CLASSIQUE RAP US
L’album classique du dimanche est à nouveau au rendez-vous aujourd’hui ! L’occasion comme d’habitude de vous refaire un bon vieil album qui sa place au panthéon du rap, ou même d’en découvrir un pour les plus jeunes ! A nouvel album, nouvel artiste (et même nouvelle* artiste dans le cas présent) puisque nous délaissons nos habituels MC’s pour une rappeuse ! Eh oui, les filles peuvent également être mise à l’honneur lorsqu’elles ont contribué à la bonne musique qui nous intéresse. Et c’est précisément le cas de Rah Digga qui nous intéresse présentement, avec son tout premier album: “Dirty Harriet” sorti en 2000.
Comme bien souvent, nous nous penchons à nouveau sur le profil d’une artiste originaire de la côte Ouest des Etats-Unis, puisque Rah Digga est née à Newark dans le New Jersey. Les connaisseurs sont très certainement familiers de son nom puisqu’elle a longtemps été affiliée au groupe Flipmode Squad mené par Busta Rhymes. Par la suite, elle quittera la formation en 2007, mais en bons termes (ce qui est important à préciser mine de rien, l’inverse étant très généralement le plus courant). Considérée comme une artiste d’exception et une rappeuse talentueuse, AllMusic va même jusqu’à la désigner comme “l’un des MCs féminins les plus importants du rap”. Rien que ça. Aussi, au vu du talent certains dont elle faisait preuve, la sortie de son album solo était forcément attendue, l’occasion pour elle de s’illustrer sur un projet complet. Au lancement, les charts accueillent le skeud en le plaçant à la 3ème place du Top RnB/Hip-Hop Albums et 18ème au tableau Billboard.
Un projet personnel assez ambitieux puisque l’on compte tout de même 16 pistes, dont quelques featurings retraçant son parcours artistique précédent: des Outsidaz desquels elle fut membre avec la chanson “The Last Word” à Busta Rhymes sur le titre “Imperial” en passant par Eve et Sonja Blade mettant la féminité en avant avec “Do The Ladies Run This ?” au titre assez évocateur de l’idée, vous en conviendrez. Le Flipmode Squad est également à l’honneur sur “Just For You” et enfin, notifions le côté plus agressif de l’album avec Young Zee et le son “Fuck Ya’ll Niggas”.
D’ailleurs, à ce titre, il est bon de préciser qu’effectivement, qui dit femme ne dit pas pour autant gentillesse exacerbée. On le comprend bien vite dès le début de l’album avec le titre “Harriet Thugman”, jouant efficacement sur cette opposition homme/femme qui ne retire en rien la crédibilité de la rappeuse. Celle-ci revendique d’ailleurs à juste titre sa place, cédant volontiers à l’egotrip avec une véritable assurance (“I battle you on yo’ shit and then waste your label”), comme on peut le constater avec le titre “What They Call Me”. Et c’est précisément cette maitrise d’un rap dur et franc qui caractérise la rappeuse et nous la positionne comme un MC de qualité à prendre très au sérieux. Ceux qui ne connaitraient pas devront laisser tomber tous les aprioris qu’ils ont car ils seront assurément surpris ! Et rien que pour ça, on touche à l’idée du classique. On retient aujourd’hui encore l’album qui aura véritablement révélé tout le potentiel de Rah Digga qui aura su s’imposer dans un milieu qui, il faut bien le reconnaitre, n’est guère ouvert à la gente féminine aux premiers abords. Couplé à des morceaux de qualité et à des productions soignées, la polarité du projet a notamment bénéficié du featuring avec Busta Rhymes. Une artiste qui aura su faire sa place et son image, à travers un premier album solo qui aura convaincu tout le monde… Si ça c’est pas classique…