut pas s’empêcher d’être un peu nostalgiques. Il faut aussi mentionner la présence de Seth Gueko, en feat sur le morceau ”Incroyable’‘, plutôt bien fait, ainsi que de MSR Dieyzik, un rappeur assez confidentiel, probablement un proche de Sinik (sans doute vient-il du 91, comme le suggère sa manière d’utiliser l’autotune). On espère que Sinik va bientôt revenir avec un vrai album, travaillé, avec plus de contenus, et plus de diversité !