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Retour vers le classique: “Got Your Money” de Ol’ Dirty Bastard

Et on reprend notre traditionnelle rubrique du Retour vers le classique, encore une fois ! Notre long pèlerinage nous amène à nous remémorer des souvenirs, à établir une liste des meilleurs sons, albums et artistes du rap. Les pionniers, mais aussi ceux qui auront su nous faire vibrer ou marquer de leur empreinte la musique, parfois le temps d’un seul titre. En solo ou à plusieurs, d’albums en mixtapes, on ne sait jamais sur qui ou sur quoi on va tomber. Bangers, storytelling, rap conscient, egotrip… Mais qu’est-ce qui définit donc un classique au juste ? Probablement un peu de tout ceci et, ne nous mentons pas, le retour public reste capital et peut-être paradoxalement la pièce maîtresse afin de pouvoir juger un son jusqu’à cette valeur qualitative. C’est pourquoi nous continuons aujourd’hui encore, cherchant toujours à vous ramener ce qu’il s’est fait de mieux dans le rap jusqu’à ce jour. Et fort heureusement, la décennie de 90 est un véritable viviers de sons de qualité. Une appellation d’Age d’Or qui n’a pas été usurpée, soyez en certain. Pour l’heure, c’est vers un petit nouveau de ces lignes vers lequel on va se tourner, j’ai nommé Ol’ Dirty Bastard. Et le classique l’accompagnant n’est autre que le titre “Got Your Money”.

Du Wu-Tang au solo… Ol’ Dirty Bastard, l’artiste complet

Non, je ne vous ferais pas l’affront de vous faire chercher d’où nous vient cet MC cette fois puisque vous aurez encore deviné: New-York. Dans le quartier de Brooklyn précisément. Cela étant dit, on peut prendre le temps de se faire la réflexion qu’au final, NYC a tout de même vu naître une quantité incroyable de rappeurs, qui sont pour la plupart devenu de sérieux artistes popularisant le rap au cours de leurs carrières ! Evidemment, si Russel Tyrone Jones de son vrai nom vous est familier, c’est parce qu’il n’est ni plus ni moins qu’un membre fondateur du célèbre groupe du Wu-Tang Clan, puisqu’il est le cousin de RZA. Rien que ça. Mais comme si donner naissance à l’un des groupes les plus importants de toute l’histoire du hip-hop ne lui suffisait pas, ODB aura nourri le désir de poursuivre sur une carrière solo. Tant qu’on y est, il serait bête de s’arrêter en si bon chemin pas vrai ? Aussi on pourra le retrouver au sein des Fugees, officiant en tant que rappeur mais aussi producteur. Un artiste touche à tout, un véritable passionné de musique qui avait véritablement tout pour faire sensation dans le domaine. Hélas, c’est également hors de la sphère du rap qu’il fera sensation. Enchaînant de nombreux démêlés avec la justice, il écopera de plusieurs peines de prison. Entre violences, tentatives de vol et agression, se mêleront aussi ces déboires familiaux (refusant de payer la pension de certains de ses enfants). De même, il sera entre autres arrêté pour possession (illégale évidemment) de cocaïne. Et c’est bien la drogue qui, comme pour beaucoup, le mèneront à sa perte… Le 13 novembre 2004, soit deux jours à peine avant son 36ème anniversaire, Ol’ Dirty Bastard décède alors qu’il est au “36 Chambers Records” (studio d’enregistrement de RZA). Officiellement, on annonce la cause de la mort comme étant une overdose accidentelle. Il n’était d’ailleurs inconnu de personne qu’ODB consommait très régulièrement de la drogue, et l’autopsie révélera qu’un mélange de cocaïne et de tramadol lui fut fatal). Ses funérailles se tiendront à Brooklyn, son quartier natif.

Mais du reste, pour notre Retour vers le classique, ce sont ses chansons qui sont notre intérêt principal. Et s’il fallait illustrer son talent avec un son unique, ce serait sans conteste le classique “Got Your Money”.

“Got Your Money”, le classique par excellence d’Ol’ Dirty Bastard

“Got Your Money”

est le single du second album solo de Ol’ Dirty Bastard: “Nigga Please”, sorti en 1999. Le son a grandement participé à la promotion de l’album, le classant à la seconde place du Top RnB/Hip-Hop Albums et 10ème au Billboard 200. Pas de doute, le public est assurément au rendez-vous. En à peine 2 mois, il sera d’ailleurs certifié disque d’or. A noter également que le son permet surtout à la jeune chanteuse de RnB Kelis de faire sa première apparition sur un album.

Un unique son et c’est tout un album qui est porté ? Comment ne pas concevoir immédiatement le classique vu ainsi ? Qui plus est, le mariage des gens (rap aux couplets et RnB au refrain ne pouvait que particulièrement fonctionner à l’époque, ou il était grandement en vogue). L’ensemble du son se base sur deux points de vue entre couplets et refrains. Alors que chaque verse permet à ODB de se mettre en avant et en valeur dans un egotrip assumé (“I don’t want no problems coz I put u down/In the ground where u cannot be found”), le chorus nous permet d’avoir la voix féminine rassurant par rapport à l’arrogance du rappeur (“Don’t u worry, I say hey/Baby I got ur money“). Au-delà de l’aspect superficiel du son, le MC en profite pour faire référence à sa vie, faisant notamment allusion à ses problèmes judiciaires alors qu’il refusait de payer la pension de 3 de ses enfants (sur un total de 13 !): “Coz u say u got my baby, and I no it ain’t true“). Reste que le sujet principal du son est de rechercher une partenaire (“Yo ! So I glanced at the girls, girls glanced at me”), et pour cela il n’hésite pas à faire parler son statut d’artiste (“U wanna look pretty though, in my video”). Se la jouant charmeur comme il le dit si bien (“Baby u know I’ma take care of u”) il n’hésite cependant pas à se montrer très direct (“I’m just dirt dog tryin 2 make some bunny”). Ce qui accentue ainsi la montée crescendo des propos du Bastard, qui se montre beaucoup plus cru au troisième couplet (“Bitches put ur ass out, let me hold it tight”). La problématique de l’argent retenu tout au long du refrain ressurgit en milieu de verse (“Or Ima get this money and rob them”) pour enfin concluer le son de manière plus abrupte (“But give me my money !“). un énervement qui se ressent dans les formulations bien plus grossières du MC (“God made dirt and dirt bust yo ass”). De quoi justifier pleinement son pseudonyme n’est-ce pas ?

L’ensemble reste toutefois contrebalancé par la voix de Kelis, ce qui donne tout son cachet au morceau ! En tout cas, peu importe les limites de langage outrepassées par ODB, le son est une véritable réussite et le fer de lance de l’album, qui participe grandement à sa renommée. S’étant déjà fait un nom au préalable avec le Wu-Tang, Old Dirty Bastard prouve qu’il peut également toujours s’illustrer avec talent en solo. Pour preuve, “Got Your Money” reste un sacré classique encore aujourd’hui, sa place dans notre rubrique est donc toute trouvée ! Got Your Classic…

 

Et puisque l’on vous parlait justement hier du site CDandLP, allez donc vous procurez le 33 tour de “Got Your Money”

image cover album Nigga Please de Ol Dirty Bastard
pochette du second album solo de Ol’ Dirty Bastard: Nigga Please