L’expansion du rap francophone au cours de la décennie peut se résumer en un chiffre : 745% de hausse du nombre de projets entre 2010 et 2019. Quelle est la signification de ce nombre saisissant ?
D’après les chiffres donnés par Genius, on répertoriait 66 projets de rap francophone en 2010. En comparaison, 559 albums, EP, mixtapes ont été recensés en 2019. Ce qui correspond en moyenne à 1,26 projet chaque vendredi au début de la décennie contre 10.75 en 2019. Le rap francophone est-il rentré dans une ère d’hyper-consommation ?
Un « Peak Rap » francophone ?
Avant de rentrer dans le détail, il s’agit de préciser que le nombre de projets recueillis en 2009 n’est qu’une estimation. Contrairement à son homologue américain qui est professionnalisé, l’équipe de Genius France est composée uniquement de bénévoles. En France, le site n’est sorti qu’en 2009, ce qui indique de relativiser ce chiffre.
Cela n’empêche pas de démontrer la croissance rapide et continue du nombre de projets de rap francophone au fil de la décennie. Cette nomination n’est d’ailleurs pas anodine, on ne parle plus de rap « français ». Bien entendu, les frontières du rap francophone ne se sont jamais arrêtées aux portes de l’Hexagone. Néanmoins, la scène belge et suisse s’est nettement démocratisée dedans et hors de leurs pays d’origine.
À l’instar de la « peak TV », théorisée par John Landgraf, sommes-nous rentrés dans l’ère du peak rap ? Il remarquait qu’en 2015, 500 séries télévisées étaient diffusées sur les différents canaux américains. Ce qui est physiquement impossible à suivre pour les journalistes et autres téléspectateurs.
Le même effet se produit dans le rap francophone et son nombre de projets ahurissant. Personne ne peut écouter toutes les sorties de chaque vendredi au détriment de sa santé physique et mentale.
Comment réagir face à ce phénomène ? Un choix s’impose : l’éditorialisation. Privilégier les artistes qu’on affectionne et découvrir d’autres grâce à des médias et/ou personnes de confiance.