CLASSIQUE RAP US
Premier retour sur un album que j’effectue dans le cadre d’un Retour vers le classique. Et puisque je vous parlais justement vendredi de “Nuthin’ But A G Thang”, il était tout de même bien difficile de faire l’impasse sur l’album originel. Aussi je vous propose ce week-end de rester du côté de la West Coast et de vous poser à Campton, il y a du bon son à écouter !
“The Chronic”. Le fameux album et sa célèbre feuille de weed. Alors certes il s’agit d’une variété de cannabis qui circulait dans les quartiers de LA à l’époque, mais ici on va surtout préciser que l’on fait référence au tout premier album studio de Dr. Dre ! Sorti en 1992, il fut accompagné des singles “Nuthin’ But A G Thang”, “Fuck Wit Dre Day” et “Let Me Ride”.
D’une manière générale, si l’album est considéré comme un classique aujourd’hui, c’est d’une part parce qu’il marque les débuts artistiques de l’un des piliers du rap US, et de l’autre qu’il apportait déjà un renouveau musical en son temps. En effet, “The Chronic” se démarque comme ayant posé les fondations de la G-funk se mêlant au rap. Rendons tout de même à César ce qui appartient à César, la G-Funk est surtout née avec le groupe Above The Law, mais Andre l’a popularisé. Du point de vue sonorités, puisque c’est ce qui nous intéresse, la G-Funk s’oppose aux basses brut du rap en apportant une dimension plus mélodieuse, des échantillons sonores issus de la soul ou du funk (on le ressent notamment sur des prods comme celle de “Let Me Ride” ou “Nuthin’ But A G Thang”) conduisant à des rythmes entraînants, presque dansants. Le tempo est ralenti, les mélodies au synthé surpassent les basses. Et c’est bien là où on peut désigner culte cet album. Pièce majeure dans le rap des années 90, il aura surtout apporté une véritable révolution, une progression incroyable en terme de son. Oui, Dr. Dre a toujours eu ce genre de don pour créer sa musique, ce qui lui a valu sa réputation de producteur hors pair. C’est ainsi qu’il fait de son album une sorte d’OVNI en avance sur son temps, ou tout du moins sur ce qui se fait à la même époque. Et les bases sont restées, en témoigne aujourd’hui le grand nombre d’instrus qui s’appuient sur une mélodie jouée en boucle.
Du côté des textes cependant, on sera forcé d’être moins élogieux. Non pas qu’il soit mal écrits, n’exagérons rien, mais les thèmes sont éculés et tourne bien vite en rond (surtout sur un album qui compte quand même 16 pistes !). Les artistes venant du quartier chaud de Campton, on a donc droit aux fameuses oppositions entre gangs rivaux, trafic de drogue, meurtres et à l’occasion, un peu de sexe cru. Et pourtant, au milieu de ces thèmes qui à vue d’oeil sentent bon le rap de seconde zone, il y a bien un titre qui sort du lot: “Fuck Wit Dre Day (And Everybody’s Celebratin’)”.
Diss track par excellence, Dre s’en prend violemment à Eazy-E, son ancien partenaire et fondateur de N.W.A. A l’origine, il s’agit d’un désaccord financier qui pousse Andre à quitter le groupe l’opposant à Eazy-E. De fait, le premier couplet sera ainsi totalement focalisé sur ce dernier et son label Ruthless Records afin de les décrédibiliser. Eric répondra par la suite avec un mini album dans lequel il attaquera Dre, Snoop et plus généralement Death Row Records. Egalement, et dans une moindre mesure, c’est à Tim Dog et Luke (membres des 2 Live Crew) auxquels Snoop Dogg s’en prend après les avoir entendu insulter les rappers de Los Angeles.
A la sortie, “The Chronic” a été immédiatement encensé par la critique, aujourd’hui classé parmi les “100 meilleurs albums de rap” selon The Source, et même dans les “500 plus grands albums de tous les temps” d’après Rolling Stone. Un an après sa sortie, en 1993, “The Chronic” était consacré triple disque de platine. Par la suite, il est très souvent cité comme référence de sons de l’époque, et pas que dans le domaine musical ! Pour la petite anecdote, sachez que “Nuthin’ But A G Thang” peut être écouté sur une des stations de radio (Radio Los Santos) du jeu vidéo “Grand Theft Auto: San Andreas”, jeu qui reprend brillament l’univers et les codes du genre. La suite, on l’a connait: Dre est propulsé au sommet et le label Death Row devint l’un des plus importants du rap. Mais il ne fut pas le seul bénéficiaire d’un tel succès, car on pourrait presque parler d’album commun tant Snoop Dogg est présent. Plaçant un couplet sur quasiment toutes les chansons, le jeune artiste fait déjà ses armes avant de lui aussi devenir un poids lourd du rap californien en 1993 à la sortie de son album “Doggystyle”. “The Chronic” reste encore aujourd’hui le point de départ d’un rap ravivé en musicalité et de tout un courant de cette musique gangsta. Still Dre !
Tracklist de l’album The Chronic:
01. The Chronic (Intro)
02. Fuck Wit Dre Day (And Everybody’s Celebratin’)
03. Let Me Ride
04. The Day The Niggaz Took Over
05. Nothin’ But A ‘G’ Thang
06. Deeez Nuuuts
07. Lil’ Ghetto Boy
08. A Nigga Witta Gun
09. Rat-Tat-Tat-Tat
10. The $20 Sack Pyramid
11. Lyrical Gangbang
12. High Powered
13. The Doctor’s Office (Skit)
14. Stranded On Death Row
15. The Roach (The Chronic Outro)
16. Bitches Ain’t Shit!