Akhenaton est un des rappeurs les plus respectés et emblématiques du rap français. Le membre d’Iam a construit sa carrière sur sa plume formidable. Écrivant notamment de magnifiques storytelling, un style qui se raréfie ces derniers temps. On revient donc aujourd’hui sur les plus belles histoires contées par Chill, qu’elles soient de mafias, de drames sociaux ou de familles.
Un brin de haine
Akhenaton peint ici plusieurs personnages dont le principal est Stéphane, un jeune délinquant du Sud de la France. Peu à peu, se dévoile un drame en plusieurs actes dont on ne vous révélera pas le dénouement, tant il est bien amené. Toutes les rimes sont associées à une image, laissant l’auditeur en haleine pendant les 5 minutes d’écoute. Un masterpiece. “Un brin de haine et pas mal d’ennuis / Conduisent à des actes qui gâchent toute une vie.”
Nid de guêpes
Akh raconte ici l’histoire d’une prostituée issue des pays de l’Est, plus spécifiquement de la Roumanie, qui a été retrouvée morte au centre ville de Nice. A travers les yeux de son frère (ou sa soeur), le rappeur dévoile son journal intime, et donc le récit d’une vie. Une vie faite de rêves brisés au gré des exigences de ces esclavagistes modernes. Avec des détails aussi sordides que formidablement bien écrits. “Ma sœur n’a pas eu sa chance / C’était une môme enviant parfois le sort d’nos frères qui font l’aumône”.
Prométhée
Akhenaton est un passionné d’histoire et de mythologie. En moins de 5 minutes, il chante le mythe de Prométhée, un titan qui donna le feu aux humains, entraînant le colère de Zeus. Sur le dernier couplet, Akh applique les leçons de cette histoire aux hommes, permettant une projection dans notre société actuelle. “Qu’il paye la folie de ses actions / En attendant dans la douleur la résurrection”.
La Cosca
Dans l’introduction de son premier album “Métèque et Mat”, AKH incarne un mafieux italien appartenant à la Cosa Nostra né en 1903. Si l’histoire qu’il conte est fictive, tout le contexte est historique et basé sur des faits réels. L’immigration en Tunisie, l’évolution de la société italienne avec l’arrivée des fascistes au pouvoir, le préfet Cesari Mori… Un destin raconté en musique que ce vieil homme de 90 ans se remémore. Avec, comme souvent chez Akhenaton, une fin dramatique. “Pour la criminalité, oui la Sicile a bon dos / Mais quand même, comment expliquer que des culs-terreux ont régi l’économie d’un pays entier.”
Une femme seule
Sorti en 1993 sur l’album d’Iam “Ombre est Lumière”, “Une femme seule” est pourtant un solo d’Akhenaton. Il y narre la parcours d’une jeune mariée à 17 ans dans les quartiers populaires de Marseille. L’évolution de la situation de cette femme au cours de la chanson est poignant et très bien écrit. De femmes au foyer avec son mari à femme seule lassée par la vie, qui cumule deux jobs et rêve d’un ailleurs. Une histoire finalement trop commune mais rarement racontée, et jamais avec autant de finesse. “Le matin se réveillait sur une musique triste / Que de lassitude et que de sacrifices.”
