Empty7 Cover Vision

Empty7 a une Vision [Stream]

Avec Vision, son premier album, Empty7 se place directement dans les rookies à suivre de toute urgence. Le cœur vide mais rempli de rage.

Un nouveau rappeur suisse et cagoulé est à suivre sans attendre, Empty7. Venu tout droit de Genève, qui s’impose comme une nouvelle place forte du rap francophone, ce vendredi 13 mars, il livre un premier projet marquant et singulier.

Arrivé il y a un an à peine sur Youtube avec « Juice », Empty7 a tout de suite frappé les esprits par la noirceur de ses textes.

https://www.facebook.com/offempty7/videos/398309737506967/

« À dix ans, je serrais la ceinture de mon peignoir autour du cou
Toi tu croyais encore que c’était une petite souris qui venait récupérer tes dents de lait sous ton coussin »

Un rap qui vient des entrailles

Pour caractériser son style, Empty7 vit son art comme un exutoire. Hanté par des démons depuis l’enfance, il se livre à des confessions parfois très difficiles à réceptionner pour l’auditeur. On n’avait pas vu une telle mise à nu dans le rap francophone depuis Amicalement vôtre de Guizmo. C’est un long voyage dans les profondeurs de son âme, mais qui n’est pas pour autant unidimensionnel.

Le suisse maîtrise autant le chant sous autotune que la trap, ce qui le rapproche de deux rappeurs eux-aussi cagoulés. Kekra, pour la recherche de textures autotunées et Siboy, pour le côté trap asphyxiant. Grâce à cette alternance, qui représente bien les pensées sombres du rappeur, le projet est cohérent, bien séquencé et ne tombe pas dans le voyeurisme. Ressort dans Vision tout de même cet aspect organique, qui fait la plus-value du projet de Empty7.

La boîte de Pandore

Les moments forts du projet coïncident avec le dévoilement de l’âme de Empty7. Le dernier morceau du projet, « Anesthésié » est un magnifique piano-voix autotunée, qui brise le cœur :

« Suffit d’une balle dans la tête pour tuer tous mes démons
Mon cœur m’a fait voir et partager toute la souffrance du monde
Ça recommence, hier un petit s’est envolé loin de tout ça
Avant de partir sachez que tout restera cadenassé »

L’écoute de Vision donne le sentiment d’ouvrir la boîte de Pandore. En l’occurrence, l’âme de Empty7, vide et qui révèle des traumatismes profonds. Cette action est performative, au sens où elle agit pleinement sur l’auditeur qui ne peut qu’être actif après un tel abandon de soi.

Hanté par des voix et suivi par un psychologue qui, comme celui d’Ademo, a fini par pleurer, Empty7 voit le rap comme une thérapie. Cela donne un projet dont le cœur est vide, mais le coffre est plein, le sourire en pièces détachées. En soi, un album avec une vraie vision.