Le Retour vers le classique reprend ses droits en ce mercredi afin de vous ramener votre traditionnel son de la journée ! Raviver des souvenirs, faire découvrir des pépites inconnues aux plus jeunes, retracer un pan de l’histoire du rap… Tous ces objectifs sont remplis par notre rubrique qui, jour après jour, ne fait que gonfler sa playlist musicale. Artistes de notre pays ou superstars américaines tous ont leur place ici, afin que l’on puisse rendre hommage aux classiques dont ils sont auteurs. Aussi, c’est aussi au sein de notre bon vieux rap hexagonal que nous allons nous nicher aujourd’hui, avec un son qui aura plus d’une fois résonné dans les oreilles des plus anciens, né d’un groupe occupant une place de choix et conservant une image d’anthologie dans le rap français ! Il s’agit de la Fonky Family avec leur classique “Sans Rémission“.
Quand ils font un son, c’est toujours en famille !
La Fonky Family se résume principalement à un noyau de quatre MC’s: Le Rat Luciano, Don Choa, Sat et Menzo ainsi que DJ Pone et DJ Djel. Formé en 1994, c’est avec un tout premier album (“Si Dieu Veut…”) en 1997 que la FF s’impose réellement dans le game français. Certifié double disque d’or en 1998, il est symbole d’une véritable explosion qui se verra poursuivi par les albums “Art De Rue” en 2001 et “Marginale Musique” en 2006 avant la séparation du groupe un an plus tard. En “seulement” trois albums (sans compter les divers projets sortis parallèlement), la formation a réussi à s’imposer comme un élément incontournable du rap français. Aussi, afin de citer un exemple parmi les nombreux sons du groupe, “Sans Rémission” apparaît en toute logique comme le son sur lequel se pencher. Un titre déjà particulièrement apprécié du groupe en lui-même et qui, en plus, leur a permis de gagner l’intérêt et l’affection du public parisien. Si bien que la chanson originellement sur la mixtape “Opération Coup de Poing” se retrouve également dans la tracklist de l’album “Si Dieu Veut…”.
Un Etat présenté sans concession par les MC’s
Un son qui, dès le départ, mettant justement l’accent sur les origines locales du groupe (“Représente les quartiers dit sensibles en France et Navarre”). D’avantage centré sur une réalité, leur réalité, qu’ils viennent raconter, la FF se refuse à se positionner dans un esprit egotrip comme beaucoup (“On se prétend pas profs, donc on donne pas de leçons/Cracheurs de mots sans rémission sur des fonkys sons”). En revanche, on distingue clairement l’orientation d’un rap conscient, pleinement assumé par Sat dans son premier couplet qui affirme: “L’état est de loin le plus grand proxénète bon biz propre et net”. Le Rat Luciano quant à lui insiste sur l’honneur de garder son image (“Si tu baisses pas le froc dis-leur, tu d’viens quelqu’un”), insistant sur ses origines (“Chez nous pas de stars en costard blanc”). L’esprit d’équipe reste cependant toujours présent et solide dans son esprit (“L’intention de pisser loin en restant fidèle aux miens”). Une idée de différence sociale repris par Sat dans son second couplet (“Putain, que ce que tu veux que je dises aux gosses en face de moi/Qui font plus de thunes en un jour que moi dans le mois”). Appelant avant tout à redescendre sur terre, il n’hésite pas à faire la morale comme il l’affirme afin d’amener son audimat à résister à la tentation pour conserver une droiture de vie (“L’appel de l’argent, des femmes, gaziers essaie au mieux d’y résister”). Et poursuivant son idée évoquée au premier couplet, comme quoi la télé offre une belle image tronquée de la réalité, il affirme que le crime n’est pas une solution (“Les coups faciles et foireux qui rapportent gros, foutaises
J’laisse ça à Scorsese”). C’est là l’intelligence du son, avec le verse de Don Choa qui vient exprimer son envie de s’évader dans ses rêves (“Mais il n’y a que dans les rêves que je retrouve en place”) face à sa dure réalité quotidienne (“J’envoie ce funky son toujours le même béton pour horizon”). S’accordant totalement sur l’idée d’un Etat qui lui s’en sort très bien, il affirme “J’n’espère rien du président l’État dort sur un tas d’or”. C’est enfin Menzo qui vient apporter sa pierre à l’édifice, insistant sur le rap de la FF (“Que la rue ait plus de chance FF nique le show tu peux crier codo”) et concluant que la jeunesse est pour lui aussi le principal public visé par le son (“Parce que la jeunesse n’a plus le temps de faire dodo, c’est sans rémission”).
Au final la Fonky Family nous livre là l’un de ses morceaux phares, représentation même de leur talent. Un classique, un message qui résonne encore aujourd’hui et garde tout son sens. Même à l’époque, le groupe savait déjà que le rap pouvait leur permettre de délivrer leur vision de la vie et on ne peut que les en remercier. Un classique sans rémission possible…