Hugo TSR Périmètre

Hugo TSR dépeint froidement son quartier dans « Périmètre » [Clip]

Avec « Périmètre », Hugo TSR revient une fois de plus sans crier gare. Comme à son habitude, le rappeur du label Chambre Froide invite à prendre de la hauteur.

Pour les fans de Hugo TSR habitués par sa discrétion, son retour est à chaque fois une bonne surprise. Non seulement parce qu’on ne l’attend plus, mais aussi parce que ses projets, aussi rares soient ils, sont toujours de qualité. Pour son nouveau titre “Périmètre”, le rappeur du 18ème arrondissement reprend le même principe qu’avec « Là-Haut », en déambulant encapuchonné dans la capitale.

Hugo TSR quadrillé 2

Cartographie du 18ème et obsessions

Le membre du TSR Crew poursuit la description de son arrondissement et ses jardins suspendus, tout en faisant le constat d’un gris ambiant : un espacé grisé par les gueules éreintées, les tox et les rats. Au travers sa musique, le rappeur a toujours eu le don de nommer et de parler des invisibles. Lui, depuis sa fenêtre ou les toits, continue à observer le monde, sans véritable optimisme :

« J’vois tous les couchers de soleil, j’vois tous les jours s’lever, sur cette terre j’ai pas à me plaindre mais j’ai le moral d’un suicidaire, la même question : de quoi va t-on tous crever ? »

Le rap de TSR est souvent un empêcheur de tourner en rond. Il relate comment il arpente son périmètre, inlassablement de 6h du soir à 6h du matin et ce depuis longtemps : « Toujours dans le bâtiment, c’est la millième dernière fois que tu montes ». Tel Sisyphe, qui pousse sa pierre, jusqu’à l’acceptation de son destin.

Il est aussi question de déterminisme avec Hugo TSR, « Histoire de périmètre, on tombe dans des carrés tracés » comme dans le Truman Show qu’il cite souvent. De plus, il n’est pas étonnant d’apercevoir Hugo, assis à la station de métro Marx Dormoy. Attendant le métro, il se retrouve juste à côté d’une affiche de « Bug » signée par le dessinateur Enki Bilal.

En définitive, cette dystopie narre un futur proche où toute mémoire numérique disparaît en une fraction de seconde. Reste, un homme qui détient l’ensemble de la mémoire humaine. Une belle allégorie d’un Hugo TSR que personne ne peut comprendre, « je viens tout droit d’un autre système », comme il le dit si bien.